Romeo est là adossé contre sa voiture, il dégage une aura de star – si seulement il était plus sûr de lui et prenait conscience de ses capacités, il est gentil, généreux, humble et vraiment beau garçon. Réservés ils le sont tous les deux, l’après-midi va être longue s’ils continuent à avoir ce genre de conversation vide de sens, surtout si la jeune fille ne répond que par de simple sourire. Réveillée par la question du plus âgé, Rory s’anime, son visage s’illumine, la petite fille timide a disparu pour laisser place à une pile électrique chargée de passion « Robert Parish joue avec les Celtics de Boston, l’autre équipe n’a aucune chance ! Ce mec est une machine !»  

Reconnaissant les numéros sur les sièges comme étant ceux sur leur billet, ils s’installent l’un à côté de l’autre, il la laisse s’assoir en première, Rory se retrouve à la droite de son ami, Romeo se confesse sur ses non connaissances du jeu, il avait beau en avoir fait à l’école ça n’avait pas été son truc. « Raison de plus pour assister au match alors, tu vas voir c’est magique !»

Réfléchir à ce qu’elle voudrait grignoter, indécise elle ne sait se décider. « Rha … Mh oui je veux bien merci ... je sais pas quoi choisir, tu prends quoi toi? »



« REPRISE ! » Debout la jeune fille est hors d’elle, l’arbitre a laissé passer une faute, elle n’est pas la seule à huer, elle s’agite dans tous les sens, le pauvre Romeo doit se demander où il est tombé. Reste que quelques secondes de jeu avant la fin du deuxième quart de jeu, cette fois-ci la pause ne durera pas deux minutes mais une dizaine, le buzzer retentit, l’équipe adverse tente un buzzer beat mais échoue, le temps est écoulé.  

Rory est de retour, la folle excitée a disparu avec le coup de sifflet laissant place à la lycéenne effacée. Regard fixé sur le terrain, elle ne se retourne pas vers lui pour lui parler. «... Romeo tu ne t’intéresses pas au basket, n’est-ce pas ? … Tu es venu pour moi... merci.»  
Rapproche doucement sa main de celle du jeune homme, pour poser son petit doigt sur celui du plus âgé, un simple geste de profonde gratitude. Romeo n’est pas dans son élément, elle avait bien remarqué, il est venu pour elle, pour son frère, elle lui en est tellement reconnaissante, seule elle n’aurait jamais franchi le pas.

Ramdam autour d’eux, elle sursaute, elle ne comprend pas ce qui se passe – elle réalise bien vite – sur l’écran en face d’eux, la kiss cam a trouvé sa cible – la panique submerge la lycéenne, elle se retourne vers Romeo, son regard criant au secours, alors qu’il est lui-même dans la même galère : car oui c’est bien eux la cible de la caméra.  
Rouge d’émotion, elle n’a jamais pensé que son premier baiser aller se dérouler devant les yeux de la planète entière. Rory n’a d’ailleurs jamais réfléchi à la question, tout cela ne l’a jamais intéressé, la romance très peu pour elle, elle n’a même pas réfléchi à ses préférences ou si elle en avait. Le raffut ne s’arrête pas, tous les regards sont sur eux, comment vont-ils se sortir de ce gay-apens.

Défi a écrit:Mon défi était de faire commencer chacune de ses répliques par un mot dont la première lettre est un R. Ayant qu'une réplique et que Romeo est Romeo, finalement toutes mes phrases débutent par un R.

