Si te rendre à la marche de soutien était une évidence, tu devais également avouer que tu n'en avais pas parlé à Lou. Simplement parce que tu sais ce que lui ou son crew pense de tout cela, ce qu'il pense des disparitions, et tu crains de deviner ce qu'il penserait de toi, si tu lui avouais que toi, tu y croyais. Si tu lui parlais des dessins étranges dans le bureau de ton père, des heures que tu passes avec ta bande à la Scooby-Doo, chassant des fantômes qui n'existent peut-être que dans vos têtes. Alors tu n'avais rien dit, mensonge par omission, c'est ainsi que sa s'appelle et même si sur le moment, il avait fait bonne figure, tu avais senti que depuis les choses étaient un peu différentes entre vous. Qu'il y avait comme une distance et tu n'aimes pas cela. Bien que ton coeur soit toujours sûr de ses sentiments pour le beau blond, il reste ton ami, l'un des plus proches et tu regrettes ton mensonge, parce que tu es comme ça, Heather.

Et c'est pour cela que tu décides de débarquer chez lui, un peu par surprise mais au moins, il ne pourra pas prétendre ne pas avoir le temps ou autre chose. Tu toques à la porte et c'est sa tante qui ouvre, te saluant comme toujours avant de t'informer qu'il était dans sa chambre. Tu connais le chemin par coeur depuis que votre petit jeu à commencer et ça t'amuse de voir à quel point vous êtes crédible aux yeux de tous. Arrivant rapidement devant sa porte, tu laisses ta main frapper doucement contre la porte.

« 'Whassup babe ! » Le sobriquet était toujours aussi immonde... Je m'étais efforcé de clamer haut et fort mon amour pour Heather afin d'être entendu de ma tante en bas, avant d'inviter nonchalamment ma camarade à entrer dans ma chambre... Je claquais fermement la porte en me retournant vers Heather, grand sourire factice sur les lèvres, l'air bien plus enjoué que je ne l'étais après une longue marche inutile dans les bois... Mon Walkman encore dans les oreilles, faute d'avoir besoin de musique afin de me pencher sur mes devoirs, je jetais rapidement l'appareil sur mon lit afin d'entendre mon interlocutrice.
« 'Un 'blème Heather ? T'as fini la marche avec tes potes ? » Je contournais nonchalamment ma "petite copine" afin de retrouver mon bureau, m'asseyant délicatement sur ma chaise avant d'attraper un paquet de chewing-gum encore fermé... La venue d'une Heather sauvage à dix heures du soir n'était pas extrêmement rare. Elle n'en était pas anodine pour autant... Je déchirai lentement ma boîte de freshen up avant d'en croquer deux, ne manquant pas d'en proposer à ma camarade en lui tendant mollement le paquet... Allait-elle vraiment m'embêter avec les événements de ce soir ? Avec un peu d'chance, elle souhaitait s'investir dans l'organisation de la soirée de Seth... Dans le pire des cas, elle me ferait part de sa tristesse quant à la disparation de je-ne-sais quel clampin sorti du trou du cul des Etats-Unis.
Malgré mon appréhension face à la visite de ma copine de fortune, je tâchai de garder l'air frai et avenant qui était devenu ma marque de fabrique.

« T'sais qu'on a contrôle d'histoire, demain ? » Je jetai nonchalamment un coup d'oeil sur ma fiche de révision, comme tentant de contourner le sujet qui allait m'être jeté à la gueule. « Louis... Croix, V.. Cinq ! Louis cinq ! C'est bien un pharaon right ? »

Si au fond de toi, tu étais persuadé que Lou était un gars bien et bien moins en apparence qu’il ne le montre, il n’empêche que parfois, tu ne sais pas trop comment t’y prendre avec lui. Il est un mystère sur bien des points et tu ne veux pas briser votre amitié avec une dispute digne du couple que vous n’êtes pas vraiment. Naturellement, tu t’assois sur son lit avant de reprendre. « Tu étais zarb tout à l’heure, je voulais juste m’assurer que c’était cool entre nous ? » En réalité, vous l’étiez tous les deux, aucun de vous ne pensais tomber sur l’autre et cela, c'était probablement vu plus que vous l’auriez souhaité. Et même si la raison de sa présence était un mystère que tu aimerais bien résoudre, tu trouvais cela bien qu’il soit là, qu’il montre de l’intérêt pour la ville malgré ce qu’il pense d’elle. Tu déclines son offre de chewing-gum, l’heure ne s’y prête pas pour toi et puis, tu t’en tapes des chewing-gum tu espères juste qu’il va être franc pour que vous puissiez passer à autre chose. A des choses plus intéressant que cela parce que tu le connais, tu détournes la conversation.

