Flashback – début 1984

La nuit est fraiche, l’hiver n’est pas encore terminé même si le temps s’adoucit. Tu as hâte que le printemps arrive, c’est surement ta saison préféré, tu adores les champs de fleurs jaunes d’Hawkins, c’est surement ce qui te manquais le plus quand tu étais loin. Enfin après ton père. Lui aussi d’ailleurs ne doit encore être au mobil-home, avec toutes ses disparitions, le vieux flic ne sait plus où donner de la tête. Et une fois de plus, tu avais travaillé trop tard toi aussi. Tu ne saurais pas dire quel heure il était, juste qu’à ton arrivé ce matin, la nuit était tout autant présente que ce soir. Juste que ta montre est une nouvelle fois en panne, il faut vraiment que tu penses à la retirer quand tu te laves les mains, elle déteste cela. Mais soit. Tu t’arrêtes rapidement à la superette pour prendre le diner avant de rejoindre Junkyard mais c’était sans compter sur ta voiture qui en avait décidé autrement. Un bruit étrange, puis de la fumée, tu décides de t’arrêter au bord de la route pour regarder sous le capot. Il s’ouvre, la fumée en sort et toi, tu ne comprends vraiment rien puisqu’en apparence tout semble normal. Mais en médecine comme en mécanique, les blessures ne se voient pas forcément.

Un soir de plus ou il va rentrer tard... Il commence à avoir l'habitude. Depuis qu'il a quitté la Russie pour fuir sa vie, tout à changé. De bras droit du chef de la mafia, il est devenu personne... juste un pauvre type qui tente de se fondre dans la masse pour essayer de passer inaperçu avec sa fille. Pour essayer de subvenir à leur besoin, il travaille d’arrache pied. Jamais de gros boulot, surtout des petits trucs, souvent payé au black, ça l'arrange. Par sécurité, ils ne restent jamais trop longtemps à un endroit, histoire d'éviter qu'on puisse les retrouver. Car il y a une chose dont il est sûr, c'est que sa femme fera tout pour retrouver Zena. C'est tout simplement hors de question qu'elle lui prenne sa fille, pas après avoir essayé de le tuer.

Cela ne fait pas bien longtemps qu'il vient d'arriver dans la ville de Hawkins avec sa fille. Nouveau pays, nouvelle ville et surtout un nouveau départ. Zoran ose espérer que les États Unis tiendront la mafia loin d'eux. Faut dire qu'avec la guerre froide les relations entre les deux pays sont plus que tendues. Dans le fond, il doute que ça retienne son beau-père, mais il doit bien continuer à vivre.

En venant ici, il ne s'était même pas renseigné sur cet endroit et n'avait aucune idée de ce qu'il pouvait bien se tramer. Tout ce qui l'intéressait, c'est qu'on était loin d'une ville hyper importante et ce n'était pas non plus le trou du cul du monde. Aujourd'hui, on l'avait embauché pour faire du jardinage dans une maison plutôt jolie, rien à voir avec son mobil home. Ceci avait été épuisant et le temps de tout ramasser, mettre le tout à l'arrière de son pick up et d'y porter à la déchèterie du coin, l'heure avait tourné. Baillant derrière son volant, il remarqua la voiture arrêtée sur le bas côté. Dans un premier temps, il la dépassa en se disant que ce n'était pas son problème. Puis, il se stoppa vingt mètres plus loin. Merde, décidément sa bonté le perdra. La fumée qui sortait du capot et cette pauvre demoiselle qui attendait avait eu raison de lui. Il descendit du véhicule et se rapprocha. "On dirait que vous avez besoin d'aide ?!" dit-il en grimaçant en voyant cette épaisse fumée. Même s'il s'y connait en moteur, il n'est pas certain de pouvoir faire quoi que ce soit pour l'aider. "Qu'est-ce qu'il s'est passé ?" lui demande t'il, des fois ça pourrait lui permettre de trouver le problème, mais bon là c'est une dépanneuse qu'il faut !

