Mirwook, ce n’est pas l’endroit idéal pour une balade en ce moment. Car même si rien n’est sûr, beaucoup affirme que c’est ici qu’on lieu les disparitions, que c’est ici qu’on entend des bruits étranges la nuit et qu’on retrouve les bicyclettes abandonnées. Beaucoup ont peur de venir ici aujourd’hui et pourtant aujourd’hui, tu es là. Pour une raison qui t’appartiens, tu as décidés de venir ici et il était clair que tu n’avais pas prévu de tomber sur quelqu’un. Une femme, Spencer. Un enfant, Eddy et peut-être pas des raisons si différentes d’être ici qu’on pourrait l’imaginer.

Ce n’était pas faute de lui avoir déconseillé de mettre les pieds à Mirkwood. C’est là-bas que les gens disparaissent, c’est sûr ! qu’on lui avait dit. Balayant toutes ces frousses comme les légendes urbaines qu’elles étaient, Spencer s’y était aventurée dans l’après-midi, à la recherche d’indices. Elle n’avait aucune idée de la superficie de cette maudite forêt qui l’avait engloutie, mais elle était assez dense pour qu’elle s’y perde jusqu’à ce que le soleil se soit couché.
Son instinct de survie bancal lui avait fait parer à cette éventualité plutôt qu’une autre, la munissant d’une torche à piles un peu pourrie dont le faisceau clignotait par moments. Elle avait une bouteille d’eau, mais rien à se mettre sous la dent à part un vieux paquet de chewing-gum. L’expérience était pour Spencer plus déplaisante qu’effrayante. Elle n’avait jamais eu peur du noir, ni des forêts, ni des soi-disant fantômes. Les monstres et toutes ces créatures folles, c’était bon pour la fiction. Il existait néanmoins des trucs bien réels et dangereux, les fous, meurtriers, kidnappeurs, qui faisait qu’elle avait quand même un haut-le-cœur à chaque craquement de brindille ou bruissement de feuillage.

A travers les arbres, elle vit soudain un faisceau lumineux et s’immobilisa. Il y avait quelqu’un, c’était impossible qu’un animal sauvage se balade avec une torche. La lumière tanguait au rythme de marche de celui qui l’avait dans sa main. Ami ? Ennemi ? Pourquoi ne pas aller vérifier ? Spencer s’approcha en faisant de grands signes avec sa propre torche, mais en face, la lumière gardait sa trajectoire. Elle s’en approcha néanmoins, jusqu’à être tout près.
Elle tomba nez à nez avec… un gamin ? Un « Merde, bordel ! » lui échappa, une exclamation balancée dans le silence, presque pour s'auto rassurer. Elle avait eu, pendant une demi-seconde, l’impression étrange qu’il n’y avait personne au bout de cette torche, puisqu’elle n’avait vu que du vide à hauteur de ses yeux. Passée la stupeur, vinrent les questionnements. Qu’est-ce qu’un gosse faisait au milieu de la forêt, en pleine nuit ? Fallait pas s’étonner qu’il y ait des disparitions si les parents étaient pas capables de les surveiller… Elle soupira en essayant d’ignorer le manque d’aisance qu’elle avait avec les enfants. « Euh… Bonjour ? Qu’est-ce que tu fais ici ? »

Tu gardes de très mauvais souvenir de ton séjour dans ce monde à l'envers. Au début, tu te sentais seul, malheureux, tu avais très froid et tu n'arrivais pas à trouver le moindre reperd. Tout était comme chez toi, mais rien ne l'étais réellement. Il y avait cette poussière dans l'air. Les lianes partout sur les murs comme-ci les maisons avaient été abandonné. Comme par instinct de survit, tu avais couru jusqu'à chez toi. Tu ignores ce que tu espérais trouvé, ta famille ou bien la sécurité d'un foyer? Rien ne tout ça était présent. Tu te revois te coucher sous ton lit pleurant à chaude larme sans faire le moindre bruit. Ta dernière envie était de te retrouver en tête avec tête avec ce monstre.

