Elle commençait à connaître la salle d’attente par cœur à force de s’y rendre, Liv. Les affiches au mur, les prospectus d’aide, et les magazines laissés à la libre disposition de chacun. Elle avait eu le temps de tout étudier sans forcément le vouloir, alors même que sa venue aux séances pour accompagner son père n’était pas systématique. Elle aimait bien l’emmener la majorité du temps, dès que possible, en oubliant son travail à l’hôpital et sa vie personnelle pour faire de lui sa priorité. Et c’était normal, non? Il devait bien y avoir quelqu’un pour absorber ses crises, pour alléger ses peines. Rien que pour calmer les moments de transe que Liv était incapable de comprendre, et qui se faisaient de plus en plus présents. Et qui d’autre que sa propre petite personne pour surveiller ses progrès avec la psychologue, les autres King qui se fichaient éperdument de lui tant que les valeurs familiales n’étaient pas touchées? Certainement pas. Alors la brune avait fait du cabinet son lieu le plus fréquenté en dehors du service d’urgences de l’hôpital par nécessité, le visage de la jeune psychologue lui était devenu familier. Et le tout, sans que l’état de son père ne s’améliore réellement. Elle sourit par automatisme en voyant la jeune femme ouvrir la porte pour faire sortir son père, le creux de son ventre se resserrant aussitôt comme pour mieux anticiper l’annonce qu’elle allait lui faire. Pas de progrès sans doute. “Bien sûr, j’ai tout mon temps.”, qu’elle répondit à la jeune femme sans la moindre hésitation, en se tournant rapidement vers son père pour vérifier qu’il n’était pas en proie à une nouvelle crise. Elle le laissa à son fauteuil habituel en constatant que non, pour mieux suivre Elizabeth à l’intérieur de la salle ensuite. Elle avait déjà ses doutes quant à ce qu’elle allait lui dire, Liv, mais elle faisait mine de rien en s’autorisant un nouvel espoir de changement positif sans pourtant y croire. Elle obéit sans mal pour s’installer devant elle, accrochée à ses lèvres pour découvrir le verdict. Encourageant. Le mot paraissait vide de sens pour elle sans le contexte de leurs discussions. Se livrait-il sur l’accident qui avait tué la mère d’Olivia, sur les évènements qui le stressaient, ou sur les valeurs King? Aucune idée, mais elle acceptait le verdict de la psy sans avoir besoin des détails. “Tant mieux.”, se retrouva-t-elle à dire dans un souffle, en fronçant des sourcils pour laisser transpercer son inquiétude malgré tout. “Un ressenti?” La question la prenait un peu de court, marquant un peu plus les marques d’inquiétude sur son visage. “Il parle souvent d’une présence qui l’attire, mais son discours ne fait pas tellement sens.” Elle avouait en essayant de se souvenir de quelques détails, sans avoir la moindre idée de ce qui serait important ou non. “Je ne vois pas tellement ce qui pourrait l’attirer dans un ‘autre monde’, je pensais qu’il parlait de ma mère et que c’était sa manière de gérer sa mort mais… il ne m’a jamais expliqué ce qu’il voulait dire et je ne voulais pas insister de peur de l’énerver davantage.”, continua-t-elle, son regard dans celui de l’autre jeune femme comme pour attendre un verdict qui n’aurait rien d’effrayant. Seulement avait-elle vraiment envie de l’entendre dire que son père perdait bel et bien la tête au point d’être un danger pour lui-même, pas tellement. Ou alors c’était une question de quantité d’alcool qu’il ingurgitait dès qu’elle avait le dos tourné, et qui n’améliorait en rien son état. "Vous avez une idée de ce qu’il entend? Je dois m’inquiéter?” Elle reprenait, en attrapant une mèche de cheveux comme pour occuper ses mains et éloigner son inquiétude. Quel merdier. “Il vous fait confiance en tout cas.” Oui, c’était limite si le King ne lui parlait pas plus à elle qu’à sa propre fille. “Je vais commencer par croire que c’est cette ville qui le perturbe autant.”, qu’elle laissa filer dans un léger rire, sans avoir la moindre idée de ce qui l’amenait à plaisanter là-dessus.