Flashback – début 1984

Tu as toujours eu la naïveté de te sentir en sécurité à Hawkins. Cette ville qui t’a vu grandir, cette ville dont tu connais chaque recoin, ça te donne un sentiment de confort et pourtant, tu es bien placé pour savoir que les listes de disparus ne font que s’allonger sur le bureau du sheriff. Bien placé pour savoir qu’il n’y a aucunes explications plausibles si ce n’est une folle envie de fuir la ville de la part de tout le monde. Pas de trace de lutte, pas de corps, pas de sang, pas l’ombre d’une piste. Pourtant, tu n’as pas peur ce soir d’être ici. En panne au milieu de la rue dans une ex-petite ville tranquille devenue la ville qui perd ses habitants à vitesse grand V.

En même temps, tu ne pouvais pas faire grand-chose, la fumée qui sortait de ta voiture disait à ton instinct de ne pas trop insister, la pousser ne ferait que la condamné sans t’offrir la garantie que tu arriverais chez toi. Alors, tu soupires. Tu sais qu’il y a assez peu de téléphone SOS sur cette route, le prochain doit être à trois ou quatre kilomètres alors au départ, tu choisi d’attendre de l’aide. Puis comme cela ne vient pas, tu t’apprêtes à prendre la route, de nuit et clairement pas habillé dans une tenue qui t’offre la moindre visibilité mais tu ne veux pas passez le nuit ici et puis, il est clair qu’il y a pas de voiture donc pas de risque ? Oui, tu es naïve, ce n’est pas un secret. Alors tu allais partir, une voiture approche, tu tentes de lui faire signe mais elle te dépasse et un soupir s’échappe de tes lèvres.. Persuadé qu’elle ne t’a pas vu, tu ne t’attendant pas à ce que la lumière des feux stop ne s’allume un peu plus loin. Tu ne vois pas bien le visage de la personne qui en sort mais sa carrure ne laisse aucun doute sur son sexe : c’est un homme. « Bonsoir, oui, il semblerait que ma voiture me fasse une crise au pire moment. » Tu ne savais pas trop quoi dire de plus, la fumée était blanche et dense, mais tu ignorais si ce détail pouvait l’aider véritablement. « Je rentrais du travail et elle a fait un bruit étrange, quelques secondes plus tard, cette fumée blanche en sortait. Vous êtes mécanicien ? »

Aider les gens... c'est loin d'être le truc de Zoran... Mais bon, il ne pouvait pas ne pas s'arrêter alors que c'est la nuit et qu'il ne risque pas de passer grand monde après lui. Un petit coup de main ça ne coute rien. Et puis... aucune chance que ce soit son ancienne famille qui le piège ici, ils ne sont pas censés savoir qu'il vient d’atterrir aux USA. C'est donc une jeune femme qui est en panne, elle n'a choisi ni la bonne route, ni le meilleur moment pour que ça arrive, mais dans son malheur elle a de la chance. Répondant à sa question, il ne voit pas spécialement ou est le problème, ça pourrait être plus chose. Peut-être les bougies ou un autre pièce qui viendrait de casser. Dans sa boite à gant, il avait pris une petite lampe de poche ce qui lui permit de jeter un œil au moteur dont le capot est ouvert. La fumée l'empêche de bien voir, c'est pas évident. Zoran doit se rendre à l'évidence, il ne pourra pas l'aider plus que ça... Ça aurait été un pneu crevé, il aurait pu le changer sans l'ombre d'un doute, mais là, il va surement falloir des outils et des pièces pour remplacer celle qui a du se casser. "Je m'y connais un peu en mécanique, mais je dois avouer que là... sans le matériel adéquat je ne pourrais rien faire. Et la fumée m'empêche de voir comme il faut. Faut appeler une dépanneuse je crois bien."

