Elle s'est dit que c'était plutôt intelligent, si la jeune professeur était bien une agent du CIA, comme l'indiquait peut-être les notes qu'on lui avait donné, de l'appeler pour lui montrer qu'elles n'étaient pas sur écoute. C'est une idée qu'elle trouve plutôt pas mal, elle arrive à reconnaître elle les appels lorsqu'elle est sur écoute, et elle se dit que Jill aussi, si elle bien qui le KGB pense qu'elle est. Et Freya s'applique à maintenir sa couverture, un appel innocent. Elle compte les sonneries en silence, et une fois que la vois de la jeune femme retentit de l'autre côté, elle se rend compte qu'il lui faut un prétexte pour cet appel, quand même. "Jill ? C'est... C'est Freya. Williams. La bibliothécaire." Elle rajoute, en se disant que Jill a du reconnaître sa voix et savoir qui c'était à l'annonce de son prénom. Elle roule des yeux bêtement, s'appuie contre l'îlot de la cuisine, récupère son martini pour en prendre une gorgée. "J'espère que je ne te dérange pas ?" C'est déjà une bonne entame à l'appel, elle se dit.

Elle passe en revue pour la énième fois le dossier qu'elle a constitué sur les habitants d'Hawkins les plus marquants. Le Maire fait partie des personnalités sur lesquelles l'agent enquête, mais aussi ses collègues professeurs, la boulangère, et il y a aussi-... Le téléphone sonne. La miss laisse donc se qu'elle fait en plan, se lève de sa chaise alors qu'elle était assise dans le salon et file à la cuisine pour décrocher le téléphone. « Allo? Oh, Freya, bonsoir. Ou-oui, je reconnais votre v-voix... » Elle bégaie subitement alors qu'elle sent son cœur battre subitement la chamade. Puis déposant sa main sur sa poitrine, comme pour calmer ses palpitations, elle reprend en essayant de se calmer. « Non non, je vous en prie jeeee... je corrigeais des copies. Que me vaut votre appel? Je n'ai rien oublié à la bibliothèque tout de même? » Ah on y est... l'échange de banalités gênantes quand on essaie de ne pas dire certaines choses.

Freya sent le coin de ses lèvres s'étirer en un sourire quand Jill confirme de l'autre côté du téléphone qu'elle a reconnu sa voix, en même temps quand on passe un peu trop de temps à discuter des livres au programme scolaire, et puis d'un peu de tout et de rien, ça reste marquant. La russe se retrouve à prendre une gorgée de son martini avec un sourire légèrement plus grand au reste, se mordant la lèvre en entendant le vouvoiement et elle se dit qu'elle a peut-être sauter une étape. Mince. "S'il te plaît, tu peux me tutoyer, je crois qu'on a passé le stade maintenant, et ça va me faire sonner comme une femme au foyer désespérée si je suis la seule à le faire." Freya rajoute en gardant un air amusé avant de se dire que ça aurait été certainement plus arrangeant que Jill oublie effectivement quelque chose à la bibliothèque. Malheureusement ce n'est pas le cas. "Oh non, du tout, du tout, je pensais à toi un peu par hasard, et je me suis permise d'utiliser ton numéro." Qu'elles ont échangées au cas où, sans doute, et Freya n'est pas sûre que ce soit un cas où, à dire vrai. Son index vient s'enrouler autour du câble distraitement alors qu'elle reprend une gorgée de son verre. "Je me disais qu'avec la fin de l'année scolaire, les élèves devaient être... turbulents." Pour ne pas dire ennuyants. "Et que peut-être... prendre un verre pourrait t'aider à te changer les idées ce week-end ?" Elle a le regard posé sur le martini et se rend compte qu'inviter une jeune femme à aller prendre un verre ce n'était pas très correct, en fait, alors elle rectifie. "Un café."

Elle n'est arrivée que depuis le début de l'année scolaire à Hawkins, et entre son nouveau job et sa mission, son temps est tellement pris que elle n'a clairement pas eu le temps de se faire d'amies ici. Alors lorsqu'un rapprochement certain s'et opéré entre les deux femmes à la bibliothèque, au point d'échanger vos numéros de téléphones respectifs, la professeure a vu là un moyen de se rapprocher d'une cible potentielle. Parce que bien évidemment, si elle passe autant de temps ici sous couverture, ce n'est pas simplement pour les beaux yeux de la bibliothécaire. Sa main passe de sa poitrine à ses lèvres en signe de surprise à l'invitation. Puis elle parvient tout de même à palabrer quelque chose avant que son silence ne devienne gênant : « Euuh, oui. B-bien. Nous pourrions sortir prendre un verre... de café... » Jill se rend compte que prendre un verre a une connotation tellement romantique aujourd'hui que corriger semblait obligatoire. Mais l'intérêt de sortir sur son temps libre avec Freya serait de pouvoir s'en rapprocher, de l'analyser, et ainsi de pouvoir juger si oui ou non elle est bien un agent assujetti au régime communiste. La belle jette un coup d'œil à l'horloge murale et propose une heure : « Vous faites quoi? Là maintenant...? Je veux dire... Pourquoi attendre si vous êtes libre...? » Appressée, stressée et subitement excitée à l'idée de la retrouver, Miss Fairchild semble aller plus vite que la musique.

