Storm n'est pas un fan de l'été, il préfère quand il fait un peu plus frais, quand porter toutes ces couches de vêtements pour son costume n'est pas aussi suffoquant, il préfère sortir la nuit quand il fait un peu plus frais, il préfère s'isoler dans un endroit calme où il avait l'habitude de venir plus jeune, avec Lizzie. C'est le seul bout de passé qu'il s'autorise à garder, le seul endroit qui lui rappelle la jeune femme sans qu'il n'ai envie de tout foutre en l'air, le seul endroit puisque c'était réellement la meilleure cachette au monde, et qu'il peut venir ici pour se changer les idées. Ne penser à rien. Il navigue entre les différentes manière de planer en fonction de ses besoins, il n'a pas envie de se démonter la tête pour chasser les hallucinations, pas besoin d'en appeler d'autre, il a juste besoin d'être bien, d'avoir ce sentiment de planitude. Il a un petit sachet de coke dans la poche de sa veste, qu'il attend presque religieusement de sortir, alors qu'il s'installe un petit peu mieux sur la botte de foin contre le cabanon, à la lisière de forêt, perdu dans les champs de citrouilles.
Son regard se pose sur les étoiles pour les observer un instant, il prend son temps, il se dit qu'il a toute la nuit devant lui, ce n'est pas son père qui irait s'inquiéter d'où il est parti, au contraire, le paternel doit plus s'intéresser à prier pour qu'il disparaisse plus qu'autre chose. Et pourtant, perdu dans ses pensées, entre les fantômes. Le visage familier qui se dessine non loin de lui, son propre regard qui s'est tourné vers la source de bruit, et pendant une seconde il se dit vraiment que c'est encore une illusion de plus, que les neuf années entre eux ne se sont pas écoulées. Et pourtant non, il se rappelle surtout qu'il n'a encore rien pris d'assez fort pour ça, qu'elle est revenue à Hawkins depuis quatre ans maintenant et qu'il a passé ce temps à l'éviter minutieusement. Elle fuit son regard, Lizzie, et il ne peut pas lui en vouloir, s'il était pas totalement figé sur place, il se serait déjà enfui à travers champs pour retrouver sa voiture et rentrer chez lui. Ni l'un ni l'autre ne semble prêt à bouger, certainement retenus par la même chose, la surprise, le temps qui les nargue. Storm a honte de la regarder comme ça, d'oser croiser son regard, lui le grand King qui se sait misérable, avec sa gueule amochée après s'être cassé la gueule deux jours plus tard en étant complètement défoncé. Qui a mis un temps fou à se relever pour pouvoir partir.
Elle parle, et il est presque surpris de se rappeler du son de sa voix, l'intonation de ses mots, de reconnaître qu'elle est sur le point de pleurer lorsqu'il l'entend trembler. Automatiquement, en lui, quelque chose se brise, la culpabilité qui déferle comme une vague, la honte aussi. Storm l'observe en resserrant sa mâchoire, elle lui demande pourquoi, elle réitère la demande. Pourquoi est-ce qu'il faisait le mort ? Est-ce que tu ne l'es pas déjà un peu, Storm ? Il détourne le regard, il s'est redressé de la botte de foin sans même s'en rendre compte, mais impossible de faire un pas de plus, impossible de prendre la fuite. "Commence pas," il souffle en réponse, sentant son poing se resserrer, la panique qui flirt avec la paranoïa en lui et qui fait grimper un pic façon vertigineux, il doit calmer l'angoisse et sa présence ne l'aide pas. "J'ai pas besoin d'entendre tes reproches maintenant." Il siffle, sent le ton acide dans sa voix sans qu'il ne puisse y faire quelque chose, toujours l'apparence inébranlable du King, l'armure de glace imprenable, personne n'a besoin de voir les fissures qui partent doucement en éclat derrière. Encore moins elle. Il sent la pointe de sourire moqueur qui vient étirer ses lèvres, le besoin de faire mal, il a parfois l'impression de regarder un autre lui prendre possession de son corps, celui qui a été façonné King, qui a battit son empire, l'élite, qui piétine tout ce qui est bon en lui. "Tu ne t'es pas dit que je ne voulais juste pas te voir ?" Il demande, l'éclat bleu qui semble glacial, alors qu'il se pose sur elle.

