01 ϟ Petite poupée qui vient achever de construire l’image de la famille parfaite ; un père présent, une mère aimante, un grand-frère qui se fait joyeux compagnon de jeu grâce aux quelques poignées de mois qui vous séparent (à peine un an (vraiment trois fois rien)). T’es un bébé qui pleure, de ce qu’on a pu te dire, un bébé qui pleure beaucoup, un bébé qui se berce en s’agitant dans son berceau et qui est rassurée que dans les bras de ses parents. T’es demandeuse dès le départ, Billie, mais les mois (puis les années) finissent par t’adoucir. Bébé râleur se transforme en bambin souriant, petite fille riant volontiers aux éclats dès que l’envie s’en fait ressentir. T’es une gamine qu’on qualifie volontiers de rayonnante, (such a sweet child, que t’entends qu’on murmure doucement à tes parents, un sourire au coin des lippes), t’es une de ces gamines que l’on croit trop facilement parfaite. Y avait bien des jours où (comme pour tout le monde) t’étais pas d’humeur, où tu te laissais aller à tes frustrations et tes caprices. T’étais, après tout, qu’une enfant. Mais dans l’ensemble, t’étais une petite fille aussi adorable qu’agréable. 02  ϟ Gamine, t’adorais construire des cabanes dans ta chambre (des cabanes faites de brics et de brocs (des couvertures étendues entre les meubles, des oreilles pour rendre la chose plus confortable)). T’aimais aussi y fourrer tes peluches, t’inventant mille et unes aventures à leurs côtés. Cela faisait sourire ta mère, cela faisait soupirer ton père. T’as arrêté pendant un temps. Puis. Puis. Papa et Maman se sont mis à se disputer (bien plus souvent que ce que tu aurais aimé (bien trop souvent de manière fort objective). Ils ont bien essayé de t’expliquer (que c'était normal de se disputer de temps en temps (que ce n'était pas un signe de désamour)), Papa et Maman, mais t’étais certainement trop jeune pour comprendre ce qui se passait réellement (pour comprendre que Maman n’aimait pas Papa comme lui l’aimait (et que s’il y avait bien de l’amour, ce n’était pas suffisant pour maintenir votre petite famille en un seul morceau)). Alors t’as recommencé à construire des cabanes dans ta chambre, pour t’y cacher et oublier les disputes. 03  ϟ C’est lors d’un jour comme un autre, que tu passes avec ton père ,que tu tombes abruptement malade. Ça commence par des maux de ventre facilement ignorés, puis la douleur se fait plus poignante (comme un coup de couteau dans ton bas ventre). Tu t’écroules alors que t’es en train de jouer avec ton frère, ton père panique et c’est dans un mouvement précipité qu’on t’emmène à l’hôpital. T’as à peine sept ou huit ans et tu comprends pas bien ce qui se passe ; pourquoi tu as mal, pourquoi ton père est si inquiet, pourquoi ton frère peut pas venir te tenir par la main dans la chambre d’hôpital … et au final, la chose est pas si grave, mais suffisamment pressante pour qu’on te descende rapidement dans la salle d’opération. Tu as l’appendicite, c’est aussi simple que cela. De cette frayeur, tu garderas quelques mauvais souvenirs et une fine cicatrice sur le côté droit de ton bas ventre. 04  ϟ Les douces années de l’enfance cèdent (bien trop rapidement à ton goût (et celui de tes parents aussi, à n’en pas douter)) leur place aux ardeurs des années adolescentes, alimentées par l'annonce encore toute récente du divorce du couple parental (t'en veux à personne (mais t'en veux aussi au monde entier)). I’m not a kid anymore, que tu te plais à rappeler à qui veut bien t’entendre. T’as un certain plaisir à contester les demandes des uns et des autres (tu t’affirmes en prononçant un non bien sec), t’aimes à penser que t’es une grande et que t’as plus besoin de rien ni de personne … Pour autant, t’es bien contente de retrouver les bras rassurants de ta mère (son étreinte familière et son parfum que tu reconnaitrais entre mille) lorsque la nuit se fait un peu trop sombre, lorsque tes camarades du lycée se montrent un peu trop mesquins. T’aimes jouer aux grandes, Billie, mais t’as encore un bout de chemin à faire avant d’en être vraiment une. 05  ϟ Tu te la joues rebelle à la maison (mais pas trop quand même (parce que faut pas que ta mère oublie que tu l’aimes plus que tout)), mais sur les bancs de l’école, tu te fais discrète. Bonne élève, adolescente qui aime apprendre, t’as quelques difficultés avec les autres. T’es pas méchante, tu mords pas … c’est juste que t’as du mal à te sentir à l’aise. Y a vraiment que Clara (ton amie de toujours (et peut-être un peu plus (mais votre baiser échangé l’année passée ne veut pas dire grand-chose, elle te l’a dit))) qui te comprenne vraiment, y a que Clara qui connaît tout de toi. Elle sait qu’un jour tu voudrais quitter Hawkins pour voir le monde (tu reviendras, bien évidemment, pour rendre visite à ta mère), elle sait que les garçons te plaisent autant que les filles (bien que ce soit elle qui te plaise plus que les autres), elle sait que ton père te manque (mais que pour rien au monde tu ne quitterais ta mère (terrible dilemme qui est le tien)). Elle sait aussi que tu te trouves pas si bien que ça, que tu te compares trop facilement aux autres et que tu es bien dure avec toi-même. Clara sait tout, Clara fait de son mieux pour te soutenir quoiqu’il arrive (contre vents et marées (elle est vraiment la meilleure amie du monde)). Qu’importe les moqueries occasionnelles, qu’importe les conflits inopinés. Au final, t’es une adolescente plus que lambda. 