(who made who) - Les McCarthy ont longtemps été vus à Hawkins comme des marginaux, bien avant que Billy n'entre sur le devant de la scène au lycée. Déjà, du temps de son grand-père, ce nom méritait des réactions très différentes les unes des autres, mais toujours dans l'excès. Explosion de rires, majeur bien tendu, brimades, regard dédaigneux. Bref, les McCarty étaient déjà connus dans le coin et Billy Senior ne faisait rien pour améliorer sa réputation dont il se souciait comme de sa première chaussette. C'était un bon vivant, mais aussi un gros blagueur et un truand à ses heures perdues, du moins lorsque sa famille avait besoin d'elle, ce qui arrivait malheureusement assez souvent à cette époque. Aussi, le père de notre Billy Junior a-t-il hérité des fantaisies et du sens des responsabilités de son paternel. Au moindre pépin, vous pouviez être sûr qu'Edmund McCarty trouvait une solution de courte durée. Solutions qui l'ont mis à plusieurs reprises dans le pétrin. Heureusement que Margaret McCarthy, sa tendre et chère épouse, mère de notre Billy, était présente pour s'occuper de son fils, malgré un travail qui en assénerait plus d'une. Billy s'est d'ailleurs toujours demandé comment elle était restée jusqu'à la fin avec son père, tellement ce dernier enchaînait conneries sur conneries. Pire, il entrainait parfois son fils unique dans ses magouilles. C'est donc presque quotidiennement que Billy entendait ses parents se foutre sur la gueule (il y avait de quoi débattre). Le jeune garçon a alors grandi dans l'espoir de se détacher de cet entrain pour le danger et l'illégalité, d'être la fierté de sa mère qui l'a tant couvert, de ressembler un peu plus à son oncle paternel, Sony. Sony McCarthy, c'est le plus jeune de la fratrie terrible, le vilain petit canard de la famille (ou la blanche colombe, selon les visions). C'est un homme intègre, droit, fier et assez renfermé, plutôt sérieux, mais que la vie n'épargne pas. Il y a des gens comme ça, pour lesquels la chance s'inscrit abonnée absente.
(killer night) - Une soirée un peu trop arrosée. Un paternel irresponsable aussi ? Et le drame est arrivé. La voiture a déviée de sa trajectoire et s'est encastrée dans un mur du centre-ville. Il a fait la une des journaux, il a été dans la bouche de presque tous les habitants, sans aucune pitié pour l'enfant du haut de ses douze ans. Vous vous rendez compte, sa femme y est resté, c'était vraiment un danger public. - Hey, McCarty ! Dommage que t'y sois pas resté toi aussi ! - Je suis tellement désolée... ça va aller ? On en reparle plus tard. La perte est lourde, Billy se retire de cette société qui lui casse les couilles -comme il aime tant le dire. Il devient un peu plus belliqueux et rebelle de jour en jour. Il n'a que faire des formalités. Il se fout un peu de tout, comme si la perte brutale et violente de ses parents a brisé un frein en lui. Lorsque Sony le recueille dans son mobile home, unique tuteur vivant, Billy commence à s'adoucir et à prendre exemple sur son oncle qui lui transmet sa passion pour le rock. Petit-à-petit, le jeune garçon se renferme dans ses livres et ses musiques. Il cherche un petit cocon qui lui permettra de ne pas tomber dans la délinquance et la folie du deuil.
(bad reputation) - Et Billy se trouve dans les recueils fantastiques et fantasy de Tolkien, Caroll, Lewis et Lovecraft. Il dévore d'ailleurs ce dernier et lui voue presque un culte, tant son style le bouscule et l'anime de sentiments différents. Il développe une imagination dévorante, romantique et hautement gothique. Il découvre rapidement le hard rock et le métal qui se marient tous les deux à merveille avec ses envies littéraires. Les paroles coulent de source à ses oreilles et entre ses lèvres. Rapidement, il dévie du flux majoritaire, il choque les regards, on le trouve bizarre et atypique. Heureusement que Billy n'est pas le seul à partager cet solitaire attrait pour ce nouveau mouvement décrié. Ensemble, ils fondent un club de lecture auquel il participera jusqu'à son départ forcé d'Hawkins. Il lie dans ce groupe des amitiés fortes qu'il défendra bec et ongle auprès de ses camarades de classe. Car Billy a horreur de l'injustice, le vivant quotidiennement avec son oncle lorsqu'il le voit galérer et travailler dur pour pouvoir couvrir les dettes de son père et de son frère. Il n'hésite donc pas à hausser le ton, se prend souvent des gamelles verbales et apprend progressivement à leur renvoyer la balle avec plus de véhémence et de violence. Billy, finalement, c'est le mec louche du lycée, dealeur d'herbes, un peu trop excentrique et dérangeant, qui n'hésite pas à plonger dans le tas. Une sorte de kamikaze social et fantasque. Mais à combattre certains préjugés, il en s'en est construit lui-même.
