Zander est de retour chez lui depuis déjà une bonne journée et pourtant, il trouve le temps plus que long. Affalé dans le canapé la plus part du temps, bien que le confort de celui-ci lui fasse amèrement regretter le lit et les bras de Milo, il fixe le plafond jaunis de son mobil-home. Les soupirs qui quittent ses lippes sont nombreux, tout comme les mégots qui s'entassent dans le fond du cendrier. Parfois, il se redresse et se penche à hauteur de bocal pour communiquer avec un Hermès silencieux qui ne semble même pas remarquer sa présence. Lorsque la nuit tombe, là où toutes les heures défilent mais se ressemblent, il songe à peindre un peu. Après tout, ça fait longtemps qu'il n'a pas dégainé pinceau et peinture pour exprimer son art sur une toile vierge mais, c'était sans compter sur le téléphone qui sonne aux alentours de vingt-deux heures.


La voix de Milo se fait aussitôt entendre, brusque. Le roumain n'a pas l'air super content. Zander se souvient alors de son sac à paillette et des possibles dégâts qu'il a pu causer. Il avait pourtant promis que ce ne serait pas le cas...

Zander essaye de détendre l'atmosphère en cherchant du positif. La seule chose qui lui vienne en tête est le fait qu'avec des paillettes, l'uniforme du roumain n'aura plus l'air aussi tristounet. Bien qu'il trouve la tenue militaire relativement sexy, il sent dans la voix de Milo que ce n'est clairement pas le moment de faire ce genre de sous-entendus... Dommage.


Il soupire et s'adosse à la porte d'entrée, le combiné du téléphone calé contre son oreille tandis qu'il se tortille pour attraper son paquet de cigarette. Lorsqu'il y parvient, il en allume une et la glisse entre ses lèvres pendant que Milo en rajoute une couche sur son pauvre uniforme. Bien sûr, Zander culpabilise un peu mais dans le fond, ce n'est pas comme s'il l'avait fait exprès. Ce n'était qu'un accident.


Fort heureusement la tension se dissipe bien assez vite et c'est plutôt le ton de l'inquiétude qu'utilise Milo. Zander lève les yeux au plafond, prenant une latte sur sa cigarette. Il observe la fumée disparaître au milieu du bordel de son mobil-home, songeant alors que le roumain est quand même adorable de continuer à prendre de ses nouvelles.

C'est pas de sa faute s'il adore les paillettes et autres accessoires voyants. C'est pour coller à son style et on ne lutte pas contre son style ! Sans être une fashion victime pour autant, il doit reconnaître que son excuse est parfaitement valable. Si les militaires tiennent autant à leur uniforme aux couleurs ternes, alors lui tient tout autant, si ce n'est plus, à son sac à paillette. N'empêche qu'il a l'impression de marquer des points, le ton de la voix de Milo n'est plus aussi assassin et c'est rassurant.


Il observe la fumée de sa propre cigarette se dissoudre dans l'atmosphère, s'en est presque poétique. Il songe alors à peindre une toile en noir et y ajouter du blanc, comme des nuages de fumées çà et là. Sauf que Milo lui parle de lessive et ça fait beaucoup moins rêver. Zander grimace, fixant le tas de lingue au pied du canapé qui ne cesse de grandir. Il serait peut-être temps qu'il fasse quelque chose pour ça, lui aussi.


Il a un sourire amusé aux lèvres que Milo ne peut pas voir mais sans doute deviner, parce que ce sourire est toujours accroché aux lèvres du bouclé. L'un ne va pas sans l'autre. Peu à peu, Zander termine sa cigarette et l'écrase dans le cendrier à sa droite, celui posé sur le même meuble que son téléphone. Il remarque que le roumain fait une pause et lui sourit davantage, content que le petit surnom de commandant le fasse tiquer.


