Il ne faut jamais se séparer, c'est ce qu'il a dit le vieux Hopper, alors c'est ce que Nori et Circe ont fait lorsqu'elles ont quitté la marche désastreuse, elles ne se sont pas quittés. Elles ont juste agité vaguement de la main vers le reste pour mieux prendre le chemin de la maison de Nori, pour mieux oublier cette soirée et pouvoir se concentrer sur ce qu'elles vont faire maintenant. Mais il est tard et Circe a sorti de son sac une petite bouteille avec du courage en liquide à l'intérieur, juste de quoi leur faire un peu oublier tout ce bordel alors qu'elles se partagent la bouteille sur le trajet. "Tu sais le plus triste," elle lâche dans un petit soupir finalement alors qu'elle marche sur le bord du trottoir, sur la pointe de ses baskets blanches pour jouer à la funambule. "C'est qu'à New-York on aurait passé une soirée tellement cool, on aurait pu se faire un cinéma, boire un milkshake au dinner..." Une vie plus fabuleuse que de marcher pour des gamins disparus dont tout le monde s'en tamponne le coquillard. Elle étend son bras ensuite pour chercher la main de Nori dont elle vient mêler leurs doigts avant de lever son bras à elle aussi pour lui assurer une stabilité dans son avancement à moitié dans le vide, un très haut vide de dix centimètres, si elle tombe, elle risque de se faire très mal, bien sûr. Elle a besoin de s'accrocher à quelque chose. Et elles arrivent à la maison de Nori, Circe prise dans un petit fou rire, peut-être à cause de la pression qui retombe, peut-être parce que sa tête tourne rien qu'un peu, juste assez pour trouver la vie plus agréable. Ou peut-être c'est juste Nori. Circe se laisse tomber sur le lit de la blonde, les jambes en dehors du lit parce qu'elle n'a même pas retiré ses baskets encore. "C'était vraiment de la merde cette marche, un truc pour les pouilleux du coin." Elle rajoute en roulant un peu des yeux et se redresse sur son coude pour pouvoir observer Nori, un petit sourire désolé aux lèvres. "On ira t'acheter des nouvelles chaussures demain, t'en penses quoi ?" Elle propose avant de s'affairer à retirer ses baskets, pour pouvoir mieux les abandonner dans un coin, remontant la capuche de son hoodie en se laissant tomber sur le lit à nouveau, et la déesse promène son regard sur la blonde face à elle. "J'ai de quoi faire un joint dans mon sac, si jamais." Elle propose en lui faisant signe qu'elle peut se servir.

Qu'elles s'éloignent enfin de la toxicité de cette bande d'imbéciles, Nori marche dans un silence de mort, laissant derrière elle les remarques déplacées et les idées farfelues moralement fatiguée par cette escapade. Les griffes rentrées, elle prend volontier une lichette de liquide, l'accueillant avec plaisir lorsqu'il brûle sur son passage. L'idée de New York, nom glissé sur les mélodieuses lèvres de Circe, éveille en elle une pensée mélancolique, une perte dans ses pensées, noyée dans cette plaie toujours béante. L'idée d'une maison, de la sécurité des lumières de la ville jamais endormie, de la maison, ce qu'elle ne retrouve pas ici. Seulement Circe est un bout de maison qui persiste, pour cela que Nori ne s'en décolle qu'à de rares occasions. "Ces petits bouseux." qu'elle râle dans sa barbe, souillée d'avoir donné autant d'attention à cette bande de paysans. C'est quasi tout ce qu'elle dit sur le trajet jusqu'à chez elle, silencieuse et nerveuse, seul son regard sur Circe lui arrache un sourire tendre.
La maison endormie les accueille à grands ouverts. Nori essuie ses chaussures, innocentes, boueuses avec un crèvecoeur de les voir dans un tel état. "Tu sais que je dis jamais non à ça." dit-elle avec un sourire complice avant de retirer sa veste et se laisser tomber sur le lit avec un lourd soupir. "Des heures à piétiner dans la boue pour rien du tout. Tout le monde pense que l'idée qu'un tueur soit dans la nature est complètement folle alors qu'ils croient aux monstres qui viennent d'une autre dimension pour enlever des gens. Sérieux, ils ont vraiment été fini à la pisse ici. Vivement qu'on rentre chez nous." la pensée enfin dite haute, de façon moqueuse, Nori soupire une nouvelle fois alors qu'une main passe dans ses cheveux. Elle se redresse, le sourcil arqué, intriguée par l'offre. Comment refuser quoi que ce soit à Circe ? Bonne question.
Comme d'habitude, elle prend aisément les affaires de Circe et fouille dedans comme si le sac lui appartenait. Depuis le temps qu'elles se connaissent, la gène n'est plus du tout familière entre elles. Elle trouve tout ce dont elle a besoin et commence à rouler, assise en tailleur sur son lit. Quand tout est prêt, elle avance la feuille vers Circe. "Coup de langue, vipère." qu'elle demande (exige?) d'un léger sourire en coin, retenant son rire.

