1) Un couple, deux scientifiques spécialisés en neurologie s’étant rencontrés à l’université de médecine d’Harvard. Elle venait de Corée du Sud, lui était né là mais ce fut très vite le coup de foudre, un amour puissant, trop peut-être pour ce qui allait suivre. Leur vie semblait déjà toute dessinée, une voie toute tracée, engagés par le gouvernement pour des recherches exceptionnelles censées les aider à comprendre le potentiel du cerveau humain. Ils acceptèrent, mais un heureux événement retarda leur arrivée au laboratoire de Hawkins. Ils attendirent neuf mois dans leur logement à Deadwood, préférant tout simplement commencer leur nouvelle vie en même temps que l’arrivée au monde de leur enfant. Pourquoi cette ville ? Car l’hôpital qui y était s’avérait lié aux expériences menées à Hawkins et ils pouvaient alors commencer leurs études en toute quiétude. Neuf mois plus tard pourtant, l’heureux événement devint un drame lors de l’accouchement. Ce dernier se passa affreusement mal et la mère ne survécut pas, laissant alors un mari désespéré et une petite fille derrière elle. Il vit l’enfant derrière la vitre, mais ce qu’il ressentit pour elle n’était pas l’amour d’un père, cette boule au ventre, cette rage en voyant ce petit visage qui lui rappelait déjà les traits de sa femme… Elle lui avait volé, il la haïssait cette petite. On lui demanda de donner un prénom à l’enfant mais le silence fut sa seule réponse. Un médecin lié au projet Hawkins, voyant là une opportunité, lui proposa de faire de l’enfant une de leur expérience, ce qu’il accepta comme issue de secours. Déclarée morte peu de temps après sa mère, elle acquit dès lors le nom de sujet 8, représentant bien là le seul sentiment persistant chez son père envers elle.

2) C’était peut-être une chance pour le laboratoire, mais la petite Eight s’avéra très vite acquérir des pouvoirs pour le moins efficaces. Au-delà d’une télékinésie plutôt développée, elle avait la particularité de pouvoir directement agir sur le cerveau par son biais les liaisons nerveuses de ses cibles pour leur faire ressentir une douleur plus ou moins intense selon son propre état psychologique ou ses désirs. La petite fille pouvait aussi « surcharger » l’esprit de sa cible d’informations se juxtaposant les unes aux autres dans son esprit jusqu’à faire plier ce dernier et le placer potentiellement dans un état végétatif si l’exposition était prolongée. Considérée comme potentiellement dangereuse même pour ses « camarades », elle n’avait le droit qu’au minimum d’interactions avec eux, sous la supervision d’un certain neurologue dont les interactions avec elle s’avérèrent toujours sévères et froides.


3) N’ayant jamais vécu autre part qu’entre les murs du laboratoire, ayant pour seul contact avec l’extérieur le peu de lumières rentrant par les minces fenêtres des salles, elle demandait souvent aux scientifiques à quoi ressemblait le monde, des questions qui restèrent sans réponse, certains grossissaient les traits en parlant d’un monde dangereux pour l’effrayer. Tout ce qui peut lui être offert par certains membres du personnel et d’autres sujets d’expérimentation lors de ses courtes interactions avec eux est très rapidement confisqué par son père, trouvant toujours une nouvelle excuse pour la priver d’un peu de bonheur. Sans le savoir, agissant ainsi, il fit germer en elle l’idée que rien ne pouvait être pire que cet endroit, qu’elle devait partir.

4) Il alla trop loin et en paya les conséquences. Levant la main parce qu’elle refusait de lui donner un bonbon qu’on lui avait offert, Eight se défendit instinctivement contre le neurologue. Une douleur vive, trop vive, des images inondant son esprit. A onze ans, elle venait de mettre sans le savoir son père dans le coma. Il s’effondra devant elle, les yeux révulsés et le visage figé dans une grimace douloureuse. Les autres membres du personnel retrouvèrent le neurologue et s’occupèrent de la petite qui, dès lors, fut complètement isolée des autres enfants et ce jusqu’à sa fugue, s’excusant, disant qu’elle n’avait pas fait exprès, en vain.