« Sérieux mec ? Louis cinq ? » Est-ce qu’il a existé au moins ? Ca t’en sais rien mais la leçon ne porte pas sur lui, c’est une évidence, tout comme le X derrière son nom n’est pas une simple décoration ou l’initiale d’un second prénom. « Louis quinze, sweety et ce n’était pas un pharaon mais un roi français. File-moi tes fiches, je ne peux pas laisser mon petit ami se ridiculiser. » Tu lui fais signe de te donner ses fiches pour que tu puisses y jeter un coup d’œil. Tu es loin d’être une intello, en apparence surtout, tu es la fille dans la moyenne dont on ne parle pas. Mais ta mémoire est parfaite et elle retient beaucoup de choses et ce genre de chose, c’est quand même assez important, non ?

« 'Wait whaat ?! J'étais zarb ?? C'est ma coiffure c'est ça ? Fuck ! J'étais sûr que c'était pas une bonne idée de suivre les conseils de Circe... » J'voulais pas passer pour le weirdo d'service putain ! Y'en avait déjà bien assez comme ça ! "Zarb"... Qu'est-ce qu'elle voulait dire par zarb ? Fiooou.. Chill man... C'était pas juste la pire insulte qu'on pouvait me sortir en pleine gueule. Nooon, non tout allait bien. Ma copine de fortune venait d'me traiter de "zarb", mais mon ego en avait pas pris un coup. Noon, j'allais pas me jeter par la fenêtre dès qu'elle quitterait ma piaule.

Je me levai finalement de ma chaise afin de rejoindre Heather assise sur mon lit, l'air préoccupé par les derniers mots de la jeune fille :
« T'assurer que c'était cool entre nous ? Tu vas m'faire flipper Heather, j'suis vraiment si "zarb" que ça ? » Je gloussai nonchalamment, histoire de détendre l'atmosphère. Dang ! C'est qu'en quelques mots la bougresse avait plombé l'ambiance, c'tait dangereux ces conneries !
« Hey hey hey ! » Je me penchai vers elle, comme pour paraître vainement réconfortant. « Pourquoi tu t'inquiètes ? J'ai b'soin de toi ! T'en fais pas ! » Pas les mots les plus réconfortants, ça c'était clair... Il était difficile de jouer le petit copain jusque dans l'intimité. La théâtralité grandiose d'un couple heureux en plein couloir était franchement plus fun à jouer que ça...

« Sans toi, comment j'fais pour en apprendre plus sur les rois italiens de mes deux ! » Surjouer la connerie exubérante afin de ne pas se concentrer sur les sujets qui allaient me faire chier... Il serait franchement con de commencer une fausse dispute de faux couple, j'avais pas signé pour ça !

Assise sur son lit, tu souris en voyant sa réaction. « Tes cheveux sont parfaits » Ca t’amuses de le voir réagir ainsi, tu comprends aussi que vous n’êtes pas sur la même longueur d’onde, qu’il n’a compris ce que tu voulais dire ou alors au contraire, il a compris et fuit le sujet, c’est difficile de savoir avec Lou. Il a beau être ton faux petit ami depuis plusieurs mois, tu n’as pas encore tous les codes pour le comprendre parfois. « Je parlais de nous, imbécile ! » Ce n’est pas une insulte, plus une manière de parler, de lui faire comprendre que c’était la situation qui étrange. D’ailleurs, si il avait été à tes côtés, tu lui aurais probablement donné un petit coup pour illustrer tes propos. Il vient ensuite à tes côtés, tu sens que ses mots veulent te rassurer et ça te touche. Même sans sentiment amoureux, Lou reste ton ami et durant une seconde tu vois le gars bien derrière l’allure parfaite. « Et moi de toi, juste, c’était étrange qu’on ne sache pas que l’autre serait à la marche. C’est un détail mais un détail qu’un couple connait de l’autre, faut qu’on se méfie, ok ? » Ne pas aller sur le chemin de ta véritable présence t’arrange. Mais il était aussi question de votre crédibilité, de ne pas se trahir dans un détail.