Le mieux c'est qu'elle vienne avec lui, ils pourront aller à la première station service pour demander d'emprunter le téléphone et appeler un dépanneur à moins qu'ils ne trouvent une cabine téléphonique sur la route, mais au milieu de la pampa il en doute fortement. "Venez, je vais pas vous laisser là toute seule. On trouve un téléphone et on fait venir un dépanneur, à moins que vous préfériez que je vous ramène chez vous et vous verrez ce que vous faites demain ?" Zoran ne veut pas lui imposer de choix. Si elle veut appeler cette nuit c'est possible, mais il sait aussi que le prix sera le double que si c'est fait en journée. Voilà pourquoi il pense à lui dire qu'il peut aussi la ramener chez elle et elle verra le lendemain. Ce n'est pas comme si sa voiture pouvait aller bien loin. Même un voleur ne pourra rien en faire...

Flashback – début 1984

Tu te souviens de ton enfance, tu te souviens de ton père qui réparait sa vieille voiture devant votre mobil-home, jurant sur une clé ou une vis qui lui résistait. Tu te souviens qu’il te disait d’apprendre avec lui aussi clairement que tu te souviens que cela ne t’intéressait pas le moins du monde. Ce qui te passionnait, c’était de pouvoir aller jouer avec les autres gamins du quartier, parcourir le monde avec ton vélo ou coiffer tes poupées. Tu as toujours été une véritable petite fille alors mettre les mains dans le cambouis, tu trouvais cela bien plus sale qu’utile. Tu le regrettes un peu aujourd’hui. Tu laisses donc l’homme regarder sous le moteur, devinant rapidement qu’il ne pourrait pas faire de miracle, pas ce soir, sur cette route sombre en tout cas.

« Vous pourriez me déposer quelque part ? » Puisque si il ne pouvait rien, toi non plus. Et le prochain téléphone de secours était au bout de la route, tu avais limite plus vite fait de rejoindre directement le parc à mobil-home mais tu ne demandes rien, tu n’imposes rien, si il peut te rapprocher d’un prochain lieu même d’un kilomètre cela serait ça en moins à marcher. « N’importe où, je ne veux pas vous faire perdre de temps, il est déjà tard. J’habite sur Junkyard si vous allez par là-bas sinon la première station-service sera très bien » Tu n’aimes pas être une demoiselle en détresse, tu veux te débrouiller seule mais surtout, tu ne veux déranger personne. « Au fait, je m’appelle Bonnie. » Pourquoi maintenant ? Tu l’ignores mais apparemment, tu vas finir dans sa voiture alors autant te présenter, non ? En espérant que tu ne viens pas de donner ton nom à un tueur ou pire encore, les disparitions sont à la mode en ce moment à Hawkins.

"Je peux vous déposer, je vais pas vous laisser ici, seule et en pleine nuit !" lui répond t'il. Il a beau être ici depuis peu de temps, il a entendu qu'il s'était passé de drôle de truc dans cette vite. Une disparition, il ne sait plus s'il y en a d'autre, il a lu ça par hasard sur un gros titre de journal sans pour autant lire l'article. Quoi qu'il en soit, rester dehors comme ça au milieu de nulle part lui semble plutôt dangereux. Et puis, il peut la déposer, alors pourquoi ne pas le faire. Ceci ne le dérange pas, même s'il doit faire un détour. Disons que ça lui permet de racheter les fautes de son passé, celle de l'époque ou il était un membre de la Mafia Russe à Moscou. Des choses horribles, il en a fait, tu des gens, torturer, extorquer des fonds... Tout ça, il veut l'oublier !

La demoiselle semble un peu gênée, il voit bien qu'elle accepte l'aide mais y met un certain frein de peur de demander trop. S'il ferait jour, elle pourrait remarquer un sourire amusé, si ça la dérangeait, il ne lui aurait pas proposé. Au mieux, il l'aurait laissé là en lui assurant qu'il appellerait une dépanneuse. "Pas de ça avec moi ! Je vous dépose où vous voulez. Vous avez déjà plus de voiture pour le moment, je vais pas vous laisser marcher jusqu'à chez vous !" Elle pourrait tout aussi bien vivre à l'autre bout de la ville, alors il ne va pas lui imposer de marcher dix kilomètres dans le noir ou sous la lueur faiblarde des lampadaires en pleine nuit dans les rues désertes de Hawkins.