Storm n'est pas bête, juste parfois un peu trop naïf. Il savait qu'en jouant au mort pendant toutes ces années -neuf, exactement- ça allait lui retomber sur un coin de la figure, mais il ne s'attendait pas à ce que ça se passe comme ça, d'une manière aussi inattendue. En réalité, il ne savait pas exactement ce qu'il attendait ou ce qu'il imaginait, peut-être réussir à effacer définitivement Elizabeth de ses pensées ? Il ne sait pas vraiment et se sent juste idiot à la voir là maintenant, face à lui, le visage exprimant clairement la douleur qu'elle ressent, douleur qu'il lui a lui-même causé. Et pourtant il ne s'arrête pas là pour autant, ne cherche pas à enterrer la hache de guerre, n'exprime pas le fait d'être désolé que ça se soit passé comme ça. Il n'y a que le froid et l'étrange sensation dans le creux de sa nuque qui lui rappelle le manque, que peut-être il aurait dû rester chez lui ce soir, quitte à supporter les regards de son paternel avant de s'enfermer dans sa chambre jusqu'au lendemain.
Son regard analyse le visage d'Elizabeth, il voit les larmes qui roulent sur ses joues et s'en veut automatiquement mais essaye de ne pas le montrer, en ne bougeant pas d'un millimètre, se retenant même de ciller au cas où. Une statue, excepté pour le rictus sur ses lèvres, presque condescendant, presque cruel. Storm l'observe, repérant peut-être les fissures dans la porcelaine, malgré le timbre de voix qu'elle place, implacable, forte, soulignant qu'elle ne se laissera pas faire, peu importe la connerie que lui sortira le King. Lorsqu'elle dit qu'elle le pensait mort, il y a une nouvelle lueur dans le regard de Storm, un éclair de peur qui passe dans son regard, avec toutes les fois où il aurait pu se retrouver six pieds sous terre, avec toutes les fois où son père a essayé de s'en mêler aussi, il frôlait cette vérité sans arrêt, flirtait avec, parfois au point de se demander s'il n'était pas déjà un peu mort, juste un corps ambulant, un rien de fantôme en lui. "Je suis bien vivant, pourtant." Il étire dans cette force des King, essayant presque de se convaincre lui-même, mais la lueur dans le regard de Storm joue, comme la flamme d'une bougie qui vacille, la peur qui apparaît et disparaît à nouveau, trop rapidement.
Dans toute sa grandeur et son autorité de King, du haut de sa silhouette qui pourrait presque lui donner des airs de cauchemars, il n'arrive pas à comprendre comment elle arrive à autant le perturber. Malgré toute la force qu'elle se donne, il voit les larmes sur son visage, remarque les différences qu'ont creusé les neuf années entre eux. Elle arrive toujours à ébranler quelque chose en lui sans qu'il ne l'explique vraiment, quand elle s'inquiète pour lui alors qu'il tente désespérément d'ériger une forteresse entre eux. Il a l'air d'un crétin avec ses blessures sur son visage et c'est évidemment la première chose qu'Elizabeth remarque, lui priant pour que tout ça disparaisse jusqu'au prochain repas familial des King. "Rien de grave, juste une chute." Storm reprend alors qu'il sent ses épaules s'affaisser un peu, il ne comprend même pas comment c'est possible, comment est-ce qu'elle y arrive. La question de la douleur lui arrache un rire, il est généralement tellement défoncé qu'il ne peut pas vraiment sentir grand chose, il ne saurait même pas dire si ça lui a fait mal au moment même, ce n'est que le lendemain en se voyant dans le miroir qu'il a remarqué son état. "Non, je ne sens rien," et c'est toute la vérité en plus. "Mais c'est pas intéressant." Non, il n'a pas envie de s'attarder. "Qu'est-ce que tu fais là ?" Storm demande, cette fois-ci il se rend compte qu'il arrive à bouger, un pas vers elle, pas de marche arrière. Il ne sait même pas ce qui la pousse à elle.

