Encore une chouette idée, titubant sous la faible lumière des étoiles, le tapis gris étalé sur le ciel pour priver cette partie du monde de la seule chose qui pourrait offrir un peu de beauté à cet endroit maussade. Seule, le claquement des talons sur le béton détruit de cette route de fortune, les mains qui entourent une frêle taille de guêpe perdue dans une large veste de denim délavée, les boucles dorées virevoltent en rythme avec ses longues enjambées hâtives. Mauvaise idée de sortir seule, elle entend les milles sermons de Calli, les mêmes mots qui apparemment ne veulent pas s'installer dans cette tête bornée, flirtant avec un danger qu'elle méprise carrément.
Le vide intersidéral, le silence brisé par des bruits d'animaux, son chemin déroule sous ses chaussures alors qu'elle se chuchote les paroles de sa chanson préférée pour s'offrir un réconfort éphémère. Une lumière qui illumine d'un coup le corps de Nori, projetant son ombre contre le sol et les crissements de pneu, Nori enfonce sa tête dans ses épaules et continue de marcher sans faire attention à la voiture qui ralentit une fois arrivée à sa hauteur. Sans croiser le regard, elle entend la voix d'un homme qui l'appelle. Clary, ma belle, bébé, des petits noms d'animaux aussi, des surnoms tendres qui sur ses reches lèvres en ressortent crades. Des frissons glacés traversent la colonne de la blonde qui augmente la cadence alors que l'inconnu insiste plus en plus. J'ai pas arrêté de penser à toi depuis la dernière fois. et d'autres saletés qu'elle n'a aucune foutue envie d'entendre.
Lorsqu'elle arrive à proximité d'un commerce, comme une mouche attirée par la lumière des néons, elle fonce jusqu'à l'intérieur alors que l'autre hurle dans son dos mais où tu vas Clary ? Tu veux jouer ?, elle arrive simplement de souffler un léger "vas te faire foutre" en claquant précipitamment la porte derrière elle sans se rendre compte qu'elle vient de pénétrer dans une odeur mélange de transpiration et de vapeur d'alcool. Le pub de la ville, putain, où tous les clochards et les putains de la ville se retrouvent pour oublier leurs minables destins. Mais pour une fois, elle ne se sent pas gênée, elle se précipite vers le bar en bousculant une fille sur le passage. "Appelez la police, il y a un mental dehors." dit-elle avant de regarder l'homme endormi à côté d'elle, tête contre le bar, nageant dans sa bave. "À l'intérieur aussi, by the way." elle ajoute sans cacher sa répugnance de princesse des villes. Revenant à son possible plus gros problème, elle tape contre le bar en voyant que le barman n'a pas l'air de prendre les choses très au sérieux. "Allez simplet, toi téléphoner police ou toi mettre une perruque et t'appeler Clary." qu'elle articule de la manière la plus odieuse qu'elle connaisse. Vraiment tous des crétins dans ce patelin.