D'un geste, il lui proposa de se rapprocher de son véhicule, lui laissant le temps de prendre ses affaires tout de même. Sur le chemin, elle se présenta, Bonnie. Ceci lui fit penser au célèbre et triste couple Bonnie and Clyde. C'est une histoire connue même en Russie, même s'il ne connait pas vraiment tous les détails. "Moi c'est Zoran. Enchanté de pouvoir vous aider Bonnie," assure t'il en toute sympathie. Sans plus tarder, il entre dans son véhicule et attend que la jeune femme monte à bord pour démarrer. "Vous m'avez dit Junkyard ? Je vous laisserez me guider, je suis là depuis pas longtemps je connais pas encore très bien la ville." Elle sera son guide, ça sera plus simple et puis elle doit connaitre la route. Le véhicule commence à avancer doucement et le voilà de nouveau sur la route à avaler le bitume. "Vous travaillez tard ?" la questionne t'il par rapport au fait qu'elle soit tombée en panne à une heure si tardive. C'est juste pour parler, par pour jouer les espions.

Flashback – début 1984

D’aussi loin que tu puisses te souvenir, tu entends la voix de ton père qui te dis de ne jamais monter dans la voiture d’un inconnu. Tu l’entends te dire que tu pouvais croiser n’importe qui, qu’un psychopathe pourrait s’arrêter, qu’un tueur pourrait te kidnapper. Et même si tu sais qu’il a raison, tu restes innocente, assez naïve pour croire que c’est le genre d’histoire qui n’arrive qu’aux autres. Le genre d’histoire qui n’arrive pas votre petite ville tranquille. Ville tranquille qui l’es de moins en moins en réalité. Qui est de plus en plus terni par des disparitions mystérieuses.

Mais soyons réaliste, entre rester ici et partir avec lui, quel est le plus risqué ? Le plus dangereux ? Clairement, c’est l’idée de rester ici. Même si tu étais gênée de lui faire faire un détour. Tu ne savais pas l’heure qu’il était –satané montre en panne- mais le nuit était présente ce qui signifiait qu’il faisait nuit depuis déjà quelques minutes, voir quelques heures. Avant de monter dans son véhicule, tu te présentes tout naturellement en te disant que briser la glace et arrêté de s’appeler intérieurement les inconnus rendraient la situation moins étranges. Peut-être un peu plus rassurante. « Merci beaucoup, il y a assez peu de passage sur cette route et vu l’heure, j’aurais compris si vous aviez choisi de poursuivre votre route. » Tu lui souriais, un sourire timide, un peu gênée, il faut dire que c’était une rencontre atypique. « Pas de problème, ce sera sur la prochaine à droite. » Le parc à mobil-home ne paye pas de mine et si à une époque, tu avais honte d’y vivre tu avais fini par t’y faire, par l’apprécier même. « Un patient de dernière minutes, je suis infirmière au centre médicale d’Hawkins. Et vous alors, j’ai cru comprendre que vous veniez d’arriver, c’est pour le travail ? » Une question qui se veut innocente, juste pour faire la conversation, tu es loin de deviner les secrets de ton chauffeur.

Elle n'a pas vraiment besoin de le remercier, il fait ça naturellement et aussi parce que la nuit c'est dangereux d'être dehors. Sur cette route, un accident pourrait vite arriver autant lui épargner qu'un alcoolo la fauche. De plus, il pense à sa propre fille, il n'aimerait pas qu'elle soit seule dehors à une heure pareille. Certes, Bonnie est adulte et aussi plus responsable, mais c'est pour dire qu'il le fait de bon cœur. Alors faire un détour pour la déposer, c'est tout à fait normal et ça ne mange pas de pain. "Je vais pas vous laisser là ! Combien de temps vous auriez mit à pied et dans le noir pour rentrer chez vous ? Ça va pas me prendre longtemps et si je peux rendre service !" Avec elle, il ne ressent aucun danger. Elle a l'air sincère, ce n'est pas une tueuse à gage envoyée pour le tuer, alors il n'a pas besoin de se méfier. Puis vu son passé, faire une bonne action pour redorer son blason ce n'est pas du luxe.

