(01. Welcome to your life
There's no turning back.)

L’Italie dans ses veines a rythmé toute sa jeunesse. Des parents à l’accent bien présent dans chacun de leurs mots, les recettes de la nonna à chaque dîner, et un patronyme incapable de tromper quiconque dans les rues new-yorkaises. Elle a grandi dans une famille relativement pauvre aux valeurs strictes enfoncées par les croyances catholiques de ses parents, et n’a pas eu d’autres choix que de les suivre. La froideur de ses parents a fait qu’elle avait plus intérêt à les écouter qu’à les défier, trouvant un semblant de liberté ailleurs dès qu’ils avaient le dos tourné. Son frère aîné s’est occupé d’elle un temps pour les relayer, pour ensuite la laisser se débrouiller toute seule derrière les apparences répondant aux principes si précieux de la famille. Une manière pour elle de ne contrarier personne, et de se faire ses propres opinions au milieu de la diversité new-yorkaise sans aucun mal.

(02. Every Sunday's getting more bleak
A fresh poison each week.)

Elle a fait de son mieux pour se trouver une place. Elle s’est cachée aussi bien derrière sa scolarité que ses passe-temps, en s’efforçant d’occuper son esprit comme meilleure manière de s’échapper. Une méthode sans doute bancale, dont elle n’avait même pas conscience, mais qui s’est avérée relativement efficace. Honor student à son établissement privé catholique, pianiste au conservatoire. Elle a enchaîné les prix en représentant tous les espoirs de ses parents avec une facilité déguisée derrière ses sourires. Une gamine parfaite, Ophelia, mais une gamine perdue sans capacité de l’exprimer.

(03. Freedom comes from the call
But that's not what this bitch wants.)

La fin du lycée a marqué la fin de cette obsession qu’elle avait à satisfaire le reste de la famille Calderone. Rébellion tardive, ou simple envie de se retirer de cette pression silencieuse et pourtant oppressante, elle a juste arrêté de trop en faire pour profiter de la vague de liberté qui allait avec le début des années 70 en ignorant le climat de danger à New-York. De gamine parfaite, elle est passée à une simple gamine en quête d’amusement et de fun. Elle est devenue reine du disco aux soirées extravagantes du studio 54 et autres clubs, un titre partagé avec tant d’autres autour d’un rail de poudre blanche. Elle a trouvé refuge dans de nouvelles activités en laissant de côté ce qu’elle connaissait jusque-là, pour ne garder que le piano en seule et unique stabilité. Et elle aurait pu rester sur ce même schéma de vie chaotique et un brin autodestructeur, si on ne lui avait pas fait comprendre d’arrêter sa merde pour mieux se ranger selon un mode de vie imposé. La découverte d’un avortement rapide et non-approuvé a été l’élément déclencheur, et elle n’a pas tellement eu l’occasion de pouvoir se défendre au risque de perdre le peu qu’elle avait.

(04. Se vuoi fermarmi ritenta
Prova a tagliarmi la testa.)

Le mariage. Elle n’avait certainement pas envisagé une option aussi radicale, et encore moins de cette manière-là, mais elle s’est retrouvée avec la bague au doigt sans avoir le temps de comprendre comment. Car elle aurait pu se ranger tranquillement avec une personne qu’elle appréciait, mais son père a jugé qu’elle serait mieux avec un ami de la famille qui avait déjà été utile pour la rencontre de son frère aîné avec sa femme. Elle s’est retrouvée avec un cinquantenaire en quête d’une troisième femme du coup, qui avait déjà des enfants et qui l’a arraché de New York pour l’Indiana. Une relation qui n’avait rien de romantique, et qu’elle aurait pu refuser, mais qui lui a assuré un futur stable qui la rassurait peut-être plus qu’elle n’aurait jamais pu en restant dans son mode de vie à Manhattan. Un mal pour un bien sans doute, du moins c’était sa manière de s’en convaincre. Elle a endossé le rôle de femme au foyer, en reprenant son masque de femme parfaite au passage pour mieux laisser sa part de liberté au placard.

(05.Living with identities that do not belong to me
In my life, I got this far, now I'm ready for the last hoorah.)