Il ne comprend pas trop ce qui le paralyse sur place, à dire vrai il a presque l'impression qu'Elizabeth n'est pas réelle, que s'il fait un pas, elle risque de s'évaporer. Ca ne serait pas la première fois qu'une hallucinations se montre cruelle comme ça. Mais si c'est vraiment elle, il est en danger. C'est certainement la personne qui le connaît le plus et il a l'impression que les neuf années n'ont même pas réussi à détruire ça, il n'y a qu'à croiser son regard pour se rendre compte qu'elle lit à travers lui avec une aisance presque déconcertante. Elle parle de mort, et pendant une seconde Storm redevient un gamin, le regard un peu perdu, une lueur de peur qu'il n'arrive pas à cacher. Il sait qu'elle a remarqué et il a un autre rictus qui apparaît sur ses lèvres, nerveux celui-ci, différent, comme s'il se sentait pris au piège dans une cage et se rendait compte qu'il n'arriverait pas à s'en sortir. Le ton de le conversation change pourtant, l'attention est dirigé vers autre chose, et Storm est presque surpris de l'entendre parler de ses blessures, c'est compliqué quand il ne les sent quasiment pas, quand la drogue l'insensibilise autant.
"Il faisait nuit." il tente de conclure, concernant la mauvaise chute qu'elle souligne, et il ne sait même plus quoi dire à ce sujet sans que ça devienne évident. Alors son regard fuit le sien, cherche un peu autour d'eux quelque chose pour le distraire, mais rien à faire, il finit par se reposer sur Elizabeth. Il prend un pas vers elle, elle reste toujours là, l'image ne vacille pas, Storm cligne des yeux, pince ses lèvres en serrant un peu sa mâchoire, il aimerait déglutir mais il a la gorge sèche. Réelle ou pas réelle ? Il ne saurait dire. Alors il parle, pour tromper l'illusion, il sent son cerveau qui déraille totalement, les picotements dans sa nuque qui descendent le long de sa colonne vertébrale maintenant. S'il peut poser sa main sur son bras, c'est qu'elle est bien là, et qu'il est peut-être foutu. Mais c'est tellement étrange de la voir dans un endroit si familier, c'est toujours le coin qu'on préfère hanter, et quelque part lui aussi se traîne comme une ombre dans cet endroit. "Je ne t'ai jamais croisé ici en quatre ans." Ni même en neuf, à dire vrai, alors pourquoi maintenant ?
Elle fait un pas vers lui, mais ça ne le surprend pas, elle peut se le permettre sans tout foutre en l'air. Lui il a l'impression de se battre avec deux Storm, le toxico en manque et le gamin qui a connu Elizabeth, sans savoir qui risque de gagner. "Je viens souvent ici, ça reste loin des King," comme ils l'avaient remarqués tout jeune déjà, à la sortie des cours, et que Storm traînait pour ne pas retourner tout de suite essuyer la colère d'Oak King, jamais satisfait. Quand il voulait profiter d'un peu de sa douceur et retarder le moment fatidique où il retournerait trouver le monstre. Il fait un autre pas vers elle, puis un deuxième, il n'y a plus vraiment de distance entre eux, comme s'il avait refermé le fossé des neufs ans d'un petit pincement de doigts. Il n'a jamais existé. Storm lève une main quasiment pas tremblante vers Elizabeth et inspire un peu, bloque son souffle quand il pose sa main sur son bras, son regard posé sur ses doigts qui ont l'impression d'avoir quelque chose de tangible. Soit c'est le moment où elle se transforme, soit c'est le moment où elle disparaît. Il relève lentement son regard vers le sien, la surprise peint son visage, pas de vision d'horreur, ce n'est qu'elle qui le regarde, peut-être un peu confuse. "Lizzie," il glisse dans un souffle, réelle donc, et il sent une vague de rancoeur et de culpabilité glisser en lui, il aimerait pouvoir la prendre dans ses bras et tout effacer, juste se dire que tout ça est derrière eux. Mais il se rappelle trop de ce sentiment d'abandon. "Pourquoi t'es revenue, New-York n'était pas assez formidable que Hawkins ?" Il glisse d'un ton moqueur, sa main se retirant de son bras finalement alors que son regard se fait un peu plus dur, si c'est bien elle, il ne doit pas flancher maintenant.

