New-York, 1979. Le bruit de la photocopieuse, la tasse de café à la main et la mine souvent triste. Tu avais de grand rêve Kath. Tu voulais être journaliste, donner une voix aux femmes, faire entendre ta voix, changer le monde ! Mais malheureusement, tu avais oublié que tu n’étais qu’un petit poisson dans le monde des requins. Les hommes ne cèdent pas facilement la place et finalement, depuis que tu as arrivé en stage, il y cinq mois, ta vie se limite à l’odeur du café que tu apportes à des réunions où tu n’es pas convié. Ton job se résume à faire des photocopies de dossier que tu ne dois pas lire. Et quand tu les regarde agir avec toi, tu as le sentiment de revoir ta mère. De comprendre ce visage triste parfois de l’enfant que tu étais et qui ne comprenait pas parce que tout comme ton père, la voir en train de gérer la maison, c’était « normal ». Pourtant, tu n'as pas eu une enfance malheureuse. A vrai dire, tu as eu une enfance classique. A la mort de ton grand-père, ton père a repris le garage familial, c'est à ce moment là qu'il a commencé à accumuler les heures. Maman, quant à elle, restait à la maison pour s'occuper des tâches et de toi. Vous étiez une famille modeste, une famille classique même si rapidement, tu as voulu être différente. Tu ne rêvais pas de la vie de tes parents, tu voulais faire des études, tu voulais que ta voix compte, c'est pour cela que tu as quitté Hawkins alors que tu n'étais encore qu'une adolescente rebelle, enceinte de son petit ami malgré elle suite à une sombre histoire qu'elle avait besoin d'oublier., Vieux souvenir qui semble bien souvent être celui de quelqu'un d'autre, d'une autre vie.

Mais dans cette vie parfois monotone et sans goût, il y a William. Lui aussi stagiaire mais contrairement à toi, bien plus apprécié par ses pères. Au départ, il t’avait proposé de t’aider pour un papier qui pourrait impressionner vos patrons, un papier qui te placerais comme journaliste avant de te placer comme femme. Tu avais accepté, vous aviez peaufiné les détails durant presque une année et bien que ton rédacteur t’ai ris au nez quand tu lui as présenté. Une semaine plus tard, il faisait les gros titres, son nom en bas de page à la place du tien. Brisé, tu as démissionné, ce qui l’arrangeait bien avec le recul et puis quand tu as voulu retrouver un travail, tu n’as essuyés que des refus. Refus lié à cet ancien rédacteur qui disait que tu l’avais plagié alors que c’était lui, qui racontait sa version mensongère de l’histoire, ruinant ta carrière par la même occasion. William est là. William est un homme différent, un homme que les patriarche aurait appelé une tapette simplement parce que son esprit est ouvert, parce que son esprit est prêt à faire une place aux femmes dans ce monde. Prêt au point de partager ses articles. Parce que lui, il est promu quand toi, tu ne trouves pas la porte. Mais quand il a voulu crier au scandale, tu l’as stoppé, votre couple ne pouvant pas vivre snas travail. Refusant aussi de le voir perdre sa carrière comme tu as perdu la tienne. Vous écriez ses articles ensemble, vos menez l’enquête, échanger sur vos théories. Une équipe. A la vie, à la mort, c’était ce que tu disais, sans savoir que cette phrase allait prendre tout son sens.

Hawkins.1983. L’hiver est là. La neige tombe doucement déjà et tu as décidé de présenter William à ta famille. William conduisait et toi, tu dormais tranquillement à côté de lui. Tu ne te rappelle pas de chaque détail, de chaque seconde. Tout avait été si vite. Tu t’étais réveillé brutalement réveillé par le coup de frein brutal de ton amant. Tu avais vu un monstre juste là, devant vous qui avait refermé tes yeux. Les hurlements de William les avaient réouvert mais tu n’étais parvenu qu’à voir les feuillages de la forêt en train de s’agiter. Prise de panique, tu avais alors pris le volant, roulant en direction des mouvements, persuadé que ta voiture te protégerait de tout et puis, l’arbre. De plein fouet. A ton réveil, tu étais dans une chambre d’hôpital, ton père te tenait la main, pleurant en voyant tes yeux s’ouvrir alors que les tiens ne cherchaient que lui. Tu ne comprends pas tout de suite ce qu’il t’arrive. On te parle de coma, on te parles de suicide, on t’interroge sur la présence d’un homme dans ta voiture. Toi, tu racontes ton histoire. Toi, tu crois qu’on va t’aider. Toi, tu fini enfermé. Le motif officiel est la peur que tu recommences, la peur que tu retentes de suicider. Les médecins te disent que les monstres ne sont que le fruit de ton imagination, mais tu sais qu’ils mentent. Au départ, tu t’affirmes et rapidement, tu comprends que pour sortir, tu dois jouer le jeu. Leur jeu. Tu fais mine d’avouer que tu avais un peu bu avant de prendre la route, angoissé à l’idée de rentrer, tu inventes aussi des histoires de couples qui pourraient justifier la disparition de William -sans préciser que l'une des raisons de votre présence est la demande de ta main à ton père-. Tu comprends bien vite que les belles histoires les arrange, ils ne creusent pas. Il règle simplement l’affaire en s’assurant que tu ne te poses pas plus de questions. Au bout de trois mois, on te laisse sortir. D’abord chez tes parents, tu trouves rapidement un petit studio qui ne paye pas de mine et un job en apparence sans intérêt pour une âme de journaliste. Mais tout cela n’est qu’une image, Kath. Le mur de ton studio est rempli de photo, d’articles de journaux, de fils rouges. Tu touches du doigt la réalité de la ville, tu effleures cet autre monde auquel tu crois. Tu sais qu’il existe, tu sais qu’il est là. Tu ne crois pas en la théorie d’un jeu de plateau, tu crois en satan. En son monde qui corrompu par l’homme, se mélange au vôtre.