Maintenant, que tu es de retour chez toi. À présent que tu as retrouvé la douceur d'un foyer, tu es comme attirée par cette forêt. Tu as toujours de besoin d'y aller. Tu essaies d'expliquer cela en trouvant une logique. Mais ton instinct te pousse à y aller. Évidemment, ta famille est contre, ils ont peur. Ils ne veulent pas te perdre à nouveau. Tu les comprends. Tu pourrais vouloir profiter avec tes amis, mais non, tu veux aller dans cette forêt.

Tu en croises des gens à travers les arbres, souvent ils sont à la recherche d'âme perdue. Ou ils font partie des marches de soutiens. Tu ignores ce qu'ils souhaitent retrouver. Un corps à moitié dévoré ? Une âme en peine comme la tienne ou pire faire la connaissance avec le monstre. Tu n'es pas surpris de croiser un autre habitant d'Hawkins et pourtant, sa lumière t'éblouie tout de même. Tout d'abord elle prononce une injure et cela te fait sourire. Tu as toujours trouvé ça drôle de voir un adulte se laisser aller à ce genre de comportement. Puis la dame en question finit par te saluer, tu réponds qu'avec un petit signe de tête. La question sur ta présence ici, fini par arriver. Tu marques une pause cherchant une façon de pouvoir communiquer avec elle. Depuis ton retour très peu de mot sortent de ta bouche. Tu as toujours été timide, mais désormais c'est autre chose, un traumatisme comme disent les psy. "Comme vous!" Tu présumes que si cette dame est là c'est pour trouver des réponses ou trouver quelqu'un et dans la logique des choses, tu es censé faire de même. Tu n'es pas censé être là, car une voix intérieure t'y obliges.

Le gosse ne semblait pas très bavard, et Spencer n’aurait su dire si elle aurait préféré qu’il le soit. En règle générale, elle avait du mal avec les enfants, voire ne les supportait pas, mais c’était surtout dû au bruit et au chaos qui n’étaient jamais vraiment dissociables de ces mini-humains. Cet enfant-là semblait étonnamment calme et silencieux. Peut-être était-ce l’ambiance lugubre de la forêt qui lui filait la frousse ?
« Tes parents ne sont pas là ? » Évidemment que non. Spencer avait beau tourner la tête à droite et à gauche, elle ne verrait personne. La réponse qu’il lui avait apportée renforça la sensation d’irréel qu’elle avait, debout au milieu d’une forêt en pleine nuit. Comment est-ce qu’il pouvait savoir ce qu’elle faisait là ? Elle-même n’en était pas vraiment certaine, cherchait-elle encore quelque chose ou allait-elle admettre qu’elle s’était perdue ?

Les arbres secoués par le vent, derrière elle, lui firent l’effet d’un frisson qui parcourait la forêt. Elle était presque contente d’être finalement tombée sur quelqu’un, fut-ce un môme. « Comme moi, hein ? », finit-elle en se prenant au jeu. « Tu t’es donc perdu, toi aussi ? »
Elle pointait sa torche dans toutes les directions, à la recherche de l’endroit par lequel elle avait fait irruption, sans le trouver. Sens de l’orientation : 0/10. Si le gamin ne savait pas plus s’orienter qu’elle, il faudrait attendre le jour pour se guider à la position du soleil et peut-être au moteur des voitures. Et s’il se retrouvait, « comme elle », en pleine nuit dans cette forêt, c’est qu’il était perdu aussi, non ? A défaut de savoir où aller, Spencer devait au moins faire semblant d’être une adulte responsable et prendre les choses en main. « Alors, je pense que la ville se situe plutôt par là-bas. » Elle pointa une direction au hasard avec son faisceau, sans considérer une seule seconde qu'il n'avait peut-être pas envie de rentrer chez lui. « Au fait, les mots que j’ai criés tout à l’heure… Oublie-les, d’accord ? » La dernière chose dont elle avait envie, c’est qu’on lui mette les futures grossièretés d’un préado sur la conscience.