you should have spotted the yellow mustang - Spencer
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# you should have spotted the yellow mustang - Spencer - Mer 27 Juil - 14:06
you have bad taste in car @Spencer Hayes
Nina se rendait au centre commercial quand elle avait besoin d’être entourée d’une foule, d’un bruit, d’une présence, sans que son existence ne soit reconnue, captée. C’était ce qui lui manquait le plus, de New-York, l’effervescence de la ruche humaine où chaque âme était bourdonnement. Ce n’était pas parce que Nina était revenue depuis deux jours qu’elle avait savouré le calme de Mirkwood. Non. Depuis les disparitions, elle était partagée entre l’envie d’être un chien de garde constant, où s’éloigner de là où le mal semblait se concentrer. Ici, dans les entrailles de Starcourt, elle ressentait à peine la pression constante qui s’insinuait en tentacule invisible sur sa peau, le tout chassé par le doux souffle de l’AC constant.
Elle se serait juste plainte de la musique, Nina. Mais ça revenait à parler avec des gens et elle n’était pas d’humeur loquace. Elle s’était installée sur une des chaises de l’espace restauration et elle observait la vie de ses yeux de peintre, enregistrait les visages connus qu’elle retraçait parfois au lieu de manger. Comme ici, parée d’un demi-litre d’iced tea qui comblerait le feulement de la faim.
Nina contemplait le voile qui la séparait de la réalité, des gens, des connections qu’elle aurait pu créer avec eux. Ce n’était pas compliqué, elle l’avait fait des centaines de fois. Mais il lui manquait l’envie et elle travaillait dessus, du mieux qu’elle le pouvait. Ce n’était qu’une excuse que Nina se donnait, et vraiment, elle se plaisait en âme solitaire perdue dans le tumulte de la vie d’Hawkins. C’était une expérience partagée qu’elle tentait de reconquérir, donner l’illusion qu’elle faisait comme les autres. La pensée n’était pas là et son regard placide reprit vie soudainement.
Quelqu’un l’observait.
Elle y était habituée. Parce qu’elle était femme. Parce qu’elle était Thaï. Parce qu’elle était. Mais elle ne voulait pas être vue, Nina. Alors elle se leva de sa chaise inconfortable en métal et décida de fuir l’attention (qu’elle donnait sans mal aux étrangers et qu’elle ne supportait pas recevoir). Elle arriva aux escalators et s’interdit de regarder derrière elle.
Elle se serait juste plainte de la musique, Nina. Mais ça revenait à parler avec des gens et elle n’était pas d’humeur loquace. Elle s’était installée sur une des chaises de l’espace restauration et elle observait la vie de ses yeux de peintre, enregistrait les visages connus qu’elle retraçait parfois au lieu de manger. Comme ici, parée d’un demi-litre d’iced tea qui comblerait le feulement de la faim.
Nina contemplait le voile qui la séparait de la réalité, des gens, des connections qu’elle aurait pu créer avec eux. Ce n’était pas compliqué, elle l’avait fait des centaines de fois. Mais il lui manquait l’envie et elle travaillait dessus, du mieux qu’elle le pouvait. Ce n’était qu’une excuse que Nina se donnait, et vraiment, elle se plaisait en âme solitaire perdue dans le tumulte de la vie d’Hawkins. C’était une expérience partagée qu’elle tentait de reconquérir, donner l’illusion qu’elle faisait comme les autres. La pensée n’était pas là et son regard placide reprit vie soudainement.
Quelqu’un l’observait.
Elle y était habituée. Parce qu’elle était femme. Parce qu’elle était Thaï. Parce qu’elle était. Mais elle ne voulait pas être vue, Nina. Alors elle se leva de sa chaise inconfortable en métal et décida de fuir l’attention (qu’elle donnait sans mal aux étrangers et qu’elle ne supportait pas recevoir). Elle arriva aux escalators et s’interdit de regarder derrière elle.
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# you should have spotted the yellow mustang - Spencer - Sam 30 Juil - 10:22
you should have spotted the yellow mustang @Nina Hayes
Étape 1. S’absenter de son emploi pour une durée indéterminée (vu la tête tirée par le patron, comprendre : démissionner sans possibilité de retour). S’assurer que Bulle, le poisson rouge, est entre de bonnes mains.
Étape 2. Conduire jusqu’à Hawkins, Indiana, une main sur le volant et l’autre en bataille avec une carte des US impossible à refermer.
Étape 3. Frapper à la porte de sa belle-sœur (et peut-être pas qu’à sa porte, d’ailleurs). Demander deux explications : une sur la disparition d’Anthony, l’autre sur son soi-disant décès.