   Zoran suit les indications de la rousse pour la mener chez elle. C'est un endroit plein de mobile home, un peu comme là où il habite. C'est pas lui qui jugera ce type d'endroit. Il a été forcé de prendre ce qu'il y a de moins cher pour c'en sortir. On pourrait en douter, mais c'est tout de même confortable ce genre d'habitation, en tout cas, lui ça ne le dérange pas. Pas besoin de vivre dans le luxe pour être heureux, suffit de se contenter de peu, de la base, pour être heureux. Et puis, du moment que sa fille, Zena est contente, c'est tout ce qui lui importe.

   La demoiselle répondit à sa question, c'est une infirmière, un beau métier, pas toujours évident. Lui, est loin d'être aussi noble avec son passé de mafieux. "Ça ne doit pas être facile tous les jours, mais vous avez un métier admirable !" Zoran serait fier si sa fille choisit une voie de ce genre là, mais elle est encore trop jeune pour savoir ce qu'elle veut et leur vie de fuyard l'empêche de vraiment d'y réfléchir. "Disons qu'avec ma fille on avait besoin de changer d'air. On est venu s'installer ici pour ça. Je n'ai pas trouvé de réel boulot, mais je suis ce qu'on pourrait appeler un homme à tout faire. J'ai mis quelques annonces partout en ville et on m'appelle pour toutes sortes de travaux, ça paye les factures au moins !" C'est pas le luxe, mais c'est mieux que rien !

Flashback – début 1984

« Excellente question ! » Tu lui souriais, il avait raison, il te faudrait au moins une heure pour rejoindre ton quartier et dans le noir, la route risquait d’être encore plus longue puisque tu n’as aucun sens de l’orientation. Enfin si ce fameux sens que tu tiens de ta mère et de sa mère avant elle qui va te conduire directement au beau milieu de forêt. Raison de plus pour lui faire confiance. Tu fini donc par monter dans la voiture, échangeant quelques banalités avec lui. Il était nouveau en ville, comme tu t’en doutais. Quand on grandit à Hawkins, on remarque assez facilement ceux qui sont ici depuis des générations à ceux qui débarquent et qui voit encore la ville comme un petit coin tranquille. Quand tu y penses, Hawkins n’a jamais été si tranquille, il y a toujours eux ceux qui viennent s’y cacher, les gangs qui rôdent et maintenant les disparitions étranges. C’est une ville pleine de mystère, c’est ce que tu aimes aussi ici. Cette ville que tu connais par cœur est toujours capable de te surprendre.

Tu lui guides jusqu’au parc à mobil-home comme si c’était un appartement classique. Tu sais que ce que ça dit sur toi, entre cela et ta chevelure de feu autant vous dire qu’au lycée, certains s’en sont bien amusés mais aujourd’hui, tu es fière. Oui, tu n’as pas de grande maison, de piscine ou de personnel pour nettoyer tout cela mais tu as ton père. Et c’est vous deux contre le reste du monde. Jamais il n’a raté un moment important de ta vie et ton enfance est rempli de souvenirs, c’est tout ce qui compte au final. « Merci, c’est très gentil. » Tu es une femme, une femme qui travaille alors les gens qui te dise ce genre de chose sont plus que rare. Et bien souvent, c’est le manque d’anneau à ton doigt qui les intéresse plus que le reste. « Si vous le souhaitez, vous pouvez passer au poste. Très peu de gens le savent mais le sheriff a toujours eu un petit groupe de réserve pour les urgences et avec ce qu’il se passe en ville, je suis certaine qu’il doit y avoir de la place. » Ce n’était pas un travail de rêve mais ça pouvait toujours aidé un peu plus.