5) Le laboratoire était en panique, un monstre rôdait dans les couloirs et les alertes sonnaient. Pour la première fois depuis longtemps, elle n’avait personne sur le dos, les gens étant bien trop occupés par le demogorgnon, elle réussit à se débarrasser de son collier et s’échappa, se faufilant dans les petits recoins et les ombres grâce à sa petite taille, suivant de loin deux autres fugueurs qu’elle ne voulait pas alerter par sa présence. Retenant tous les deux toute l’attention du laboratoire, elle en profita pour s’éclipser. Sa mauvaise idée pour cela fut de sauter dans le portail ouvert par la créature. Ne connaissant pour ainsi dire rien du véritable monde, elle crut que l’Upside Down était ce dernier et se cacha très vite dans une maison en ruine. Survivant principalement grâce à sa petite taille qui lui permettait de se cacher dans des endroits inhabituels, comme entre deux murs d’une bâtisse.

6) Sa première rencontre humaine fut Eddy Kinsley, un enfant de son âge qui s’était perdu dans ce monde lui aussi. Perdu et plus apeuré qu’elle, la petite fille se dit qu’elle pouvait peut-être se faire un ami en l’aidant à retourner chez lui, étant bien moins sous le choc que lui de la découverte de ce monde infernal, c’est lorsqu’elle traversa le même portail que lui pour revenir dans leur monde qu’elle se retrouva quant à elle complètement perdue. Apeurée par les voitures, le son et la peur de faire de nouveau mal à quelqu’un, elle s’enfuit pour se cacher une nouvelle fois.

7) Volant quelques habits, Eight vit au jour le jeu en allant dormir dans une caravane délabrée et abandonnée du Junkyard, s’habillant d’habits un peu trop grands pour elle trouvés là et sortant discrètement pour aller chaparder de la nourriture comme des glaces ou des snackers. Ne voyant rien de valeur disparaître, beaucoup d’habitants du quartier semblent penser qu’un groupe de raton-laveur doit avoir investi les lieux.

8 ) Eddy la retrouva dans la rue, accompagné de ses amis, et vint la remercier de l’avoir aidé à sortir de l’endroit où il s’était retrouvé, tout d’abord désarçonnée, la petite fille suivit le groupe et accepta leur aide malgré son manque de communication avec eux. Non pas qu’elle ne les aimait pas, loin de là même. Ce qu’elle avait fait subir au neurologue continuait encore de la perturber et elle avait peur de faire subir la même chose à ceux qu’elle espérait pouvoir considérer comme des amis. Bien entendit, elle ne parla pas du laboratoire et de tout le reste, par peur d’être renvoyée là-bas si elle en disait trop. Après tout, elle avait fait « une bêtise » en partant, et qui d’assez censé avouerait une telle chose sans y être forcé ?

9) Elle accepta quelques habits offerts par Betty, la meilleure amie d’Eddy qui lui donna ceux qu’elle avait et ses camarades lui apportèrent régulièrement une portion de ce que leurs parents leur préparaient dans des Tupperware. De son côté, la jeune fille passait souvent son temps à regarder les autres jouer dans la salle d’arcade, filant comme le vent si des regards inconnus venaient à se poser sur elle. Encore bien trop timide, elle n’arrive qu’à parler clairement avec Eddy qui est le premier visage amical qu’elle a rencontré en dehors du laboratoire. Bien qu’elle essaie de s’ouvrir aux autres, elle bute quelques fois.


10) Quand elle est chez ses amis, son regard est invariablement attiré par les téléviseurs, semblant être devenue une grande fan de la série A-Team (l’agence tous risques). Quand un épisode passe, il ne sert à rien de lui parler jusqu’à ce que ce dernier soit fini. C’est aussi probablement l’un des moments où l’on peut la voir rire de bon cœur.