Tout avait l’air simple, et pourtant quelque chose avait merdé entre les étapes 2 et 3. Hawkins, Indiana, était bien là où l’indiquait le point sur la carte, mais la ville était légèrement plus grande que ce petit rond d’encre, et abritait bien plus que les deux cent habitants que Spencer avait imaginés. Après des longues journées de recherches qui s’étaient muées en semaines, elle avait filé chez Starcourt pour s’accorder une pause. De toute façon, elle n’avait pas assez de vêtements légers et les jours se réchaufferaient sans doute d’ici peu. Si elle liquidait ses derniers dollars dans des fringues, elle serait contrainte de trouver un travail, qui lui changerait probablement les idées. Même si en terme de choix, on ne pouvait pas dire que Starcourt était incroyable. Les habitants d'Hawkins avaient l'air émerveillés par le complexe, qui n'arrivait pas à la cheville des rues de sa ville natale.
Elle n'avait fait qu'un petit tour de vitrine en vitrine pour du repérage, lorsqu'elle aperçut au loin une brune assise à l’espace restauration. Comme à chaque fois, son cœur s’agita. Était-ce la femme d’Anthony ? Elle en avait alpagué, des brunes, des dizaines, en pensant toujours que cette fois était la bonne. Il lui était même arrivé d’importuner un homme aux cheveux mi-longs, assis et de dos, dont elle n’avait pas remarqué la morphologie masculine. Pas cette fois, se dit-elle fatiguée. Elle voulait être tranquille, elle voulait faire les boutiques, elle voulait dilapider son argent dans un t-shirt qu’elle ne porterait qu’une fois sans penser à ses vieux démons. Se libérer de toute cette histoire, de sa tristesse et de sa haine, juste pour un jour.
Malgré sa volonté et ses pas qui l’éloignaient déjà, ses yeux restèrent fixés à la brune, au loin. Lorsque celle-ci finit par se lever, Spencer entraperçut son profil. C’est elle.
C’est elle c’est elle c’est elle c’est elle c’est elle c’est elle.
L’instant d’après, Spencer était en train de courir au milieu de la foule, poussant les gens sans ménagement. Elle aurait voulu crier, mais crier quoi ? Elle ne se souvenait toujours pas du prénom de celle qu’elle avait cherché dans tout Hawkins. « Hé !! » fut le seul son qui parvint finalement à sortir de ses poumons, déjà épuisés par sa course. Elle s’agrippa à la rambarde de l’escalator. La brune était déjà bien plus haut. Spencer réfléchit rapidement tandis que son souffle cherchait en vain à se stabiliser. Il y avait un mot qu’elle pouvait crier. Trois syllabes auxquelles l’autre serait obligée de réagir, si elle était celle que Spencer croyait. La rousse prit une profonde inspiration. « Anthony !! » hurla-t-elle au beau milieu de l’escalator. « Anthony Hayes ! »
Étape 2. Conduire jusqu’à Hawkins, Indiana, une main sur le volant et l’autre en bataille avec une carte des US impossible à refermer.
Étape 3. Frapper à la porte de sa belle-sœur (et peut-être pas qu’à sa porte, d’ailleurs). Demander deux explications : une sur la disparition d’Anthony, l’autre sur son soi-disant décès.
Tout avait l’air simple, et pourtant quelque chose avait merdé entre les étapes 2 et 3. Hawkins, Indiana, était bien là où l’indiquait le point sur la carte, mais la ville était légèrement plus grande que ce petit rond d’encre, et abritait bien plus que les deux cent habitants que Spencer avait imaginés. Après des longues journées de recherches qui s’étaient muées en semaines, elle avait filé chez Starcourt pour s’accorder une pause. De toute façon, elle n’avait pas assez de vêtements légers et les jours se réchaufferaient sans doute d’ici peu. Si elle liquidait ses derniers dollars dans des fringues, elle serait contrainte de trouver un travail, qui lui changerait probablement les idées. Même si en terme de choix, on ne pouvait pas dire que Starcourt était incroyable. Les habitants d'Hawkins avaient l'air émerveillés par le complexe, qui n'arrivait pas à la cheville des rues de sa ville natale.
Elle n'avait fait qu'un petit tour de vitrine en vitrine pour du repérage, lorsqu'elle aperçut au loin une brune assise à l’espace restauration. Comme à chaque fois, son cœur s’agita. Était-ce la femme d’Anthony ? Elle en avait alpagué, des brunes, des dizaines, en pensant toujours que cette fois était la bonne. Il lui était même arrivé d’importuner un homme aux cheveux mi-longs, assis et de dos, dont elle n’avait pas remarqué la morphologie masculine. Pas cette fois, se dit-elle fatiguée. Elle voulait être tranquille, elle voulait faire les boutiques, elle voulait dilapider son argent dans un t-shirt qu’elle ne porterait qu’une fois sans penser à ses vieux démons. Se libérer de toute cette histoire, de sa tristesse et de sa haine, juste pour un jour.
Malgré sa volonté et ses pas qui l’éloignaient déjà, ses yeux restèrent fixés à la brune, au loin. Lorsque celle-ci finit par se lever, Spencer entraperçut son profil. C’est elle.
