Durant l'été dernier, mon père avait été muté pour son travail au Laboratoire de Hawkins. On ne parlait jamais boulot à la maison, je ne sais pas vraiment si on pouvait dire que c'était un sujet tabou mais la tension pouvait se sentir dans l'air dès que la discussion tournait vers ce thème. Ma mère était une femme au foyer comblée, du moins j'espère, passant ses journées à s'occuper de ma petite soeur Tiffany et de notre chat Honey. On était probablement l'image de la petite famille parfaite, avec nos cheveux, nos tâches de rousseur et notre chat assorti.

J'étais une cible évidente pour les petits tyrans du lycée. J'étais la nouvelle, fraîchement arrivée de l'état de New York, qui n'avait aucune attache ici, personne pour me défendre et me protéger. Les premières semaines ont donc été compliquées, entre les enfermements dans les casiers et mon sac à dos qui finissait toujours dans une poubelle. Je n'est jamais été du genre à répliquer, même si je savais que me montrer faible risquait encore plus de me rendre facile à tourmenter, je préférais la fermer et prier pour qu'ils se lassent vite.

Mon premier coup de coeur, c'était il y a quelques années à Buffalo. Cette fille dans ma classe avec ses cheveux bruns bouclés en bataille, où nos persécuteurs foutaient des crayons. J'étais tombé amoureuse de ses yeux de sirène cachés derrière des lunettes à grosses montures. J'étais persuadé dans mon for intérieur qu'elle était du même bord que moi, mais je n'aurais jamais eu la réponse puisque je suis partie avant d'oser lui poser la question. Je me retrouvais donc ici avec des petits morceaux de coeur brisé et aucune autre expérience amoureuse.

Le reste du temps, je ne faisais pas grand chose. Mes passions consistaient à m'allonger dans ma chambre avec ma musique à fond pour prétendre ne pas exister tout en rendant ma présence plutôt exaspérante pour ma mère. J'allais parfois me balader en vélo, parfois en direction de la salle d'arcade, parfois juste sans aucun autre but que celui de déambuler sur les routes vides de Hawkins les cheveux au vent.

Il y a aussi ces bruits qui courent sur les personnes disparues soi-disant à cause de monstres. Au début je croyais à une simple légende ou mauvaise blague tournant dans la ville mais il semblait que ce soit plus sérieux que ça. Je ne sais pas quoi en penser mais la dernière fois que j'ai voulu en parler à table, mes parents se sont crispés et m'ont interdit de croire ces idioties. Sauf que évidemment ça m'as simplement donné bien plus envie de me renseigner sur le sujet.. La ville était trop calme, mais je n'étais pas la personne qui allait changer ça. Mais si ça venait à changer j'en serais la première ravie, enfin tant que la vie de personne n'est en danger bien sûr.