Zander retient un rire, glissant contre la porte d'entrée pour finalement se retrouvé assit par terre, le dos toujours calé contre la porte. Il s'amuse même à entortiller le fil du téléphone autour de son doigt.

Il n'est plus question de paillette sur un uniforme à présent, si bien que Milo avoue même que la machine à laver a sans doute avalé le tout. Une affaire résolue donc. Zander ne s'attendait d'ailleurs pas à entendre le roumain lui murmurer qu'il est désolé, sans doute pour l'avoir appelé si tard pour lui grogner dessus. Mais le bouclé ne lui en veut pas, il commence à le connaître maintenant et il a compris que Milo est du genre à aboyer avant de se radoucir. Plus nounours que chien méchant.


Sujet mit de côté, ce sont les rats qui reviennent sur le devant de la scène. Zander éclate de rire, manquant de s'étouffer avec sa propre salive quand il reprend son sérieux. L'imagination trop débordante, il pourrait presque voir une bande de rats porter ses vêtements jusque sa machine à laver. Ah, si seulement il avait suffisamment d'argent pour se payer quelqu'un qui lui ferait à manger, le linge et le ménage. Il n'aurait plus qu'à traîner dans le canapé toute la journée, les doigts de pieds en éventails.


Rentrer dans le jeu du roumain n'a rien de difficile, surtout lorsqu'il sait que Milo doit bien s'amuser à l'autre bout du fil. Il le découvre taquin, plus ouvert de jour en jour et c'est quelque chose qui ne déplaît pas à Zander. Même si Milo reste Milo, avec ses nombreuses confusions quand le bouclé l'embête un peu trop. C'est d'ailleurs le cas. Commandant, c'était juste un surnom comme ça et pourtant, Zander pouffe de rire dès que le roumain le corrige. Alors comme ça il est lieutenant ?


Possible après tout. Milo ne vit pas seul en ce moment et s'il doute qu'Alpine soit la responsable du sourire du roumain, il n'existe plus qu'une solution possible. Si l'on exclu le fait qu'il parlait de Zander, bien sûr.

Demain, Milo a l'intention de passer et sans savoir pourquoi, Zander esquisse un large sourire. Il sonde son mobil-home du regard : il serait quand même judicieux de ranger un peu. Il connaît le côté maniaque du rangement du roumain maintenant alors pas question qu'il juge encore son intérieur en tirant une tête de six pieds de long.

Le fil du téléphone entortillé autour de son majeur, Zander manque d'éclater de rire mais se retient de justesse quand Milo mentionne le fait qu'il a l'air de s'en faire pour lui. Dans le fond, c'est très certainement le cas mais le bouclé est joueur, pas souvent sérieux et ça n'est pas maintenant que ça va changer. Alors il n'a pas besoin de réfléchir pour répondre au roumain, toujours aussi spontané et particulièrement quand il s'agit de taquiner Milo. Il pourrait presque le voir sourire devant lui s'il était là.


Il ne masque pas son amusement cette fois-ci, et davantage encore quand les rats inexistants de son salon refont surface au milieu de la conversation. Zander invente un bobard qui fonctionne car le ton amusé de Milo ne lui échappe pas.


Envahir la ville pour dévorer toutes les pouvelles d'Hawkins, ça serait sans doute ça le plan parfait pour une bande de rat mal intentionnés. Enfin, il ne fait que supposer mais ça reste drôle et c'est bon d'entendre le roumain rire plutôt que ronchonner.


Un coup d'oeil sur le mobil-home suffit à le faire grimacer. C'est vrai qu'il vit dans un bordel sans nom mais faut dire qu'il a perdu la motivation de ranger. Sauf que demain, surprise, Milo a prévu de lui payer une petite visite et d'apporter le petit déjeuner en prime. Zander sait que le militaire aime le rangement et la propreté alors il devrait peut-être faire quelque chose pour lui éviter une crise cardiaque... Zander n'a jamais appris a cacher un corps alors autant sortir ce bon vieux balais de son placard.