Il te parle ensuite du devoir d’histoire et tu comprends sans trop de mal que ce n’est pas son domaine. Pas le tien non plus, toi, tu as l’âme cachée d’une scientifique –merci papa-. « Français ! » Cette fois, il est plus proche et il n’échappe pas à ta main qui le pousse légèrement. « Et sans moi, tu vas finir par ruiner ton année ou par devoir prendre des cours de tutorat avec un nerd. »

Je passai nonchalamment une main dans mes cheveux, recoiffant ma tignasse blonde de façon superficielle et dramatique face au commentaire voulu rassurant de ma camarade... Bien entendu qu'elle parlait "de nous"... Croyait-elle vraiment que j'allais me débarrasser de son charisme comme une vieille chaussette sale ? Heather notre cheerleader nationale était bien trop précieuse à mes yeux ! Quel genre d'image avait elle de moi ? Une enflure capable de jeter ses camarades à la moindre contrariété ? La bougresse n'avait pas tout à fait tort... OKAY D'ACCORD ! Sa question pouuuvait être pertinente. Roh mais tout d'même, j'étais pas une si grosse merde que ça, si ??

« T'en fais pas ! Si j'veux mettre un terme à notre cinéma, tu s'ras la première au courant ! » C'était pas franchement très réconfortant, mais je me permettais tout de même de lui assurer ne pas jouer la carte "sournoiserie" et "non-dits" en sa compagnie, c'était déjà une bonne résolution.
« Ça m'semblait logique d'y aller ! Tous les disparus étaient mes amis... » Un gros blanc s'était installé... Nos regards se fixèrent pendant quelques secondes interminables avant que je ne tranche : « OKAY, pas b'soin d'me regarder comme ça ! Oui j'y suis allé pour jouer les paons ! Mais si j'peux faire une bonne action par la même occasion... Autant allier l'utile à l'agréable... » Mouais... Un peu fumeux comme argument. D'autant que j'me foutais bien d'avoir fait une bonne action en réalité...

« Mais tu as raison ! Faut qu'on se concerte sur ce genre de chose ! Damn it ! On aurait fait encore plus sensation en arrivant ensemble à la marche, FUCK ! » Voilà maintenant que miss Heather se permettait de me faire flipper en pointant mes faiblesses en histoire... Non mais la bougresse ! J'y croyais pas ! J'avais failli me vomir dans la bouche en écoutant ses derniers mots. Fucking hell, c'est qu'elle avait raison ! J'devrais suivre les cours avec la compagnie d'un putain d'freak...
« NON ! NON NON NON ! On peut pas m'voir en compagnie d'un nerd Heather ! Jure-moi qu'tu me laisseras pas seul avec un nerd ! »

« J’espère bien, quoiqu’avec l’infidélité, je pourrais être la pauvre petite Heather. » Tu riais naturellement, évidemment que tu serais la première au courant et ce serait la même chose si les rôles étaient inversés. Il fallait que vous restiez solidaire, c’était le plus important et même si Lou était un mystère sur bien des points, sur celui-ci tu lui faisais une confiance aveugle. Quand il te dit que tous les disparus étaient ses amis, tu le laisses lire dans ton regard un « sérieux mec ? » que tu n’as pas honte d’afficher clairement. Tu veux bien croire que tout cela réveille plus de questions en lui qu’il ne veut bien l’admettre, que ça éveille sa curiosité mais les disparus qui sont ses amis ? A ta connaissance, Sam était le seul populaire à avoir disparu et il ne te semble pas que Reese t’ai dit que Lou faisait partie de ceux qui distribuait des affichettes pour le retrouver depuis quelques semaines maintenant. La raison de sa présence était donc un mystère, tout comme la tienne devait l’être pour lui quand on y pense. « C’est pas faux, quoique je ne suis pas certaine que cette marche est servie à grand-chose sauf à nous faire encore plus flipper. » Les divers cris te perçaient encore les tympans et te glaçaient le sang. Oui, toi, tu y crois en toutes ses histoires, bien qu’au départ, tu pensais une vaste blague, un genre de coup merdique des serpents pour faire régner la terreur.