Ils conviennent mutuellement de garder le silence, d'oublier la chute, ils n'ont pas besoin de mots mais ils se comprennent et ça le dérange, Storm, que ça soit aussi facile, qu'il retombe avec autant de facilité dans la dynamique qu'ils avaient. Malgré tout ce qui s'est déroulé depuis. Visiblement Elizabeth est revenue elle aussi dans cet endroit qui leur est familier, qui les a presque vu grandir à un moment, et il ne peut s'empêcher d'esquisser un sourire en hochant de la tête, il y a un peu d'ironie dedans. "Et pourtant, on ne s'est jamais croisé." Comme si le destin les forçait à ne pas le faire, jusqu'à maintenant du moins, et il a presque l'impression que c'est une blague, jusqu'à ce que sa main ne se lève pour se poser sur le bras d'Elizabeth et que tout prenne un ton différent. La pression de ses doigts contre sa peau, bien trop réelle, et le visage de son amie toujours aussi présent, ses yeux qui l'observent, dans un mélange de questionnement et peut-être un peu de joie de cette approche inattendue.
Il y a de la surprise sur leurs visages à tous les deux, peut-être pas pour la même raison, Storm se rend compte qu'elle est bien là et il sent déjà tous ces sentiments remonter en lui, qui se mélangent au manque. Et heureusement que sa main relâche son bras, il la sent déjà trembler un peu plus fort et ne peut pas se permettre de la laisser remarquer, il est prêt à s'éloigner, mais elle le rattrape et lui se fige, le souffle court. "C'était un peu loupé," il ne peut s'empêcher de faire remarquer, toujours dans cette froideur, et est-ce qu'il est censé garder quelqu'un qui l'a fait souffrir ? Une faiblesse aussi évidente ne peut être réellement permise chez les King, n'est-ce pas ? "Tu as quand même passé cinq ans là-bas avant de te rendre compte que ce n'était pas aussi bien qu'ici." Storm souligne encore une fois, décidé à ne pas lui laisser une seule chance dans ses propos, de lui montrer que c'était peut-être une peine perdue que d'essayer de le convaincre. Il a cette impression de l'avoir vu partir à un moment où il était peut-être trop faible, il a envie de lui reprocher tous les problèmes dans sa vie tout en sachant que c'est complètement faux et qu'elle n'y est pour rien, ça serait juste injuste de la mettre dans une position comme ça, de la faire souffrir gratuitement.
Et si sa main tremble, ça peut-être toutes ces émotions qui semblent vouloir le submerger, non ? Comme le tremblement léger de son autre main aussi lorsqu'il la lève pour venir la stabiliser contre son visage, passant son pouce sur ses joues pour essuyer les larmes qui y coulent depuis, qui lui font l'effet d'un coup de poignard. C'est de ta faute, Storm. Il sent son coeur rater un battement lui aussi et pose finalement son regard dans le sien. "Ca ne sert à rien de pleurer, ça fait longtemps maintenant." Il dit ça comme si les années avaient tout effacé, comme si ça ne faisait rien de la voir dans cet état. Storm glisse ses doigts sur l'autre côté de son visage, essuyant les larmes d'un revers doux, avant de laisser retomber sa main, ça ne sert à rien, il tremble trop maintenant. Et la seule solution, ça semble être la fuite, non ? Alors il tente de retirer sa main de la sienne, sans vraiment essayer de la brusquer, lui laissant le choix de relâcher la force que sa détermination a mis dessus pour que ça ne soit pas brutal. "Je... je vais y aller. Je ne sais pas si on a vraiment des choses à se dire." Storm reprend, le ton plus bas, son regard fuyant le sien.