Elle voit bien sur le visage de Nori que ça ne va pas des masses, qu'elle a l'air triste, et elle doit se sentir aussi flouée qu'elle d'avoir perdue sa soirée à faire cette marche, avec tous les idiots du coin. Mais Circe tente de lui remonter le moral du mieux qu'elle peut, elle repense à la séance shopping qui ne pourrait qu'apporter du baume au coeur à la belle blonde, et c'est visiblement réussit quand elle voit le sourire sur ses lèvres. "Cool, demain on fera ça, après avoir profité de ta piscine aussi, parce que bon..." C'est l'été et il fait chaud en journée, elle a quand même ses priorités la sirène, et patauger dans l'eau en compagnie de Nori ça semble plutôt pas mal. Elle se plaint ensuite de la marche, pour la forme, sachant qu'elle trouvera un écho entre les lèvres de Nori qui ne se fait pas prier pour renchérir alors que Circe se retient de rire, installée sur le lit, un peu de travers, et qu'elle jette un coup d'oeil à la blonde qui la rejointe. Elle ne répond pas tout de suite, parce que dans le fond elle ne peut pas s'empêcher de se dire que ça serait possible, ces monstres qui viennent capturer les habitants, ça commence toujours comme ça dans ses comics, mais en général y a toujours des superhéros assez cool qui débarquent pour tout casser. "Tu penses qu'ils ont vraiment disparu, toi ?" La brune étire du bout des lèvres en observant le plafond avant de tourner la tête sur le matelas pour pouvoir observer Nori en contrebas. "J'pense que Billie essaye de me la mettre à l'envers pour pas terminer notre projet pour le cours de sciences, ça m'énerve un peu." Circe rajoute, perdue dans ses pensées avant de rouler des yeux, surtout que Nori a commencé à rouler le joint et c'est bien mieux, elle préfère penser à ce qu'elles feront, quand elles retourneront chez elles, quand New-York sera leur salut et ce trou à rats mis derrière elles. C'est la voix de la blonde à ses côtés qui la tire de ses pensées alors qu'elle lui tend le joint presque terminé, se retenant de rire à la demande. "Ce n'est pas un travail pour notre jolie reine ?" Elle demande alors que ses doigts viennent déjà s'enrouler autour du poignet de Nori et l'attire un peu à elle, avant de venir passer sa langue sur la feuille, retenant un rire lorsqu'elle relâche doucement sa prise pour la laisser terminer. "Tu devrais, mh, finir genre styliste ? Même si mannequin ça peut être cool. Mais si t'es styliste c'est encore mieux, tu pourras me faire des belles robes pour quand je serais invitée aux remises de prix." Circe reprend, le regard un peu brillant alors qu'elle attrape le briquet dans la poche de son hoodie, et vient allumer le joint que Nori a glissé entre ses lèvres, et elle reste un peu à la regarder lorsqu'elle tire la première taff, un sourire s'étirant sur ses lèvres. "On serait des stars." Elle rajoute, la tête pleine de rêves.

Difficile de ne pas être tendue après toute cette connerie d'escapade, en plus ses chaussures sont complètement foutues, autant dire qu'elle ne souhaite qu'oublier l'endroit où elle se trouve, sa pathétique vie de fille des villes coincée dans un horror show même pas bien déroulé. Ils auraient au moins pu choisir des figurants à la hauteur, tous sentent le furet et c'est vraiment insupportable pour quelqu'un qui a encore le sens de l'odorat. Ses yeux se tournent à nouveau vers Circe, le temps de prendre en considération sa question, discussion sur les récents événements qui n'arrive jamais si ce n'est pour des plaisanteries sombres. "Je pense qu'ils ont tous voulu se barrer sans prévenir, je veux dire... qui ne voudrait pas se barrer de ce patelin ?" qu'elle pouffe ironiquement avant de balayer le sérieux et le dramatique d'un signe de la main. Ce n'est pas son genre de théâtralité, elle préfère être celle qui est mise en avant, pas des ringards qui ne manqueront à personne. Nori l'écoute parler d'une oreille alors qu'elle s'attelle à faire les choses sans en foutre de partout sur les draps, ça ne l'empêche pas de rigoler. "C'est pas une grosse perte, t'auras une meilleure note sans elle." de toute façon, ils n'ont que de l'eau dans la cervelle.