Le match de basket était loin d’être une idée désagréable, clairement, mais il n’était pas bien compliqué de comprendre qu’elle venait de Rory. Les mots qui sortaient de sa bouche pour donner son pronostic était bien loin des connaissances que je pouvais avoir sur les deux équipes, et je tentais bêtement de m’y raccrocher pour au moins avoir un vague aperçu de quoi m’attendre une fois dans le gymnase. “Je te suis sur le prono alors.”, me retrouvais-je à lui dire, un sourire confiant sur les lèvres comme pour enfoncer le nom du joueur et de son équipe dans mon esprit. Peut-être que ça aiderait à paraître plus à l’aise aussi, parce que pour l’instant les illusions ne devaient pas être des plus efficaces.
Le silence reprit sa place ensuite, le temps de s’installer dans les gradins aux places réservées sur les billets que la brune avait achetés. Et ce silence n’était pas tellement gênant dans mon cas, je connaissais suffisamment Rory pour savoir qu’elle était réservée et je ne lui en avais jamais tenu rigueur. Ça n’allait toutefois pas empêcher des confessions stupides sortir de ma bouche, comme celle qui se manifesta rapidement pour lui annoncer que c’était mon premier match en dehors du lycée. Le temps où j’avais tenté de me faire une place dans ce sport me paraissait bien loin, et avec le recul je n’avais jamais bien vu d’où pouvait venir la magie qui intéressait tant de personne. “Je n’en doute pas une seule seconde, je suis sûr qu’on va s’amuser.” Je balançais les mots avec sincérité, sans pourtant lui venir lui avouer que c’était ma manière de m’assurer qu’elle passerait un peu de temps pour elle en oubliant le stress de la disparition de son frère au moins le temps d’une soirée.
Chercher de la nourriture paraissait ensuite une bonne idée, et il ne fallut qu’un seul coup d'œil au gymnase pour repérer les indications qui menaient aux stands de nourriture. La proposition d’y aller se fit assez vite du coup, et je me relevai en posant mon regard dans celui de Rory pour venir lui répondre. “Je peux prendre des nachos et des sodas?” Rien de bien exceptionnel en soi, mais ça suffirait probablement pour que la nourriture convienne à tout le monde.

L’aller-retour se fit assez rapidement, et le match commença peut-être dix minutes après avoir récupéré la commande sans me laisser le temps de réviser toutes les pauvres notions qui me restaient en mémoire. Les joueurs se lancèrent dans une série de dribbles et de gestes techniques en tout genre, que je fis mine de connaître sans en sortir le moindre nom pour autant. Mes commentaires étaient sûrement ridicules, mais le mérite d’essayer ne pourrait pas m’être enlevé. Le coup de sifflet qui indiquait le début de la mi-temps finit par arriver, et le regard de Rory se reposa sur moi en reprenant les airs habituels de réserve que je lui connaissais si bien. “Oh…ça se voit tant que ça que je n’y connais rien?” La question était presque candide, mais la deuxième partie de la remarque de la jeune Pearson montrait sans encombre qu’elle m’avait percé à jour. “Je ne te mentais pas plus tôt, je ne t’aurais pas laissé y aller toute seule.” Je lui affirmais, un sourire léger sur les lèvres sans venir m’étendre sur les raisons qui m’avaient poussé à venir. Mentionner son frère ne serait pas une bonne idée de toute manière, et le but n’était pas de rendre l’ambiance plus triste qu’elle pouvait déjà l’être. Ma main resserrée dans la sienne en guise de soutien le temps de quelques secondes, il fallut entendre les gens nous crier dessus pour comprendre que la kiss cam nous avait choisie comme cible. Merde. Le rouge aux joues de Rory allait aussi bien avec la teinte qu’était en train de prendre mes joues, et je me retrouvai juste à serrer sa main une nouvelle fois pour l’encourager un peu. L’embrasser de manière sérieuse n’était même pas une option. C’était Rory, la petite-sœur d’un ami que j’avais vu grandir et qui restait surtout mineure. Ce n’était même pas une question de préférence d’orientation à ce stade, mais…c’était vraiment pas dans mes intentions de lui voler un baiser devant autant de spectateurs. Ce principe de kiss cam était débile sérieux. “Quel manque d’intimité incroyable.”, maugréai-je en levant les yeux au ciel, pour me retourner vers Rory avec un sourire désolé pour venir l’embrasser sur la joue. Ce n’était pas ce qui était demandé, mais ce n’était pas les protestations de la foule qui viendrait y changer quelque chose. “Dis-moi qu’on n’est plus à l’écran…” Par pitié, qu’on nous laisse tranquille maintenant.

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