No, I'm not afraid to disappear
The billboard said, "The end is near"
I turned around, there was nothing there
Yeah, I guess the end is here
The billboard said, "The end is near"
I turned around, there was nothing there
Yeah, I guess the end is here
001 ; c'est le soleil d'Hanoï qui t'as vu naitre, au Vietnam, petit bébé dodu aux joues rosies, petite touffe de cheveux noirs sur le haut du crâne et des poumons qui s'emplissent d'air pour pousser ton tout premier cri 002 ; tu te souviens pas de quand t'es arrivée ici, encore moins de tes premiers pas sur cette terre qui ne t'a pas vue naitre, l'Amérique, la petite ville d'hawkins, tu sais pas vraiment pourquoi tes parents sont venus ici (peut-être a la recherche d'un rêve ? une illusion ?) mais tu sais que c'est la que tu habites, et si parfois tu te dis que tu aimerais bien aller chez toi, au Vietnam, au moins une fis, tu sais que ta vraie maison c'est cette ville qui t'a vue grandir 003 ; les moqueries, encore et toujours, sur tes yeux, tes vêtements, tes parents qui ne parlent pas la langue. oh tu les as détesté, si fort, tellement fort, parce que t'avais rien fait de mal luyen, t'étais juste pas comme eux, et qu'est-ce que t'aurais donné pour leur ressembler. 004 ; les réunions parents profs ou tu devais traduire pour tes pauvres parents, qui répondaient avec un anglais approximatif a tes professeurs, et toi, mal a l'aise, un sourire forcé alors que tu triturais du bout des doigts la fermeture éclair de ta veste. 005 ; le vietnamien à la maison et l'anglais dans la vie de tous les jours, c'est comme ça que t'as ce petit accent presqu'indescriptible qui roule à chacune de tes phrases, ce petit accent qui t'as valu bien des moqueries alors que encore une fois luyen, t'avais rien fait. petite gamine maltraitée par ses pairs alors qu'elle ne demandait rien a personne. 006 ; jamais assez bien, jamais assez douée, jamais assez sérieuse, jamais assez pour tes parents qui t'en demandaient toujours et encore plus. alors tu t'enfermais dans tes bouquins, tes révisions et que sais je encore, a tel point que t'oubliais des choses des fois (et t'oublies encore) 007 ; trouble déficit de l'attention, tu t'en souviens, des mots qui résonnent encore en toi même quelques années après. non tu n'es pas cassée, non tu n'es pas mauvaise, tu as juste un soucis, ça arrive, ça arrive tellement qu'ils ont un mot pour ça, une expression. Mais eux, eux ils ne veulent rien entendre, pour eux c'est rien, c'est juste dans la tête et tu dois être simplement plus sérieuse, moins dans la lune, mais si seulement c'était si simple tout le monde le ferait vous pensez pas ? 008 ; la tête dans la lune et les yeux dans les nuages, la gamine qui semble ne pas écouter alors qu'elle peut répondre mot pour mot ce que vous veniez de lui dire ; c'est pas ta faute luyen, et t'as beaux faire des efforts, malgré les cris de tes parents, malgré les punitions, t'essaies t'essaies, mais t'arrives pas 009 ; et puis la nourriture, seule chose que tu peux contrôler dans cette vie ou tout semble te passer entre les doigts. alors tu manges, trop même, puis la tête au dessus des toilettes alors que les larmes roulent sur tes joues ; t'es devenue forte pour faire semblant, et faire comme s'il n'y avait pas de soucis, sourire alors que tu viens de sauter un repas, encore une fois. tu souris, tes cheveux se font fragiles, cassant, tu tiens a peine sur tes jambes maigrichonnes alors que tes cotes ressortent un peu plus chaque jours. si tu ne peux pas vraiment contrôler ta vie, t'as l'impression d'avoir la main mise sur ça, au moins. 010 ; le lycée, tes amis, des sourires en coin alors que tu te fais de plus en plus discrète, comme si tu n'existait plus. tu souris quand on s'adresse a toi, reste polie, mais tu n'as plus vraiment envie d'être la, c'est dur Luyen, tu le sais, mais tu essayes encore et encore, parce que c'est comme ça que t'as été élevée, tu peux pas abandonner. ou alors tu ne dois pas te rater cette fois ci 011 ; puis la vie semble être un peu plus facile, un peu plus douce une fois que t'as quitté ce trou a rat rempli de gens qui ne t'ont rien apporté pendant tout ce temps. t'as plus d'amis maintenant Luyen, t'es toute seule, enfin c'est sans doutes mieux comme ça. ça te pèse un peu, parce que des fois t'aimerais bien parler aux gens au lieu de pleurer seule sur ton lit, au lieu de déverser ta haine sur les quelques pages de ton journal. 012 ; tu te sens bizarre en ce moment, comme si quelque chose t'observais, constamment, comme si... non en vrai tu sais pas trop, c'est bizarre, trop bizarre, tu sais pas l'explique, mais ce picotement dans ta nuque, c'est pas quelque chose qui annonce du bon
l'odeur du muguet et du café — les cheveux long, souvent tombant entre tes omoplates quand ils ne sont pas relevé en une queue de cheval — de lourdes cernes sous tes yeux — les mains fines et souvent couvertes de bagues — tu sais jouer du violon, y'a longtemps que t'as pas mit les mains sur un certes, mais t'es confiante que t'arriverais à jouer au moins un peu — fille unique, t'as toujours voulu quelqu'un pour partager ta vie familiale autre que tes parents — du genre a écouter la même chanson en boucle encore et encore