Elle attrape sa main dans la sienne et Storm réprimande le sursaut qui allait le prendre, son corps entier trop à l'affût du moindre mouvement, le manque s'insinuant trop en lui pour ne pas y penser malgré le visage d'Elizabeth en face de lui. Ses doigts tremblent contre les siens et il se sent démunit, il aimerait juste pouvoir s'éclipser, retrouver certainement l'intérieur de sa chambre, ou rien que l'habitacle de sa voiture pour pouvoir prendre quelque chose pour calmer la crise. Pourtant il n'arrive pas à bouger lorsqu'il la voit comme ça, malgré tout ce qui s'insinue en lui, malgré les frissons qui glissent contre sa nuque, et l'arrière-pensée qui lui rappelle trop que sa dernière prise est trop lointaine maintenant, encore moins sa bouche qui commence un peu à s'assécher, elle arrive à tout balayer, à reléguer ça au second plan, rien qu'à se tenir face à lui, les larmes qui coulent sur ses joues et cet air désespéré étalé sur son visage. Cet air qu'elle affiche à cause de lui. Il se déteste et sent clairement trop de choses remonter en lui, des sentiment qu'il pensait enfouit, peut-être même tuer dans le fond de l'âme, plus rien à ressortir. Pourtant il suffit qu'Elizabeth prononce son nom, le timbre de sa voix tremblant sous l'émotion, pour que Storm se refuse à faire un pas en arrière malgré ce qu'il vient de dire, malgré son désir de vouloir partir.
C'est sa main libre qui vient retirer les larmes sur son visage, essuyer avec une certaine douceur ses joues, sans un tremblement dans ses doigts en plus de ça, presqu'un geste parfait. Est-ce qu'il la trouve pitoyable ? Un sourire vient étirer ses lèvres, froid, presque cruel, mais pas pour elle, pour lui, c'est lui qu'il trouve pitoyable. "Jamais." Il glisse finalement, laissant entrevoir le Storm derrière tous ces fracas, avant qu'il ne remette ses murs pour mieux imposer une distance, lui rappeler, que c'était il y a tellement longtemps, comme s'il n'y avait plus que des regrets entre eux. "C'est juste que c'est de l'histoire ancienne, tu ne devrais pas te mettre dans un tel état." Il reprend, cette fois imposant presque le froid dans ses mots, comme si l'ensemble qu'ils forment n'existe plus à présent. Tellement de contradictions entre ses gestes et ses paroles, entre le regard qu'il pose sur elle et l'air froid qu'il tente de regarder.
Malgré la tentative, sa main ne se libère pas, Elizabeth tiens toujours la sienne et Storm retient son soupir, il n'a pas envie d'insister, pas au point de la blesser, même s'il ne peut s'empêcher de se demander à quoi il joue, à penser ça. Elle lui propose une nouvelle alternative, qui sonne presque comme du désespoir, elle ne veut pas le voir partir, et elle insiste, dans ses mots, sa demande, dans le regard qu'elle pose sur lui avant de finalement lâcher le main, mais certainement pas pour le laisser partir, au contraire, pour mieux s'agripper à lui. Les bras fins d'Elizabeth se resserrent autour de sa taille alors qu'elle se presse contre lui, son visage posé contre son torse, et il se sent comme un monstre lorsqu'il ne bouge pas, lorsque son corps contre le sien crie au désespoir et que tout ce qu'il trouve à faire c'est baisser son regard sur elle. Il y a un battant de quelques secondes qui se passe, lorsqu'elle commence à desserrer son étreinte sur lui pour certainement se reculer, c'est là où ça le fait réagir, Storm, et où il déplie doucement ses bras, un peu gêné par son imperméable, avant qu'il ne vienne l'étreindre contre lui à son tour. Cette fois c'est lui qui refuse qu'elle ne s'éloigne. Il sent l'émotion serrer un peu sa gorge et ses yeux s'humidifier trop rapidement, son regard donnant toujours trop d'informations sur ce qu'il ressent, toujours trop vite, et il se sent capituler. "Qu'est-ce que tu attends de moi, Lizzie ?" Il demande, sa voix toujours un peu distante, il ne comprend pas. Il n'arrivera jamais à rayer les cinq dernières années comme ça, tout en sachant qu'il est aussi responsable qu'elle, il ne peut pas le nier.