Ca fait des années (qu'elle ne compte plus) qu'elle endort des gens, Freya, manipule avec une certaine facilité, et le danger ne lui fait pas peur, au contraire, ça semble brûler en elle, comme un feu ardent en elle, qui ravage tout sur son passage. C'est cette impulsivité, cette capacité à ne pas avoir peur qui la pousse à se jeter tête la première sur Jill, et les informations qui sont censés la relier au service des renseignements. Il y a un silence qui s'étend à l'autre bout du fil et Freya reste silencieuse, l'habitude de retenir son souffle et d'écouter, à l'affût du moindre bruit compromettant. Mais c'est la voix de Jill qui vient briser le silence. "Un café, parfait." Freya reprend, déjà parce qu'une épouse et mère de famille ne devrait pas aller boire un verre n'importe quand et avec n'importe qui. Elle pense, alors qu'elle termine le martini dans son verre et le repose sur l'îlot, se détachant à son tour pour se retourner et pouvoir appuyer ses bras contre. La réflexion de la professeure de littérature lui tire un petit sourire moqueur sur les lèvres alors que son regard accroche l'horloge murale, un sourcil haussé pour l'heure un peu tardive. "Parce que je pense qu'il est un peu tard pour un café ? Et mon devoir d'épouse m'appelle à bientôt préparer le dîner." Parfois elle envie la liberté que le mariage et l'enfant si tôt l'ont un peu privé, malgré les fois où elle arrivait à s'absenter, mais elle avait toujours cette obligation quand elle était là et que Ray était à l'armée. Pour leur fille. Elle déteste cuisiner en plus. "Mais pourquoi pas demain matin ? Au centre commercial ? Ca nous permettra de faire un tour dans les boutiques, si jamais." L'idée la surprend un peu, elle fait rarement les boutiques, et n'est même pas sûre de ce qu'on peut y trouver exactement.

Elle en a oublié que son interlocutrice ne l'oblige pas à se tenir aux formalités d'usages. Figée dans ses habitudes et dans son train-train, Jill a pour sens commun de vouvoyer les gens dont elle n'est pas foncièrement proche. Il sans dire que les quelques mots échangés au comptoir de la bibliothèque ainsi que dans les rayons ne viennent pas placer la belle blonde dans la case "proches". Mais puisqu'elle est désormais invitée à le faire, il va bien falloir tenter d'être un tantinet plus familière.
Posée le dos contre l'angle mural, l'agent rebondie sur le "devoir d'épouse". |color=indianred]« Oh... Oh! J'avais donc bien vu un alliance à la bibliothèque. Je suis désolée de mon manque de tact. »[/color] Se confond-elle en excuses. A la mansion de son mariage, une partie d'elle s'éteint presque imperceptiblement. Pourquoi? Même elle ne semble pas réellement en prendre toute la mesure. Et puis, l'infiltrée sait parfaitement que la belle est mariée depuis des années, mariée jeune, avec un enfant aussi. Tout est dans le dossier fourni par le bureau. Mais sans doute espérait-elle qu'elle ne l'évoque pas trop vite...
En se frottant le menton comme en pleine réflexion : « Demain... Samedi... Oui, je ne vois rien sur mon agenda... » Elle met de petits temps de pauses entre les phrases comme pour simuler le check d'un véritable semainier. « Très bien Freya, disons demain, neuf heures? C'est réalisables malgré vos obligations de... femme mariée...? Je ne voudrais pas v-te retenir trop longtemps... » Rapport aux boutiques et tout ça.

Freya étire un léger sourire quand elle entend la réaction de Jill à l'autre bout du fil, elle a noté la bague, elle se dit, elle l'a donc bien observé, et elle se dit qu'elle va sans doute devoir être davantage sur ses gardes. Peut-être que c'est une mauvaise idée, elle ne sait pas trop. Mais elle ne peut s'empêcher de rire un petit peu à l'autre bout du fil avant de poser sa main libre sur le combiné en plus, pour pouvoir glisser un regard sur la bague à son doigt, justement. "Oh ce n'est pas un secret, ça va bien faire vingt-et-un ans que je suis madame Williams maintenant." La russe reprend avant de sentir une pointe de désespoir percer en elle, vingt-et-un ans qu'elle se retrouve à Hawkins, c'est long quand même. Et presque tout autant qu'elle n'a plus de nouvelles de sa famille. Est-ce qu'ils sont vivants ? C'est la voix de la professeure de littérature qui la rappelle un peu à elle, elle réfléchit pour voir si demain elle n'a rien de prévu, et Freya retient un peu son souffle. Elle ne s'attendait pas à l'inviter comme ça avec ce coup de fil mais au final ça lui donne un peu de peps, flirter avec le danger, ça a le don de la faire se sentir vivante. "Demain neuf heures, ça me semble bien, oui." Freya confirme dans un sourire avant de secouer un peu de la tête à la mention de sa vie de famille. "Non justement, mon samedi matin m'est réservé, j'ai le temps." Elle reprend avec douceur avant de se détacher du mur en se redressant. "A demain, alors ?"

Toujours gênée à l'idée de sortir avec une femme mariée, elle reste interdite par l'idée de retrouver la belle demain matin autour d'un café/petit-déjeuner. Puis Jill jette un œil sur la table et voit son dossier ouvert à la page de s habitants du quartier qui seraient de potentiels infiltrés du gouvernement russe. L'agent du Bureau sait bien qu'elle doit s'approcher de certaines cibles précises, et ce rendez-vous est le prétexte qu'elle attendait tant. Jill remarque qu'elle laisse un silence bien trop long s'installer et elle termine subitement par un sobre : « Oui, ce sera parfait. A demain matin, Freya. » Pourquoi "parfait"? Et pourquoi sourit-elle en jouant avec le cordon entortillé sur fil du téléphone? Elle raccroche enfin l'air soudainement ailleurs. Mais elle doit se ressaisir, ceci ne sera pas un rendez-vous de convenance.