La bienveillance qui transperçait le regard de la psychologue avait ce pouvoir de la mettre en confiance sans besoin de forcer. Et elle en avait besoin mine de rien, Liv. Elle n’allait pas se débattre ou omettre des détails volontairement s’ils pouvaient être importants, certes, mais sentir que la prise en charge de son père était faite par une personne qui se souciait réellement de lui pour le soigner restait encore sa seule priorité. Et elle avait trouvé cette confiance auprès de la jeune femme assise en face d’elle, qui lui faisait un débrief dès que possible et qui n’hésitait pas à creuser les pistes avec elle quand bien même les réponses à apporter n’étaient pas des plus faciles à donner. Et elle s’en fichait des difficultés pour elle, à partir du moment que son père pouvait se libérer un peu de sa culpabilité et de ce qui le rongeait de l’intérieur. Cette histoire de ressenti étrange l’avait prise un peu de court, et le froncement de ses sourcils le prouvait assez bien en laissant des marques d’inquiétude faciles à repérer. Elle ne comprenait pas ce que son père décrivait dans les bribes de mots qu’il lâchait dans ses moments d’errance, et ce n’était pas à défaut d’avoir déjà eu quelques théories sur le sujet. Et sa théorie principale était la plus compliquée à accepter, parce qu’elle demandait de se remettre dans le décès de sa mère aussi et de devoir faire des conclusions hâtives sur la culpabilité de son père à ce sujet. La réponse de la jeune psychologue était plus terre à terre, et Liv hocha doucement de la tête avant d’attraper le dessin qu’elle lui tendait pour l’analyser à son tour. Un bonhomme attiré par une masse noire qui semblait prendre le contrôle sur lui. Le dessin n’était pas d’une grande qualité artistique mais au moins le message était plutôt clair. “Je…Je ne comprends pas.”, se retrouva-t-elle à avouer en lâchant le bout de papier, en tentant de bien écouter la potentielle explication de la jeune femme. Un autre monde effrayant, qui ne serait pas forcément un havre de paix aussi bien pour lui que pour sa mère. Elle avait bien envie de dire que c’était encore dû à la culpabilité de son père quant à l’accident de voiture de sa mère, mais elle n’avait jamais eu à cœur de l’interroger sur le sujet, Liv, et elle n’était pas plus avancé sur la question. “Je ne pense pas être d’une très grande aide pour analyser sa culpabilité ou sa réaction quant à l’accident.” Elle glissa les mots dans un sourire faible, presque désolée de ne pouvoir en dire plus. Elle n’avait pas été là au moment des faits contrairement à lui, et elle l’avait laissé retourner à Hawkins sans elle juste après. Peut-être qu’elle aurait dû insister et qu’ils n’en seraient pas là si elle avait mieux gérer ses sentiments et son deuil à ce moment-là, mais elle avait fait de son mieux à l’époque. Et comment aurait-elle pu prédire une telle descente aussi, parce qu’elle avait été progressive avant qu’elle ne se retrouve à Hawkins pour constater le désastre de ses propres yeux. Elle laissa un souffle s’échapper de sa bouche, comme pour mieux reprendre ses esprits et s’empêcher d’accepter la culpabilité qui la narguait à son tour. Elle préféra affirmer la confiance que son père portait à Elizabeth à la place, prenant la mise en garde au sérieux juste après. Elle ne faisait que ça de s’inquiéter, Liv, et savoir que son père avait peur d’une emprise étrangère sur lui n’allait certainement rien arranger. La question de l’alcool était légitime, même si probablement pas suffisante pour expliquer le comportement global de son père. “Il ne boit jamais devant moi, mais je ne peux pas contrôler ce qu’il fait quand je ne suis pas là et…c’est compliqué.” Il y avait ce sentiment de désarroi, de ne pas se sentir capable d’en faire suffisamment pour lui. “Je le retrouve alcoolisé des fois, après les repas de famille.”, continua-t-elle en levant les yeux rapidement au ciel. Les influences sociales de son père n’aidaient personne, mais être un King restait la seule chose qui semblait lui faire plaisir et le maintenir un peu en vie dans ses moments de lucidité. Alors c’était encore plus compliqué à gérer pour Liv, surtout lorsqu’elle détestait ce monde-là qui lui était aussi hostile qu’étranger. “Il ne parle pas de ses cauchemars, mais je sais qu’il en a encore.” Il suffisait de l’entendre parler, parfois même hurler dans son sommeil pour le savoir. “Est-ce qu’il y aurait un traitement qui l’aiderait mieux?” Elle demandait, en sachant très bien que certains médicaments seraient plus forts pour le calmer, au moins la nuit. Elle était infirmière après tout, elle s’y connaissait un minimum et elle avait bien vu à l’hôpital que certains patients atteints de troubles similaires à son père pouvaient se calmer avec les médicaments adaptés. Mais elle avait aussi ses doutes, parce qu’elle avait bien vu que ce n’était pas une solution sur le long-terme. Il n’y avait que l’avis que de la jeune psychologue qui l’aiderait vraiment à se décider au final. “Il n’y a rien à faire pour lui enlever l’idée d’un autre monde, hein? Je dois l'accepter?”, finit-elle par demander plus directement, avec une inquiétude encore plus marquée sur son visage fatigué. Peut-être que ce monde existait après tout, et qu’elle était seulement trop lucide et logique pour l’autoriser.