La sensation était presque devenue totalement étrangère depuis le temps, d'abord fantôme pour disparaître totalement, il avait oublié ce que ça faisait de la serrer dans ses bras, si petite, perdue dans cette silhouette gigantesque, ses bras qui l'ont toujours serrés plus que lui ne le faisait, de peur peut-être de la briser. Mais son corps ne semble pas avoir oublié, et si son bras a toujours cette douceur autour d'elle, sa main se rappelle aussi que sa place était posée sur sa nuque, ses cheveux emprisonnés dans le geste. Et Storm reste là, à tenir Lizzie contre lui, et ça pourrait être bien, sans doute, ça pourrait rendre l'amertume de ces cinq années moins prononcée, pourtant elle est toujours bien là, et a ça s'ajoute le manque qui ne s'est pas miraculeusement envolé, qui est toujours présente. Serpent dont il sentirait la langue darder dans sa nuque, comme pour lui rappeler, tentateur. Et lorsqu'il fait un focus sur ça, c'est tout son corps qui hurle, il peut sentir les tremblements et il n'y a clairement rien qui vient rattraper tout ça, rien du tout. Encore moins la vague brutale de souvenirs que l'étreinte lui ramène et qui font monter son émotion d'un cran, il ne pensait pas que ça lui ferait autant d'effet.
Alors il lui demande, ce qu'elle attend de lui, à se demander s'il y a une réponse magique dans tout ça, quelque chose qui viendrait les sauver, comme si de rien n'était, un deus ex machina que personne n'attendait. Elizabeth reprend la parole finalement, elle aimerait qu'il lui pardonne qu'elle soit partie, tout en trouvant la position un brin égoïste et Storm doit retenir le sourire moqueur sur ses lèvres, elle est si prévenante pourtant, et c'est lui le plus égoïste des deux, mais comment pourrait-elle savoir ? Il ne donnerait rien pour échanger sa place avec elle, lui donner toute cette souffrance et toute cette connerie qui grandi en lui, cette pression que les King pose sur ses épaules, qui le pousse à faire des choix que son coeur déteste mais que sa raison le force à faire. Il ne lui imposerait jamais ça, et c'est sans doute pour ça qu'il garde le silence, parce que s'il ne la pardonne pas, s'il fait semblant de la trouver égoïste, alors il pourrait la protéger un peu de toute cette tempête infernale. Storm, qui porte si bien son prénom. Pourtant elle le prend par surprise lorsqu'elle redresse soudainement la tête, rendant même la pression de ses doigts contre sa nuque faible, délicate, pour ne pas la forcer à rester là. Pendant un instant il se dit qu'elle va partir, mais leurs regards se croisent, et il se rappelle de l'émotion qui l'a submergé, de l'éclat brillant de ses yeux et l'air probablement perdu qu'il doit avoir, l'air aussi un peu maladif que le manque de drogue ne fait qu'accentuer, les derniers vestiges de sa chute sur son visage. Il y a cette surprise, presque candide, de leurs regards qui se croisent alors qu'il ne s'y attendait pas, le mettant un peu à nu.