Zander ne se rend pas toujours compte, si ce n'est jamais, du poids des mots. Quand il parle d'une mariée qui s'en fait pour son époux, soldat de carrière, il ne songe pas un instant aux images que cela peut faire ressurgir chez Milo. Pour lui, il n'y a que de la taquinerie mêlée à une comparaison, rien de plus. Son intention est de déstabiliser le roumain, de l'embêter mais rien de plus. Car Zander n'a jamais la volonté de faire du mal.


Il finit par répondre tout bas, sans la moindre once de moquerie dans la voix. Certes, ce doit être amusant d'observer Milo se balader sur son lieu de travail avec un uniforme couvert de paillette sur le dos. Mais il n'a pas non plus envie qu'il soit pointé du doigt par les autres. Zander sait que ça peut faire du mal, les vraies moqueries et non celles qu'on lance comme ça, pour embêter quelqu'un qu'on apprécie.

C'est le grand retour des rats, sur le devant d'une scène qui n'existe pas. Zander pensait que le roumain aurait oublié cette blague mais non. Il sourit, amusé et fait mine d'être outré à la répondre du brun.


Il s'imagine un Milo qui sourit, ça s'entend dans le ton de sa voix et c'est plutôt plaisant. Finit l'agacement du début d'appel, c'est une tornade passée depuis longtemps. Maintenant, Zander reçoit un titre et ça le touche, même s'il s'agit d'être le roi des emmerdeurs. De la bouche du roumain, ça revient presque à un : t'es le meilleur Zander.


Il est question de ménage maintenant et ça a l'air de surprendre Milo. Faut dire que Zander n'est pas un fanatique du balais et de l'aspirateur, qui traînent dans le placard depuis des mois. Il aère le mobil-home souvent, vide les poubelles quand il y pense mais il se rend bien compte de son laisser-aller.

Il se lève enfin du sol pour faire quelques pas, le téléphone à la main et le fil qui pendouille dans le vide au rythme de ses pas. Il ne peut pas aller bien loin mais vivre dans un mobil-home minuscule, ça limite les déplacements. Milo  l'air de s'être rendu compte de cette once d'inquiétude dans la voix de Zander, ça le fait sourire autant qu'il a envie de sortir une connerie pour se rattraper. C'est pas qu'il n'assume pas... En fait si, c'est clairement ça. Zander a l'habitude qu'on le pointe du doigt, ça ne lui fait plus grand chose maintenant mais il se doute que ce n'est pas le cas de tout le monde. Et Milo ne mérite pas ça, même s'il est grincheux et chiant parfois. Il arrive à supporter le bouclé, ce qui n'est pas donné à tout le monde.


Conclusion sur les rats et Zander sourit, s'arrêtant au milieu de la cuisine parce qu'il tire trop sur le fil. Il s'appuie donc contre un plan de travail, fixant le mur au papier peint fleurie juste en face. Il ne sait pas vraiment l'heure qu'il est, pas fatigué du tout. Mais il se doute que l'appel n'est plus très loin de la fin, ce qu'il redoute. Il n'a pas envie d'être seul ce soir mais il n'a pas non plus envie de déranger Milo davantage.


Oh ce n'est pas un reproche. Il imagine ne pas mériter un mot gentil de la part du roumain et ça peut se comprendre. Ils ne se connaissent un peu plus que depuis le soir de l'agression. Avant ça, ils n'étaient que deux connaissances de comptoir à discuter autour d'un verre au pub. Mais c'était sympa quand même. Et pourtant, Zander sourit parce que Milo s'inquiète pour lui et ses côtes en mauvais états. Sans doute pas cassées finalement mais au moins fêlées, en tout cas juste assez pour le rappeler à l'ordre plusieurs fois dans la journée.


C'est le brun qui raccroche le premier et Zander soupire, malgré tout content qu'il l'ait appelé.