La sincérité dans les mots de la psychologue Murphy n’aidait pas à éteindre la nervosité qui s’accumulait dans la tête de la jeune King. Elle avait ce nœud dans son estomac qui se nouait à chaque pensée qui lui venait, à chaque confirmation qui la maintenait dans une position d’incertitude quant à l’état de son père. Elle était perdue en fin de compte, Liv, et elle refusait de l’admettre et d’abandonner entièrement. Il ne pouvait pas aller si mal, ou du moins pas de manière définitive. Il n’était plus que la seule personne qui lui restait maintenant, et elle n’était pas en droit de se laisser aller à son inquiétude en oubliant l’important. Elle restait devant la psychologue avec des sourires faibles, et prenait connaissance de chacune de ses théories sans avoir de quoi les alimenter pour en trouver des explications. Elle avait fait preuve d’honnêteté à ce sujet d’ailleurs. Que ce soit aussi bien par rapport à l’accident qui avait tué sa mère et plongé Flint King dans sa dépression, ou sur le sentiment étrange qu’il ressentait en parlant d’un autre monde qui l’attirait. Et son problème d’alcoolisme n’aidait pas vraiment, même s’il refusait de le montrer à sa fille. Elle poussa un nouveau souffle pour accepter les nouveaux mots de la jeune psychologue, sans pouvoir réussir à aller bien loin pour trouver une solution à la situation. Merde, c’était un foutu cul-de-sac cette histoire et elle allait juste finir par devoir porter un nouveau poids de culpabilité sur ses épaules si elle continuait dans cette voie-là.
“Peut-être qu’en se reposant déjà plus, il pourra se calmer de manière progressive.” Elle faisait une suggestion dans le vide, sans vraiment y croire et sans pouvoir trouver de meilleure manière de répondre. Elle savait bien qu’un traitement ne serait que temporaire, elle avait déjà pu observer de ses propres yeux des personnes atteintes de démence dans le service psychiatrique de l’hôpital et elle en avait elle-même soigné quelques-uns. Seulement…elle se faisait encore un peu d’espoir, et à défaut d’une meilleure idée il ne lui restait plus rien. Elle reprit un nouveau souffle en voyant la jeune femme en face d’elle lui écrire une ordonnance, et glissa l’ordonnance dans son sac à main en fronçant un peu des sourcils au même moment. Comment ça, pas seulement de la démence? Et ça voulait dire qu’elle devait accepter cette idée d’autre monde une fois pour toute parce que…? Elle n’allait quand même pas lui dire qu’il existait bel et bien, si? “Comment ça?”, s’entendit-elle demander, le visage marqué par l’incompréhension et la peur d’entendre de nouvelles rumeurs qui n’avaient aucun sens. Non, qui ne pouvaient pas avoir de sens. La confession d’Elizabeth montrait pourtant qu’il y avait bien quelque chose qui clochait, et Liv lui faisait suffisamment confiance pour comprendre qu’elle ne prendrait pas le risque de lui faire une telle confession si aucune vérité ne se cachait derrière. “Un autre monde qui serait le même pour tous?” Elle posait sa question dans un autre froncement de sourcils, comme si ça pourrait l’aider à trouver une explication logique à cette situation. Sauf que…c’était bien ça le problème pour son esprit cartésien: il n’y avait plus aucune logique. “Je vois bien qu’il y a de plus en plus de personnes troublées aux urgences mais…je crois que ça ne peut plus être un hasard.”, qu’elle lâcha dans une incompréhension la plus totale. Elle ne voulait toujours pas y croire entièrement, et aussi bien Elizabeth qu’elle-même n’avaient aucune preuve pour appuyer toutes ces théories délirantes, mais il fallait admettre que quelque chose d’étrange était en train de se dérouler. “À moins qu’il ne s’agisse que d’un coup monté de tout le monde mais bon.” Aucun risque là-dessus, n’est-ce pas?  