Pourtant c'est elle la plus forte des deux, il a beau être bien plus grand, plus renforcé dans sa fierté de King, plus puissant à diriger une partie de la ville, c'est Elizabeth qui réunit tout son courage pour mettre ses sentiments à jour, sans trembler, sans se dérober, le regard déterminé. Storm l'observe en entrouvrant un peu ses lèvres, il est à court de mots mais c'est ce qu'il a ressenti lui aussi, se retrouver seul à Hawkins, sans elle, est-ce que ça faisait vraiment sens ? Il n'avait plus sa mère, plus son frère, elle partait elle aussi, et son père le réduisait à rien, il avait été obligé de faire tous ces choix qui l'ont mené à ce qu'il est aujourd'hui, n'est-ce pas ? "C'est ça," il commence finalement, si elle met le doigt sur ce qui ne va pas, pourquoi n'arrive-t-elle pas à comprendre que c'est aussi ce qui ne va pas chez lui ? "Ca ne fait pas sens." Il reprend en se mordant l'intérieur de la joue, les frissons commencent à se multiplier le long de sa nuque et il n'en peut plus, ça devient même compliqué de se concentrer. Sur elle, sur lui, sur ce qu'il doit être. "Pourquoi tu m'as invité à ton mariage ?" Il s'entend dire, presque surpris lui-même de ces mots qui ressortent, une autre amertume qu'il pensait avoir tué avec cette dernière lettre reçue d'Elizabeth lors de sa vie à New-York, l'annonce du mariage, une invitation, mais la dernière, elle ne lui a plus écrit jusqu'à son retour à Hawkins. Et lui a brûlé la lettre pour ne plus se torturer dessus.

Lorsque leurs regards se croisent, Storm sent les barrières qui se fragilisent à nouveau, il sent comme un désespoir dans le fond et le manque qui risque juste de le rendre complètement malade s'il ne fait pas quelque chose, il est à la merci de tout ce qui pourrait lui tomber dessus. Il ne se doutait juste pas que ça serait Elizabeth, en train de lui dire qu'elle voulait retrouver le sens de sa vie, dans cette esquisse de sourire, il y a presque une pointe de moquerie dedans, devant l'évidence de la chose et la simplicité. C'est vrai que c'est simple, mais lui il a l'impression que tout son corps est fait de glace et il n'arrive pas à répondre à son sourire, s'il revient lentement à lui, lui offre petit à petit le Storm qu'elle a connu, le King reste toujours trop présent dans ses traits marqués par le temps et les problèmes. Alors il enchaîne, se retrouve à poser des questions qu'il pensait avoir oublié, qu'il pensait avoir totalement détruire dans ses souvenirs, et qui pourtant est bien restée là malgré les années.
Le mariage, il est obligé de demander. Et sa réponse le prend par surprise, encore une fois, mais il ne le montre pas aussi purement cette fois, c'est seulement ses sourcils qui se froncent cette fois, alors qu'il analyse les paroles et commence à comprendre. Elizabeth voulait de lui, pour une place importante, et pourtant il ne peut s'empêcher de sentir l'ironie qui se glisse en lui, le sarcasme au bout de ses lèvres quand il reprend enfin la parole. "Tu penses réellement que j'aurais accepté ?" Il demande quand même, son regard cherchant le sien une nouvelle fois, il ne la pensait pas aussi naïve, mais peut-être que la bulle qu'elle s'était crée à New-York avait évité à la logique de se faire une place. Storm accueille le reste en restant impassible, elle n'est pas mariée parce qu'il a préféré partir avec une autre, et il ne sait pas quoi dire. Ca ouvre la porte à ses deux mariages à lui, ces filles qui auraient tout fait pour devenir une King, pendant que lui faisait exploser les relations de manière plus destructive que jamais. Il n'en a jamais voulu de ces mariages, de toute manière, c'était deux gestes désespérés, poussés par son père qui était enfin soulagé de le voir suivre un chemin normal, mais rien. Et les deux femmes ont disparues de Hawkins, avec pas mal d'argent pour les faire taire.
