Samuel. C'était à peu près la seule chose à laquelle tu pensais à longueur de journée, une obsession destructrice qui te poussait chaque matin à te lever pour bouffer la journée et retourner à la recherche de ton petit frère. Quand t'avais quitté le lycée quelques années plus tôt, t'aurais jamais cru y remettre les pieds, sauf pour assister à ses matchs et aujourd'hui pourtant, la tête embrumée par sa disparition, tu passes tes journées là-bas, à organiser ces foutus matchs auxquels il aurait dû participer. Longue, très longue période de travail, particulièrement parce que tu sais que vous devez tous vous retrouver ce soir et que, si t'aurais joué à D&D avec plaisir, t'es bien heureux de savoir que vous n'allez pas juste faire un jeu de rôle, tous en rond autour d'une table. T'avais croisé Heather à la fin de ses cours, alors que tu quittais le terrain pour rejoindre ton père dans le bureau du coach, un sourire échangé et puis un détour par ta prochaine destination, t'avais fini par rentrer chez toi, choper tout ce que t'avais à prendre et rejoindre le cocon des Jefferson, espérant ne pas arriver trop en avance. Heather est là, déjà en train de frapper à la porte quand tu arrives et tu la rejoins à petites foulées. "Toujours la première arrivée Blondie, on ne change pas les bonnes habitudes." Un énième sourire et puis un silence, attendant de pouvoir entrer sur les lieux de votre terrain de jeu pour la soirée.

Faire partie d’un club ? C’était un peu trop demander à Stephen qui préférait rentrer chez lui pour s’entraîner avec sa guitare ou lire le bestiaire de Donjons et dragons dans lequel il entreposait quelques coupures de journaux qui parlaient des disparitions en ville. Après tout, c’était bien le genre de livres que son père n’allait pas ouvrir par inadvertance. De plus, sa « nouvelle bande » devait venir chez lui et il ne voulait pas être absent lorsqu’ils arriveraient. Même si le Mobile Home n’était pas l’endroit le plus spacieux, c’était probablement là qu’ils seraient les plus à même de discuter de ce qu’ils avaient découvert et de leurs prochaines excursions en ville à l’abri de parents un peu trop curieux. Même si Cliff ne faisait pas partie des parents les plus strictes, Stephen était plutôt rassuré de savoir qu’il était au garage ce jour-là vu l’appréhension qu’il avait envers les nouveaux amis de son fils.

Grattant un peu les cordes de sa guitare sur la chanson populaire de Joan Jett and the Blackhearts sans avoir branché d’ampli pour ne pas gêner les voisins cette fois, il attendait patiemment, se demandant encore comment il en était arrivé à voir débarquer chez lui une première de la classe, une cheerleader et un ancien cador du Lycée pour faire des enquêtes sur des disparitions étranges entrecoupées de parties de jeu de rôle… C’était peut-être ça le vrai mystère de Hawkins au final. Devant lui Scooby le regardait, allongé sur le sol du mobil-home, les yeux légèrement relevés vers le jeune homme.

Soudain, quelques coups à la porte vinrent le sortir de son petit rituel d’attente. Déposant sa guitare sur le côté du lit, il dû ensuite gérer les mouvements brusques de son chien qui semblait s’impatienter de pouvoir faire la fête aux invités.

« Scoob ! Ok t’es content mais je suis censé ouvrir comment si tu restes devant la porte à faire le twist ?! Allez, pousses-toi ! » Dit-il avec un ton qui se voulait à la fois autoritaire et amusé par les pitreries de son animal de compagnie et meilleur ami.

Pouvant enfin ouvrir la porte, il se retrouva devant Reese et Heather, retenant un peu Scooby qui ne se laissa pas faire très longtemps avant de sauter sur les deux personnes sur le palier pour montrer qu’il était content de voir du monde.

« Salut ! Euh… Vous voulez rentrer où vous préférez qu’on s’installe dehors ? » Demanda le jeune homme. Même en discutant sur une petite table à l’extérieur, il n’y avait que peu de raisons pour qu’on écoute leur conversation dans les alentours et, sans pour autant avoir honte de la taille de son logement, il savait que ce dernier pouvait être assez petit pour quatre ados et un chien.

« En tout cas si vous voulez y’a de quoi boire niveau soda. »

Il ne lui avais pas fallut longtemps pour débarquer chez les Jefferson, de toute évidence, dès qu'il s'agissait d'avancer un peu sur toutes ces disparitions en ville, Reese était le premier à être sur le pied de guerre et ça, il était persuadé que ça lui apporterait de bonnes choses pour la suite. Le sportif avait beau ne pas être des plus bavards ces derniers, il se retrouvait parfois à penser qu'il appréciait finalement la compagnie des jeunes du groupe, bien qu'il ai toujours eu l'impression d'être de trop dans un petit club fermé dont il était, sans nul surprise, le plus âgé. En retrouvant aussi régulièrement Heather et Steph, il prenait finalement l'habitude de cette si surprenante alliance et trouvait même un peu d'espoir dans l'éventuelle résolution de la disparition de Samuel. Ô comme il lui manquait, comme son esprit vagabondait toujours de sujet en sujet pour au final, se reposer encore et toujours sur le même. Il n'y avait que ça dans son crâne probablement bien trop creux, Samuel, Samuel et encore Samuel.
En arrivant devant chez les Jefferson, il est heureux de voir qu'il n'est pas le premier arrivé sur place, c'est toujours un peu bizarre pour lui comme situation et étrangement, il se sent toujours plus à l'aise en la présence de la petite blonde. Probablement parce qu'elle est la personne avec laquelle il a le plus d'atomes crochus, ou tout du moins, c'est l'impression qu'il en a. Mais ce qui le rend encore plus souriant, c'est surtout le canin qui accompagne toujours Stephen, fidèle acolyte auquel Reese n'a pas manqué s'attacher au fil des jours. "Eh, doucement la bête, nous aussi on est content de te voir !" Aussi peu surprenant que ça puisse être, sa première phrase va au canidé, peut-être parce qu'il se sent tout de suite bien plus détendu dès que la bestiole leur fait la fête. Reese lui offre une ou deux caresses sur le crâne avant de relever le regard vers son maître. "Jefferson." il salut Steph d'un hochement de tête un léger sourire toujours planter sur le visage avant de lancer un regard circulaire sur les deux protagonistes qui l'accompagnent désormais. "Dehors ça m'va aussi. J'dis pas non pour profiter un peu du soleil.".