(the golden boy) - Il y a cette fille puis ce garçon. Ils vivent dans des cages dorées que Billy pensait imperméables aux malheurs, mais qui sont en fait pourries de l'intérieur. L'une et l'autre le fascinent. La première vit cachée aux yeux de tous, il pensait pouvoir l'aider, être son superhéros. Mais il a compris qu'elle serait la seule à pouvoir se sauver elle-même, quitte à lui montrer la voie. Des joues rouges aux fantasmes de princesse, les sentiments se sont rationalisés pour laisser la place à une amitié vache. Puis, il y a le garçon aux goûts peu princiers. Il le pensait comme les autres de sa bande, un demeuré qui lui parlait par pitié. Billy avait du mal à le supporter, même quand il l'aidait. Et puis, il a fallu d'un devoir commun pour qu'il s'aperçoive de sa grossière erreur sur sa personnalité. C'est tout confus que Billy a posé ses prunelles sur la bibliothèque et la collection de vinyles du beau et populaire River. Et depuis, il le voit sous un autre oeil, beaucoup plus intéressé et compatissant. Ils auraient pu être les meilleurs potes du monde, si leur vie n'était pas aussi différente et complexe au lycée. Ils auraient pu être les meilleurs potes du monde, si Billy ne rêvait pas de River certaines nuits échauffées, à planer. C'est une chose d'être attiré, c'en est une autre de l'assumer pleinement. Un désir impossible et inaccessible. Mais pas invisible ou volatile. Alors, incapable de faire taire le feu dans sa poitrine, le jeune lycéen se prend sur le fait de jouer avec River, de le bousculer, de le taquiner, de le repousser dans ses retranchements. Il y prend rapidement goût, la tension palpable entre eux s'epaississant toujours plus.
(the break) - A trop jouer avec le feu, on risque de se brûler. A briser les codes sociaux et les distances intimes, Billy se retrouve les pieds dans la piscine des King, un joint coincé dans une main, l'autre coincée dans celle de River le magnifique. Son estomac papillonne à la vitesse de la lumière, et son cœur s'emballe, ses lèvres s'assèchent de surprise et d'anticipation. C'est qu'il a les mains douces, River. Si douces, et pourtant elles lui brûlent chaque parcelle qu'elles conquièrent. Ce qui retenait le jeune homme auparavant s'envole avec le toucher. Sa main remonte donc vers le visage du golden boy slash metal boy, sa bouche qu'il rêve de goûter, sa lèvre inférieure si appelante. Une seconde. Des clés tombent par terre et terrassent les deux adolescents dont les yeux cherchent l'auteur du trouble-fête. Il s'agit ni moins ni plus des parents de River, revenus plus tôt de leur soirée. Billy réagit rapidement pour que tout doute disparaisse de leur figure ahurie et incertaine, presque un peu con sur le coup. Il se présente avec théâtralité, fait son cirque pour mieux partir avec volupté. Il laisse River tout seul, avec regret, et passera toute la nuit à rembobiner et fantasmer la scène qu'ils ont tous les deux partagées. Au diable les darons de River ! Billy comprend de plus en plus pourquoi son homologue de dix-sept ans se cache pour écouter de la belle musique et lire de beaux livres. La boule dans son ventre qui lui crie d'embrasser le brun est toujours aussi mordante, alors il réitère l'expérience de la piscine... et son coeur implose dans sa cage. Le jeu s'est transformé en un tout autre, plus dangereux et plus figuratif. Les rêves semblent enfin s'accomplir, alors Billy laisse tomber ses barrières de protection. Il me kiffe aussi. N'est-ce pas la plus belle des élucubrations ? Ils auraient pu écraser leurs lèvres l'un sur l'autre, mais les darons du golden boy semblent vouloir lui faire la peau. Son petit théâtre ne fonctionne pas, cette fois, et il est obligé de rentrer chez lui, les bras ballants. L'image de River traîné presque au col jusqu'à une bagnole lui serre les intestins, mais il n'a le pouvoir de ne rien faire. Il ne peut que prononcer des paroles contre-productif à l'intention de la madone qui le chasse en le menaçant d'appeler la police. Billy aurait pu la défier et risquer d'être arrêté, mais il est trop peureux pour se frotter à la police d'Hawkins. Il ne fait donc pas de vague et ne reverra pas River de l'été, ni même à leur première rentrée en tant qu'actif dans le monde du travail. Mais où est donc passé River ? Une interrogation qui taraude Billy, mais que le temps va clairsemer. Un, deux, trois puis quatre ans passent. Billy ne se démonte pas, il travaille, il gratte sa guitare au son des nouveautés, il aide son oncle à payer ses dettes, il vend de l'herbe pour s'en sortir, il oublie tendrement les sentiments qu'il a exposé au lycée. Il pose ses grands yeux marrons sur des filles et des gars de temps-en-temps, mais il ne voit que leurs défauts. Il leur manque des choses, des sentiments.