Storm détache lentement ses mains d'Elizabeth, un peu inquiet de sentir ses tremblements revenir à la charge un peu trop violemment, et cette fois rompt complètement le contact en se reculant pour ne pas rester dans l'étreinte. Il cherche dans la poche de sa veste, sa belle boîte dans laquelle il range ses cigarettes, mais récupère surtout le joint roulé et qui fera effet de placebo pendant une poignée de minutes encore. Il sort son zippo de son autre poche, allume le joint et redresse son regard à travers la fumée pour pouvoir retrouver celui de la jeune femme. "Et bien, c'est ce qui t'as chassé de New-York ?" Il n'en revient pas que ça l'ai poussé à quitter cette ville dans laquelle elle semblait s'épanouir, d'après ses lettres, et il se rend compte peut-être qu'elle était trop dévouée dans cette vie, trop dévouée pour cet idiot qui a filé avec une autre. Storm ne sait pas quoi dire, il continue de tirer sur le joint, sentant déjà son corps accepter un peu la drogue, en se disant que ça serait un début, et il baisse la tête pour le regarder entre ses mains, souffler dessus pour qu'il rougeoie un peu dans l'obscurité. "Tant mieux s'il s'est enfuit avant, ça t'as évité des déceptions dans l'avenir." Il reprend finalement, l'amertume encore plus présente dans sa bouche, et dans son regard il n'y a plus vraiment de trace de larmes, plus de candeur, tout a disparu, seulement le regard acéré de Storm, qui analyse et calcul sans arrêt.

Il la voit bouger face à lui, lorsqu'il s'éloigne, qu'il doit allumer son joint au risque de juste faire une crise qu'il n'a pas envie d'imposer à Elizabeth, mais il ne peut s'empêcher de la suivre du regard lorsqu'elle se transforme sous ses yeux. Elle ne pleure plus, se tient droite, elle a presque l'air terrifiante si Storm ne la connaissait pas aussi bien, et il sent quelque chose dans son coeur se resserrer un petit peu. Bonne note, c'est que son palpitant est toujours d'actualité, ça faisait longtemps qu'il ne l'avait plus senti se mouvoir pour quelque chose, peut-être à cause de la drogue aussi. Elle a un rire, qui sonne faux, qui fait un peu mal, et Storm redresse son regard vers elle, sentant les tremblements de ses doigts sur son joint quand il le porte à ses lèvres et qu'il reste fixé sur elle. Elizabeth parle de reproches alors que lui sent une espèce d'amertume revenir en lui, à une vitesse fulgurante, parce que ce n'était pas réellement ça, non ? C'est juste qu'il n'avait aucune émotion à apporter à cette histoire, mise à part un soulagement de savoir qu'elle n'est pas allé jusqu'au bout, que ce mec était un pur connard. Il lui aurait dit, s'il avait été avec elle. Mais s'il avait été avec elle, leurs vies auraient été bien différentes.
Ses mariages sont soudainement lancés dans la conversation et une pointe de colère le prend, fulgurante, encore plus que l'amertume précédente, il sent juste ce rire nerveux qui monte en lui. Est-ce qu'elle est bien placé pour parler de ça, vraiment ? Elle n'a aucune idée des déclenchements de ces mariages et de la pression qu'on lui a mis sur les épaules, parce qu'on n'est pas réellement un pur King si on ne fonde pas sa famille et perpétue le sang et le nom de la grande famille, n'est-ce pas ? La gifle atteint sa joue subitement, le bruit résonne entre eux avec force. Clac. Simple, rapide, efficace. Le regard de Storm croise celui d'Elizabeth, plus surpris qu'il ne voudrait le montrer, de ce geste qui n'a jamais eu lieu entre eux auparavant. C'est assez pour que le rire nerveux s'échappe de ses lèvres cette fois, et elle s'excuse, dit qu'elle ne voulait pas, mais dans son regard il voit qu'elle ne regrette qu'à moitié.
Il lève sa main libre, ses doigts se nouent autour de son poignet fin, sa main toujours levée entre eux, figée par le choc elle aussi, et il appuie son pouce dans le creux de sa paume, un geste trop doux pour ce qu'il vient de se passer. "On se ment maintenant, Lizzie ?" Il souffle, il sait qu'elle voulait le faire, pas besoin de le nier, ou de s'excuser. Et il relâche doucement le poignet, après y avoir glissé son pouce contre, une caresse légère, qui signifie presque qu'il ne lui en veut pas. Il peut comprendre. Mais il se redresse ensuite et hausse des épaules, le joint entre ses lèvres alors qu'il la dépasse finalement, la contournant. "Bonne soirée." Parce qu'il ne va pas rester là, pas après ce geste, pas quand tout son corps hurle, tremble, il ne sait même plus si c'est à cause du manque ou pour elle.