06  ϟ Y a des drôles de rumeurs qui circulent au sein d’Hawkins et tu sais pas trop quoi en penser. T’aimerais bien dire que tu vaux mieux que ces complotistes à l’air dérangé, t’aimerais pouvoir dire que t’as pas peur et que tu te laisses pas facilement impressionner. Mais c’est totalement faux (c’est triste à dire, tu le reconnais sans mal), t’as sacrément la trouille. T’essaies de jouer aux grandes (encore une fois) alors tu dis rien à ta mère, mais t’en parles un peu avec ton frère. T’espères qu’il comprend ce que tu ressens, t’espères que son soutien n’est pas que de façade. 07  ϟ Tu te disputes pas souvent avec ta mère (parce que t’aimes pas ça), mais y a bien des fois où t’arrives pas à retenir ton agacement, où ta frustration se fait plus forte que ta raison. C’est lors de l’un de ces moments où t’es partie de chez toi en claquant la porte (peut-être que t’avais pas rangé ta chambre comme elle te l’avait demandé (peut-être que … au final, ça a bien peu d’importance)), en affirmant que t’allais partir vivre chez ton père parce qu’il était certainement beaucoup plus cool qu’elle. T’as regretté les mots aussitôt qu’ils ont passé la barrière de tes lèvres, mais le mal était déjà fait (tu pouvais pas les ravaler) et ta colère était bien trop imposante. Alors t’es partie, avec l’espoir de trouver refuge chez Clara. Sauf que t’es jamais arrivée chez Clara. À la place, tu t’es retrouvée dans un monde bien différent de celui auquel t’as toujours été habituée, mais à la fois si semblable … Et t’es juste perdue, Billie, tu comprends pas où tu es. Mais plus important encore, tu sais pas comment te sortir de là. T’as beau appeler ta mère en hurlant et en pleurant, t’as beau appeler ton frère en hocquetant et en essuyant tes larmes avec la manche de ta veste, il y a personne ici. Personne à part d’autres âmes perdues (comme toi (qui arrivent pas à sortir d’ici non plus)) et les créatures dont elles (les autres âmes perdues) t’ont parlé, mais que t’as pas encore croisé (et que t’as vraiment pas envie de croiser). 08  ϟ T’as, dans ton esprit, une liste des choses que tu feras lorsque tu seras sortie du monde à l’envers ; tu présenteras tout d’abord tes excuses à ta mère, parce qu’elle méritait vraiment pas les mots que tu lui as balancé au visage. Ensuite t’iras voir Clara et tu lui diras que t’es vraiment amoureuse d’elle, que t’as d’yeux que pour elle. Après t’appeleras ton père et tu lui diras à quel point tu l’aimes. Et surtout, tu demanderas à Nicholas de t’aider à te défendre, de manière à plus jamais te retrouver dans une situation comme celle-ci. 09  ϟ Plus le temps passe, plus tu penses que tu sortiras jamais de cet endroit sinistre. Tu t’imagines que ça doit faire quelques jours que tu t’es égarée, tu t’imagines que, maintenant, ta mère doit s’être rendue compte que t’es pas où tu devrais l’être, que quelque chose cloche. Tu l’imagines morte d’inquiétude et ça te tord les entrailles tant la culpabilité est forte (ah, si t’avais juste été un tout petit peu moins stupide). Tu imagines Nicholas perdu et inquiet aussi. Ton père doit pas en mener plus large. Et ça te fait un peu pleurer de penser à eux, parce qu’ils te manquent tellement. Parce que tu voudrais juste être avec eux. 10  ϟ Tu orbites souvent autour des endroits connus, dans le monde à l’envers. T’as trouvé refuge dans ce qui semble être ta maison, t’as retrouvé ta chambre dans un drôle d’état … et c’est à cet endroit que tu files dès que t’as besoin de souffler un peu, de trouver un semblant de tranquilité. Et dans l’ambiance mortifère du monde à l’envers, tu hummes doucement ta chanson favorite (Africa de Toto (the wild dogs cry out in the night, as they grow restless, longing for some solitary company)), en espérant un jour sortir de ce sale endroit (parce que tu peux qu’espérer que ça ira mieux (c’est soit ça, soit abandonner directement (et tu peux vraiment pas abandonner, Billie, t’as bien trop envie de retrouver les tiens))).

EN VRAC ; Tu détestes les œufs sous n’importe quelle forme. Tu les tolères dans les gâteaux et les pancakes, mais c’est vraiment tout. ϟ Tu sais que, plus tard, t’aimerais bien avoir un tatouage (ou plusieurs, t’es pas encore bien décidée sur la question). Tu sais pas encore quoi, mais t’es sûre que ce sera quelque chose de stylé. ϟ Plus tard, tu voudrais être dessinatrice de comic. T’as déjà un bon petit coup de crayon (en témoignent les nombreux cahiers de sketchs cachés sous ton lit) et t’aimes à penser que ton talent sera un jour reconnu à sa juste valeur (et Clara est ta première supportrice dans cette entreprise !).   ϟ T’es allergique aux poils de chats. ϟ Tu détestes les films d’horreur, ils te donnent toujours de sacrés cauchemars. Ton genre de film favori est les comédies romantiques. ϟ Tu préfères le salé au sucré.