La route se fait tranquillement, ce n'est pas la circulation nocturne qui crée des bouchons. Au contraire, les routes sont plus que déserte et il se dit qu'il a fait le bon choix d'insister pour que la jeune femme monte dans son véhicule et qu'il la ramène. Ceci aurait été dangereux de marcher seul et par cette nuit bien noire. Au moins, elle est en sécurité et ne risque pas de se perdre où se faire agresser. Non pas qu'il pense que Hawkins soit une ville pleine de malfrat, mais on n'est jamais sûr de rien ! C'est dans une zone plein de mobil home qu'il arrive. A peu de chose près, ça aurait pu être son quartier. Au moins, il n'est pas le seul à vivre dans un endroit de ce genre. Les gens critiques les mobil home en disant qu'ils sont archaïques et sans confort, mais ils devraient tester, on y est pas si mal que ça. Du moment qu'il y a chambre, cuisine, salle de bain, toilette et un espace de vie que demander de plus ? Certes, c'est plus petit, mais il a un peu de terrain autour et il ne vie pas H24 à l'intérieur, au moins, il sort et fait plein de choses. "Vous habitez vous aussi dans un mobil home ? Avec ma fille, on a rien trouvé de mieux. Mais je dénigre pas, c'est confortable et bien assez grand pour nous deux." On pourrait les catégoriser dans la case "les pauvres". C'est pas totalement faux, mais il préfère ça, plutôt que de se faire remarquer dans une maison hors de prix qu'il ne pourra pas payer dans quelques mois. Zoran pourrait braquer une banque, cambrioler des maisons ou même jouer les pickpocket si besoin, mais il veut essayer d'être réglo. Éviter de devoir toujours bouger pour que sa fille puisse avoir une vie stable, se faire des amis, grandir et étudier convenablement.

   Bonnie lui indique qu'il pourrait trouver du boulot au poste de police. C'est surement la pire proposition qu'on pouvait lui faire. Dans l'idée, il veut rester loin de la police. Les croiser ça va, mais bosser avec eux, ça lui semble un peu "trop". Vu son passé, il n'a pas envie que quelqu'un creuse un peu trop. Normalement, il n'y a aucune trace de lui, il a changé de nom, il a tout changé ! Mais un père et une fille... Son ex-femme et son beau père ont surement lancé des avis de recherches. Et puis, ça n'aurait rien d'étonnant qu'ils aient des informations à travers le monde entier. Alors, prudence est mère de sureté. "C'est gentil, j'irais me renseigner à l'occasion. Au cas où, si vous avez besoin d'aide pour quoi que ce soit, jardinage, plomberie, travaux, bricolage, hésitait pas à me contacter. De même pour votre voiture, je suis pas le meilleur mécano du monde, mais je me débrouille et je vous ferais ça moins cher que votre garagiste !" Autant faire sa pub, non ? Qu'est-ce qu'il a à perdre ? Rien ! Au mieux, il gagne une cliente si on peut appeler ça ainsi. C'est provisoire, mais plus on sait qu'un "homme à tout faire" est dans le coin, ça lui fait toujours la possibilité de gagner quelques billets en plus de manière honnête. La voiture s'arrêta devant le bon mobil home, celui de la jeune femme. "Vous voyez, ça n'a pas été bien long ! Au moins, je vous sais chez vous, en sécurité et non sur la route en pleine nuit !"

Flashback – début 1984

« Oui, depuis de nombreuses années maintenant. » Tu n’avais pas honte de vivre ici, enfin tu n’avais plus honte. Tu mentirais en disant que la Bonnie adolescente aimait vivre ici alors que ses camarades avaient pour les grandes demeures à l’autre bout de la ville. Mais avec les années, tu avais compris que ce que tu vivais ici était les meilleurs moments de ta vie. Oui, ton père est pauvre. Oui, il a travailler toute sa vie et vous vivez ici mais il était là. A chaque spectacle que tu as fais, à chaque concours que tu as gagnés ou perdu, il était là, souriant prêt à fêter la victoire ou à te remonter le moral avec un milk-shake de chez Benny’s. Et tes meilleurs souvenirs avec tes amis sont aussi dans ce parc, quand vous n’étiez qu’une bande de gamins qui trainaient ici, jouant à des jeux sur les vieilles tables en bois ou partageant des barbecues. « Il ne faut pas se fier à ce que les gens vous diront, il n’y a pas plus de cœur que dans ce genre de quartier. Et surtout, aucun jugement, on est tous dans le même bateau. » Oui, il y a des criminels il ne faut pas se mentir, tout le monde le sait mais ils ne sont rarement méchants. Virulant parfois et encore, souvent ils ne sont que des victimes de la société.