Observant Circe l'aider à sa tâche, la langue qui humidifie la papier, Nori la détaille d'un léger sourire en coin qui s'élargit au fil des secondes dans une innocente inconscience. C'est comme un film passé au ralentit. Quand elle retrouve la mobilité, elle termine simplement, lui laissant admirer son oeuvre. Une roulée à la perfection selon son oeil de pseudo experte. "Babe, je vais même devenir la prochaine Westwood et n'habiller que ceux qui peuvent se payer une maison cash. Que du cash." qu'elle dit rêveuse, trop même, voyant déjà son nom en lettres capitales dominer Wall Street, la renommée, la célébrité, l'argent, mais surtout la mode, passion dévorante de la future nouvelle enfant terrible du fashion world. La blonde cale le joint entre ses lèvres et se couche aux côtés de Circe, sur le ventre. "Tu seras ma muse, toutes tes sorties officielles se feront sous ma marque, je veux bien m'associer avec la future plus grande star de Broadway." dit-elle en peignant un avenir plus que parfait, ce qu'elles méritent pour tant de malheur et de tristesse, pour s'être vue arrachées d'un cocon pour vivre ici, dans cette bourgade qui pue la merde. Nori regarde Circe en rigolant, imaginant son visage illuminé par les lumières de la scène pendant que des fleurs se jettent à elle. "C'est ce qu'on mérite, pas de pourrir dans ce trou du cul du monde." elle soupire et tend le joint à Circe. "J'ai entendu ma belle-mère et mon père discuter d'avoir un enfant. Ew, t'imagines ? Déjà qu'il aurait la gueule de cette vieille mégère, en plus il serait à moitié bouseux... T'imagines l'horreur ? Et je parie qu'en plus il aurait un nom à la con genre Stephen ou Charlie." et surtout hors de question que cette petite merde lui pique ma place de petite personne.

Evidemment, le souvenir des disparus reste avec elles après cette marche, mais pas d'une façon positive, d'une façon qui reste en tête de manière désagréable et elles sont obligé d'en parler, de se dire que les disparitions sont dû à juste un mouvement de foule, l'envie dingue -ou pas- de partir d'ici. "T'as raison... On devrait peut-être partir nous aussi, t'en penses quoi ?" Circe demande avec une certaine douceur en regardant vers Nori et vient mêler leurs doigts, comme pour se permettre de rêver un petit peu. Elle sait que sa briserait le coeur de sa mère, qu'elle s'enfuit pour retrouver New-York et pourtant elle saurait où la trouver si jamais elle devait se lancer dans des recherches. Elle relâche la main de Nori pour la laisser rouler le joint ensuite, histoire qu'elle puisse quand même réussir à le faire sans qu'il n'y ait une catastrophe. Elle ne peut s'empêcher de demander, le regard sur le plafond, à se demander si Billie a vraiment disparue pour pas terminer leur projet, ça serait fort probable. Même si une petite voix dans sa tête lui dit que non, clairement, mais elle la met en veilleuse. "Oh oui c'est sûr que j'aurais une meilleure note sans elle, déjà devoir faire des duos c'était débile, les profs ont aucune bonne idée non plus." Vraiment rien qui va ici, en gros.
Circe se retrouve ensuite à répondre à l'exigence de Nori pour venir humidifier la feuille, ses doigts exerçant une très légère pression contre le poignet de la blonde lorsqu'elle se redresse, un sourire au coin des lèvres quand elle croise son regard. Elle écoute ensuite Nori lorsqu'elle parle de son futur, des clients qu'elle aura, mais c'est surtout le fait qu'elle sera sa muse qui lui tire un sourire sur son visage de poupée, le coeur battant un peu plus fort. Circe capte la blonde lorsqu'elle s'installe à ses côtés, elle se couche aussi, mais sur le ventre, et elle redresse un peu son regard vers elle pour l'observer à loisir. "Evidemment, je mentionnerais ton nom tellement de fois, mais à force ils n'auront même plus besoin de l'entendre, ils sauront que c'est toi. Et ils attendront juste de voir comment je vais arriver et ça sera à se damner." La sirène reprend dans un petit rire, battant doucement des cils avant de glisser son regard vers Nori pour l'observer. Ses doigts effleurent les siens lorsqu'elle récupère le joint alors qu'elle le porte à ses lèvres pour tirer dessus ensuite, fermant les yeux pour éviter la fumée dedans. "Mhh, oui, on mérite mieux qu'être ici." Elle dit et son coeur se serre un peu, par contre le reste la fait tousser un peu sur la nouvelle latte prise. "T'es pas sérieuse ?" Circe demande lorsqu'elle arrive à parler, les yeux un peu brillants de larmes, et elle l'observe, presque choquée. Elle a eu de la chance, elle, de voir Romeo avant de donner son aval à sa mère. "Stephen ou Charlie," elle glisse quand même dans un petit rire. "Mais tu peux pas donner ton avis ? Et leur dire de ne pas gâcher ta vie comme ça ? Tu mérites pas ça." Circe reprend du bout des lèvres après avoir tiré un peu plus longtemps sur le joint et qu'elle finit par le retendre à Nori, après avoir cendré le joint dans le cendrier qu'elle a ramené aussi. "Tu veux pas qu'on lui fasse un peu la misère pour lui faire oublier l'envie d'avoir un gamin?" Elle demande pour mieux remonter le moral de Nori, passant maintenant ses doigts libres dans les mèches blondes pour jouer avec un instant.