C’est elle c’est elle c’est elle c’est elle c’est elle c’est elle.
L’instant d’après, Spencer était en train de courir au milieu de la foule, poussant les gens sans ménagement. Elle aurait voulu crier, mais crier quoi ? Elle ne se souvenait toujours pas du prénom de celle qu’elle avait cherché dans tout Hawkins. « Hé !! » fut le seul son qui parvint finalement à sortir de ses poumons, déjà épuisés par sa course. Elle s’agrippa à la rambarde de l’escalator. La brune était déjà bien plus haut. Spencer réfléchit rapidement tandis que son souffle cherchait en vain à se stabiliser. Il y avait un mot qu’elle pouvait crier. Trois syllabes auxquelles l’autre serait obligée de réagir, si elle était celle que Spencer croyait. La rousse prit une profonde inspiration. « Anthony !! » hurla-t-elle au beau milieu de l’escalator. « Anthony Hayes ! »
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# you should have spotted the yellow mustang - Spencer - Sam 30 Juil - 10:59
you have bad taste in car @Spencer Hayes
Anthony. C’était une incantation que Nina connaissait bien, qu’elle avait murmuré au creux de la nuit, au creux de ses mains pour retenir ses larmes. Anthony. Une incantation jetée dans le vide, en espérant que celui-ci se matérialise sur la figure de son mari disparu. Anthony. Mais ça ne le ramenait pas, combien Nina aurait prononcé son prénom jusqu’à ce que sa langue et ses lèvres ne soient plus que chairs desséchées.
Anthony.
Anthony.
Anthony.
Nina le prononçait à peine depuis qu’elle était venue habiter à Hawkins. Elle n’était plus la femme d’un disparu, la veuve éplorée. Mais il était là, dans chaque geste qu’elle posait, empreinte indélébile dans ce trou qui avait un jour été son cœur. Il était là, dans les vêtements qu’elle n’avait pu jeter et qu’elle portait lors de ses jours sombres, ses jours mémoires, ses jours fantômes.
Anthony était une cicatrice qui ne guérirait jamais et Nina commençait tout juste à l’accepter, avec le décès de son beau-père et tous ces papiers signés sur les dernières semaines aux patronymes Hayes, avec des prénoms différents qui ramenaient tous à des cercueils.
Sauf un.
Spencer.
Son iced tea lui avait échappé de sa main, sous la surprise du nom complet, de la voix qu’elle reconnaissait sans mal, de cette figure qu’elle n’aurait jamais imaginé voir ici à Hawkins. Le gobelet en plastique s’écrasa au sol et déversa ce qu’il restait de son contenu en une flaque brune. Nina resta figée sur place, et elle attendit que la furie rousse arrive à sa hauteur. « Spencer. » Elles ne s’étaient pas revues depuis une éternité. Même à l’enterrement des parents Hayes, Nina ne l’avait pas croisée. Même quand il avait fallu régler tous les papiers, l’unique héritière était introuvable, injoignable. « Qu’est-ce que tu fais là ? » Nina fronça les sourcils, la vie reprenant sa contenance en elle. « Et pourquoi est-ce que tu cries le nom d’Anthony ? »
Anthony.
Anthony.
Anthony.
Nina le prononçait à peine depuis qu’elle était venue habiter à Hawkins. Elle n’était plus la femme d’un disparu, la veuve éplorée. Mais il était là, dans chaque geste qu’elle posait, empreinte indélébile dans ce trou qui avait un jour été son cœur. Il était là, dans les vêtements qu’elle n’avait pu jeter et qu’elle portait lors de ses jours sombres, ses jours mémoires, ses jours fantômes.
Anthony était une cicatrice qui ne guérirait jamais et Nina commençait tout juste à l’accepter, avec le décès de son beau-père et tous ces papiers signés sur les dernières semaines aux patronymes Hayes, avec des prénoms différents qui ramenaient tous à des cercueils.
Sauf un.
Spencer.
Son iced tea lui avait échappé de sa main, sous la surprise du nom complet, de la voix qu’elle reconnaissait sans mal, de cette figure qu’elle n’aurait jamais imaginé voir ici à Hawkins. Le gobelet en plastique s’écrasa au sol et déversa ce qu’il restait de son contenu en une flaque brune. Nina resta figée sur place, et elle attendit que la furie rousse arrive à sa hauteur. « Spencer. » Elles ne s’étaient pas revues depuis une éternité. Même à l’enterrement des parents Hayes, Nina ne l’avait pas croisée. Même quand il avait fallu régler tous les papiers, l’unique héritière était introuvable, injoignable. « Qu’est-ce que tu fais là ? » Nina fronça les sourcils, la vie reprenant sa contenance en elle. « Et pourquoi est-ce que tu cries le nom d’Anthony ? »