Il t’explique ensuite qu’il est encore nouveau et qu’il fait des petits travaux par-ci, par-là en ville alors naturellement, tu lui parles du poste. Tu sais qu’il recherche toujours et c’est un premier pas vers un possible emploi fixe. Dans notre petite ville, ils sont bien moins regardant sur les qualifications que dans les grandes villes. La plupart des flics sont payés mais sont ce qu’on appelle des bénévoles. La discussion est plutôt fluide entre vous, tu es loin de deviner son passé et la réalité, c’est que tu t’en fiches. C’est ça aussi d’être une fille des mobils-homes, on ne juge pas le passé, pas vraiment le présent non plus. Il te semble sympathique et tu es arrivé à bon port entière, c’est tout ce qui compte. « Si vous avez un peu de temps, je veux bien que vous jetiez un coup d’œil à ma voiture demain. » Après tout, c’était grâce à lui que tu n’étais pas au milieu de la route cette nuit et si tu pouvais l’aider financière tout en payant moins cher que chez ton garagiste, autant en profitez, non ? Tout le monde serait gagnant. « Encore merci. »  Tu lui souriais tout en descendant de la voiture avant de refermer la portière.

Même des gens qui vivent dans cette ville depuis longtemps habitent dans des mobil home. Il ne sait pas si c'est positif ou s'il doit juste voir ça comme l'Amérique. D'où il vient, on verrait ça comme un quartier défavorisé et dangereux, ultra pauvre ou personne ne veut venir. Pourtant, ici, aux USA ça à une dimension différente ! Certes, on habite pas dans une caravane ou un mobil home par plaisir, ça veut dire qu'on ne roule pas sur l'or, mais ça ne veut pas non plus dire qu'on vit dans la misère absolue à faire les poubelles pour trouver un quignon de pain trop dur à se mettre sous la dent. C'est juste... un autre mode de vie, moins cher et plus simple pour réussir à vivre normalement. Pour vivre dans ce genre de lieu, il a vite comprit que ce n'est pas si dramatique, du moment que le confort est à l'intérieur. Le plus important, c'est d'avoir un toit au dessus de la tête, plutôt de devoir vivre dans la rue. Bonnie lui confirme ce qu'il pense, faut pas croire les "on dit" sur ce genre d'endroit. De toute manière, vu le genre de personne qu'il est ou était, il n'aurait pas peur et pourrait se faire respecter assez vite à coup de poing et de menace s'il le faut. Dans ce genre d'endroit, si c'est vraiment l'Enfer, faut juste avoir de la poigne et ça passe !

Quant à sa recherche de boulot, elle a éventuellement une piste à lui proposer, piste qui sera confirmée plusieurs jours plus tard par l'agent Millers. Au moins, ceci aura le mérite de l'intéresser et d'aller jeter un coup d’œil à ce garage. Un salaire fixe ça peut aider, ceci ne l'empêchera pas de continuer d'être un "homme à tout faire" pour se faire un pu plus d'argent en dehors des horaires de travail. Il faut qu'il y songe.

Proposant à la demoiselle de regarder sa voiture, elle accepte qu'il regarde, au moins, ça l'occupera surtout qu'il n'a rien de prévu. "Parfait, dans ce cas, je m'occupe de la remorquer demain et de regarder ce que je peux faire si ça vous convient." Si ça peut rendre service et ça lui fera ça de moins à penser, en espérant qu'elle puisse tout de même trouver un moyen pour se rendre à son boulot demain, peut-être qu'un voisin pourra l'emmener ou une collègue venir la chercher. Un dernier merci et un au revoir et il laisse la demoiselle rentrer chez elle.

Zoran fait marche arrière et s'en va direction son chez lui pour retrouver sa fille qui doit être en train de l'atteindre, elle a peut-être même déjà perdu patience et mangé... Quoi qu'il en soit, elle ne lui en voudra surement pas d'avoir aidé quelqu'un qui en avait besoin. Et puis... ça ne lui a pas prit des heures non plus.