(goodbye) - La petite main n'est pas assez bien payée à Hawkins et les emmerdes s'accumulent du côté de son oncle. Le coeur de Billy se craque lorsqu'ils prennent la route et quittent définitivement Hawkins pour rejoindre une plus grande ville avec de plus grandes opportunités de travail. Mais le jeune homme ne peut pas laisser son oncle partir seul, il lui doit trop pour cela, même si ce dernier le conjure de rester. Ensemble, ils trouvent du travail dans une usine. C'est dur, bien plus que tous les jobs réunis que Billy a écumé en quatre ans. C'est dur, mais ça paye mieux que d'être employé de rayon d'un Codec [magasin alimentaire des années 80]. Là-bas, Billy découvre le monde peu reluisant des ouvriers. Hawkins et ses familles modestes et excentriques lui manquent presque au bout de trois ans.
(the coming back) - A leur retour à Hawkins, plus rien n'est comme avant, mais tout est pareil ? C'est la magie d'Hawkins qui prend ses effets sur Billy. Maintenant que les dettes de son oncle sont remboursées, il peut enfin revenir à sa ville natale et y disséminer à nouveau un peu de fantasque et de rébellion. Il peut enfin se poser et se stabiliser, trouver un équilibre, un objectif de vie dans cette petite société qu'il critique beaucoup mais qu'il affectionne aussi énormément. Alors, certes, Billy n'est pas un travailleur sur lequel on peut miser sur le long terme, puisqu'il finit par défier tôt ou tard ses employeurs, que ce soit par conviction ou par pure vengeance. Il continue également de dealer, aux lycéens, à ceux qui ne l'ont pas oublié. Et puis, il tombe nez-à-nez sur River King, et son cœur trébuche, tambourine ses côtes, et son petit jeu reprend de la flamme. Des années les séparent, mais Billy ne veut pas s'avouer vaincu. Il fait le malin, il le taquine, il essaye d'attirer son attention le plus possible, et ça fonctionne. L'officier de police le relaxe alors qu'il le prend la main au sac. On ne peut pas dire que ce soit très dérangeant.  
(i'm a dreamer) - musique : camille-saint-saëns, bob dylan, ac/dc, iron maiden, aerosmith, black sabbath, motörhead, kiss, led zeppelin, et bien d'autres influences. littérature : le monde de narnia, l'appel de cthulhu, je suis d'ailleurs, dans l'abîme du temps, le seigneur des anneaux, silmarillion, le hobbit, danse macabre, dracula, et bien d'autres. dessin : amoureux du romantisme (francisco de goya, gustave doré, gustave courbet, caspar david friedrich, dante gabriel rossetti, etc), il s'amuse à dessiner des plaquettes d'album musique en s'inspirant de leurs œuvres.
(like a rolling stone) - Parce qu'on ne vit pas d'eau et d'air fraiches, de dessins et de rifts à la guitare électrique, Billy propose de la weed aux plus offrants. Il a commencé son marché au début du lycée, alors qu'il voulait s'acheter son instrument de musique favori. Il n'avait aucun remord à la vendre aux mecs et filles populaires. Lui-même en consomme de temps en temps, avec modération cependant, car il voit comment l'herbe peut déconner un cerveau avec ses cousins du troisième degrés qui le fournissent. Il essaye tant bien que mal de ne pas en faire une entreprise familiale, en s'y tenant à l'écart le plus possible. Maintenant qu'il est revenu, Billy semble retomber dans ses anciennes habitudes. Ce n'est pas un salaire d'homme de ménage qui va lui permettre de se hisser parmi ses rêves.
(i got a feeling) - Toi, ton job, c'est de laver les grandes dalles de l'accueil et les moquettes ignobles des casemates des gardes, situées autour du laboratoire. Tu ne sais plus trop par quel hasard tu es arrivé à faire le ménage là-bas, mais une chose est sûr : t'as la chair de poule à chaque fois que tu vois le nom du bâtiment sur ton emploi du temps. C'est pourtant le taff pour lequel tu restes le plus longtemps. Là-bas, t'as l'impression de ne pas être Billy "the freak" McCarthy. On ne te dévisage pas, on ne tient pas attention à toi, ce que tu trouves plutôt cool. Mais voilà, t'as un mauvais sentiment. L'air y est chargé de mystère. Peut-être parce que tu t'inventes des trucs improbables ou parce que tu lis un peu trop de fantasy. Pour l'instant, la garde te dissuade de tenter quoique ce soit. C'est qu'ils ne rigolent pas avec leur uniformes, leurs armes et tout le tintouin.