Tu souriais en guise de réponse, toute cette histoire est bien plus que tu ne le paraitres alors arriver ensemble pour faire sensation, tu restes sceptique. Et surtout, ça aurait été difficile à prévoir. « Il aurait fallu que je sois certaine d’y aller, ma mère était totalement fermée à l’idée. » Et pas qu’un peu, il avait fallu te que tu fasses le mur pour y aller, tellement elle était contre l’idée que tu traines dehors en pleine nuit. Vous parliez ensuite de l’histoire, plus de la vôtre mais de celle du monde, autant dire que c’était une première mais que le beau blond semblait bien avoir besoin d’aide.. Tu riais en imaginant la scène, un Lou boudeur collé avec un intello qu’il martyrise, aucun des deux ne voulaient de cela, tu en étais certaine. « Partenaire en apparence jusqu’au bout. On passera la nuit ensemble si il le faut mais tu auras au moins un C, ok ? » Double gagnant, l’imagination fertile et perverse des uns et surtout une note correcte pour vous deux.

« Tu paaarles ! Tu m'volerai la vedette ! » Fis-je en gloussant, trouvant le commentaire de Heather tout à fait pertinent et étonnement manipulateur. Damn, c'est que j'devais avoir une mauvaise influence sur la joyeuse cheerleader !
« J'me ferais vilipender en place publique et tu passerais pour une martyre.  » C'était en réalité un hella bon move pour me faire dégringoler de l'échelle sociale ! Oh boy, ma réputation ne tenait à rien, c'était dire...

Voilà maintenant que ma camarade mentionna la marche... For sure... Cet événement bidon avait été un véritable fiasco ! Ridicule et inutile, je rejoignais aisément Heather sur ce point... J'avouai y avoir trouvé un semblant de plaisir en les personnes de Nori, Circe et Seth... Ses trois énergumènes m'avaient vendu du rêve durant l'entièreté de cette clown party. Y'avait toujours à tirer du malheur des autres, et mes besties savaient y faire magistralement.

« À défaut de m'avoir donné espoir en cette ville de merde, la marche a offert une opportunité à Seth d'organiser une fête... Oh diiis ! Tu s'ras là hein ? Si j'demande moi-même à ta mère, elle va accepter ! Elle me kiffe trop pour refuser... » La bougresse pouvait être difficile en affaire, il était vrai... Couvre-feu et interdiction de sortir le soir pour sa fille -à croire qu'on vivait dans une ville "daaangereuse", tsss, les adultes étaient vraiment chiants-. Madame Winston n'avait néanmoins jamais pu résister à mon visage d'ange et mon sourire de bébé innocent.

« Tu restes ce soir dormir ? J'vais prev'nir ma tante ! Et pis passe un coup d'fil à ta daronne. J'suis sûr qu'elle voudrait pas que tu rentres seule à cette heure t'façon. »

« Tout benef’ » Tu riais face à l’éventuelle situation, bien qu’au fond, tu serais incapable de lui faire un coup pareil. Tu es bien trop gentille pour cela et tu finirais par te le reprocher. Bien qu’auprès des autres populaires, les apparences pourraient être trompeuses et si face à toi, il serait le méchant, tu ne serais pas surpris de voir certains garçons le féliciter une fois les filles retournées. Mais bref, ce n’est pas la question pour le moment. Le jour de votre rupture viendra surement mais il sera comme tout le reste parfaitement planifié. Chaque détail sera vu qu’elle soit comme vous : parfaite.

« Evidemment que je serais là, où veux-tu que je sois ? » Tu as une réputation à tenir, bien que dernièrement tu ne fasses que des passages éclairs aux soirées, les fuyants pour rejoindre le Scooby-gang dès que l’alcool commence à envahir les âmes. « Faudra que m’explique un jour comment tu charmes le dragon. » Tu riais, oui c’est mal de se moquer de sa maman mais que celui qui ne l’a jamais fait te jette la première pierre. Depuis la mort de ton père, elle était une véritable gardienne de prison, surveillant chaque sortie, demandant des comptes à chaque fois. Toi qui était si libre avant, c’était difficile bien que compréhensible.

« Si elle sait que j’ai fait le mur, j’ai plutôt intérêt à rester cacher ici. » Tu riais légèrement, elle sera bien plus surprise que tu l’informes que de l’information. Mais rester ici, c’était bon pour votre crédibilité dont certains pourrait douter après la marche. « Mais je vais l’embobiner, tu vois avec ta tante pendant que je l’appelle ? » Est-ce que leurs avis étaient secondaires sur vos plans ? Oui, totalement. « Et après, je te fais vivre la meilleure nuit de ta vie. » Dis-toi tout en agitant ses fiches de révision.