Tout ne reposait plus que sur des hypothèses désormais. Peut-être qu’un traitement l’aiderait, peut-être que du repos serait nécessaire pour s’assurer d’une amélioration progressive. Elle n’avait plus d’autres choix que de se remettre à l’avis expert de la psychologue Murphy, Liv, et elle devait ranger son inquiétude devant son père pour ne pas contrebalancer les effets d’un traitement sûrement. Elle connaissait bien les démarches médicales, elle les pratiquait même avec ses patients, seulement elle se sentait aussi perdue qu’une gamine lorsqu’il était question de son père. Elle donnerait les bonnes doses et surveillerait l’effet du médicament sans le moindre doute, mais le côté affectif irait probablement lui crever un peu plus le cœur et elle avait besoin d’un avis extérieur pour être sûre qu’elle ne faisait pas n’importe quoi. Elle laissa échapper un soupir, hochant de la tête avec sérieux en même temps comme pour imprégner un peu plus les mots de la jeune femme. “J’espère qu’il s'en sortira.”, qu’elle lâcha dans un souffle, signe d’une légère faiblesse de sa part quant à la situation.
La confession de la jeune psychologue sur ses autres patients avait renforcé l’inquiétude perceptible entre le froncement de ses sourcils. Cette histoire d’autre monde dépassait son esprit logique et cartésien, au point de croire le temps d’un instant à un canular de la part de toute la ville. Pourtant au fond d’elle elle savait, Liv, elle avait ce foutu ressenti qui lui disait qu’elle devait croire ce qu’on lui racontait et qu’elle devait accepter que la logique n’avait pas sa place. Elle hochait la tête devant les mots de la jeune femme, en tentant de trouver une explication sans y parvenir pour autant. Rien ne faisait sens depuis qu’elle avait emménagé dans cette ville, et l’alcoolisme et la dépression de son père ne pouvaient même plus être la seule raison à son comportement. Les étrangetés aux urgences se multipliaient aussi, et le discours d’un autre monde confié dans des balbutiements parfois lucides n'aidait en rien.
“C’est vrai.”, qu’elle finit juste par admettre, sans savoir comment rebondir davantage sur les mots d’Elizabeth. “Je ne comprends rien à cette histoire d’autre monde mais j’en entends de plus en plus parler.”, rajouta-t-elle en fixant son regard noisette dans celui de la jeune femme, bien consciente qu’elle ne pourrait pas plus l’éclairer pour autant. “J’ai l’impression de vivre dans un conte à l’histoire tordue.”, qu’elle avoua dans un rire nerveux. Elle passait trop de temps dans ses lectures peut-être, mais cette histoire d’autre monde terrifiant avait des arrières-goûts de fiction horrifique créée dans le simple objectif de terrifier les lecteur.trices. Puis elle releva la tête en entendant la jeune femme parler de son propre père, en faisant tomber le masque de la psychologue un instant. Et elle savait bien que ce n’était pas habituel pour aussi travailler dans le médical, Liv, donc ça rendait sa phrase encore plus importante. “Une disparition?” Elle répétait ses mots, sans oser demander directement si le père de la jeune femme était revenu ou si elle devait se faire encore plus d’inquiétude par rapport au sien s’il suivait le même chemin. Les deux étaient possibles, et Liv avait une claire préférence. “Il y aurait un lien avec les disparitions actuelles alors?”, reprit-elle, en s’adressant à la jeune femme et non à la psy. Son esprit avait encore du mal à se faire à cette idée-là, mais faudrait bien qu’elle se fasse à cette possibilité.