Elle a passé près de dix ans à Hawkins derrière son masque de femme au foyer, à s’occuper d’une maison bien trop grande pour elle avec des enfants qui n’étaient même pas les siens et dont certains étaient plus proches de son âge à elle que son mari pouvait l’être avec elle. Une vie de famille plutôt tranquille, mais sans la moindre chaleur et avec des signes d’attachements plus que distants sans que ça ne la dérange tellement. Elle compensait avec son neveu, Kane, dès qu’elle en avait l’occasion et c’était la seule famille dont elle avait vraiment besoin de toute façon. Elle ne s’est pourtant jamais plaint des Sanders non plus, se laissant aller au mode de vie aisé que le nom lui apportait sans qu’elle n’ait besoin de trop en faire. Le métier de son mari au laboratoire a fait que les Sanders étaient respectés sans avoir besoin de faire des tonnes d’efforts, et ça lui allait plutôt bien.

(06. I know you, I walked with you once upon a dream,
I know you that look in your eyes is so familiar a gleam.)

Les doutes sur le laboratoire sont venus assez vite, mais elle avait commencé par fermer les yeux en comprenant qu’elle n’aurait jamais aucune information sur ce qui s’y tramait. Puis à force de capter des bribes de conversation, elle a fini par rester concentrée pour récolter quelques informations indirectes. Et sans avoir de quoi comprendre clairement ce qui se cachait au laboratoire, elle a juste compris que ce n’était pas quelque chose d’anodin qu’elle approuverait. Elle a commencé à ressentir des choses étranges à peu près au même moment, et a fait le lien entre ces sensations-là et le laboratoire sans trop savoir pourquoi. Le comportement de son mari n’aidait pas tellement à calmer ses idées en même temps, son manque d’étonnement lorsqu’elle parlait d’un autre monde dans ses rêves ne le faisant même pas sourciller. Elle a tenté de le garder pour elle au maximum du coup, mais ses rêves se sont rapidement empirés sans qu’elle ne le réalise tout de suite. Sa consommation grandissante de vin et de psychotropes liés à son traitement contre la fibromyalgie a un peu altéré les visions qu’elle avait, jusqu’à ce qu’elle n’ait plus tellement le choix. Parce qu’elle l’a vu mourir par l’une de ces bestioles qui revenaient souvent en rêve. Et ça n’aurait dû n’être qu’un cauchemar sans conséquences, mais l’absence du corps le lendemain et sa mort déclarée bien rapidement sans l’ouverture d’une enquête n’avaient rien d’anodin.

(07. it’s a new dawn, it’s a new day, it’s a new life. 
and I’m feeling good.)

Son jeu de veuve éplorée lui colle à la peau, sans que les accusations contre elle ne cessent pour autant. Elle ne dit rien et préfère les ignorer pour garder les apparences intactes, mais au fond d’elle les interrogations persistent quand même. Elle n’a aucune idée de si son rêve a quelque chose à voir avec sa disparition, mais elle a cette impression que tout est lié et elle ne sait absolument plus quoi penser d’elle. C’est compliqué dans sa tête, mais elle le garde pour elle et fait de son mieux. La disparition de son mari a aussi bloqué son apport en argent au profit de ses beaux-enfants, et elle doit retrouver une nouvelle vie pour ne pas se retrouver dans la merde après des années sans avoir réfléchi à son futur. Elle galère un peu, doit garder les apparences et l’entretien d’une maison gigantesque qui lui coûte un bras, mais elle peut aussi renouer avec ses passions premières. Elle n’a plus que la musique pour l’aider, et elle traîne dans les bars à la recherche de quelques contrats pour s’en sortir. Elle se fiche pas mal de ce que pensent les autres à ce stade, en considérant que le milieu de son mari n’est pas le même que celui des bars et qu’elle n’a de toute manière plus rien à perdre. Et c’est bien ça le problème: il ne lui reste absolument rien et personne ne le sait véritablement.

{I've been living in the state of dreaming
Living in a make-believe land.}

elle parle italien aussi bien que l’anglais, et possède aussi quelques notions en français; a trois chiens et un cheval; souffre de fibromyalgie, et complète son traitement à base de cbd avec du thc; aime un peu trop le vin rouge et le café; joueuse de poker expérimentée, une manière comme une autre pour se faire un peu d’argent; 5’2 but my attitude is 6’1, son mantra dans la vie; elle a plusieurs tatouages, et les expose beaucoup plus librement depuis la mort de son mari; a une passion pour Le Magicien d’Oz et Judy Garland; conduit affreusement mal, mais est fière de sa Ford Mustang; a une certaine expertise sur les films de John Wayne et les westerns de manière générale.