L'incertitude sur l’avenir de son père commençait à la dépasser. La réalité la rattrapait depuis plusieurs mois déjà, et c’était d’ailleurs pour cette raison qu’elle était venue s’installer à Hawkins sur un coup de tête, mais elle avait cette impression de dégradation de jour en jour dans l’état de son père sans réussir à l’aider ne serait-ce qu’un peu. Elle avait le poids de sa propre culpabilité sur les épaules en plus de le voir sombrer, et les lueurs d’espoir qu’elle gardait encore en elle semblaient bien éphémères. Et sans être sa séance de psy à elle, Liv voyait bien dans le regard de la psychologue assise en face d’elle qu’elle ressentait parfaitement bien son état d’esprit sur la situation. Elle hocha doucement de la tête en l’entendant lui répéter que tout serait fait pour qu’il s’en sorte, gardant pour elle ce pincement au cœur qui voulait la convaincre du contraire. “J’ai confiance.” Le mensonge sonnait faux, et à ce stade elle ne savait même plus si elle cherchait à rester convaincante.
Le sentiment d’insécurité que ressentait son père semblait se retrouver chez d’autres patients en tout cas, et Liv notait l’information avec sérieux sans savoir comment l’interpréter pour autant. Elle avait bien remarqué les arrivées de patients aux urgences qui parlaient dans un discours incompréhensible, mais elle n’avait jamais pensé le relier à celui de son père. Cet autre monde qui était au centre de leurs angoisses sans réussir à le décrire, les absences qu’ils avaient. Elle n’y avait toujours pas trouvé d’explication dans son ensemble, Liv, et sa logique lui empêchait encore d’accepter l’idée que tout puisse être lié. L’avis de l’autre jeune femme l’intéressait assez en tout cas, parce qu’elle lui faisait confiance mine de rien et qu’elle serait capable de se laisser convaincre plus facilement si les hypothèses venaient d’elle. Elles étaient déjà d’accord pour écarter le conte pour enfants de la liste des explications, même si les événements pouvaient se rapprocher de loin des romans que la brune avait pu lire dans sa jeunesse. “J’imagine que ce n’est pas une coïncidence si les patients des urgences ont le même discours que vos patients.”, finit-elle par concéder dans un nouveau souffle, sans que cette réalité ne lui plaise réellement. Car ça ne les avançait pas plus, non, et ça venait juste l’embrouiller davantage.
La confession de la jeune femme sur sa propre histoire avec son père l’avait ensuite touchée. Déjà parce que partager sa vie personnelle montrait qu’elle dépassait le cadre médical et prouvait qu’elle lui faisait suffisamment confiance, et ensuite parce que la disparition qu’elle avait connue l’attristait de manière profondément emphatique. Et bien évidemment, parler de disparition n’allait pas effacer ses propres craintes sur l’avenir de son père, mais ça venait conforter l’idée - aussi désagréable soit-elle - que les événements à Hawkins n’avaient rien de nouveau. “Je suis désolée de l’entendre.”, lâcha-t-elle avec sincérité, un léger sourire compréhensif entre ses lèvres. Elizabeth avait l’air indécise sur le lien entre son père et les disparitions actuelles, et Liv ne pouvait pas affirmer le contraire quand rien ne venait le prouver. Puis ce n’était pas à sa place de l’affirmer, elle espérait juste que son père revienne, et qu’il n’y ait aucune attache avec l’autre monde de son père à elle. “Je ne voulais pas vous pousser à partager un avis non-professionnel, je m’excuse.”, reprit-elle sans savoir tellement si de telles excuses étaient nécessaires. Elle était juste encore plus perdue qu’avant sur cette notion d’autre monde, et était prête au moindre petit indice pour aider son père de son mieux. Et au moins elle savait qu’il n’était pas le seul à en parler, et…ce n’était probablement pas une bonne nouvelle non plus, même si c’était mieux que l’idée qu’il puisse parler du monde où se trouvait sa mère? Aucune idée. "Je vous fais confiance en tout cas." Encore la seule certitude qu'elle avait dans toute cette situation-là, Liv.