Des cris l’avaient accueillie quand elle était rentrée chez elle, sa mère surgissant brutalement de la cuisine, les cheveux hirsutes, les yeux rouges, donnant lieu à une scène que June n’avait que trop vécue. Fermant les yeux, comme si cela allait lui permettre d’échapper à ce qu’elle savait exactement qui allait suivre. Elle se sentit agrippée, une haleine fétide gagnant ses narines alors que la voix maternelle criait à propos de ses bouteilles. Ses belles, ses précieuses, ses fabuleuses bouteilles qui était à elle, rien qu’à elle, et que cette petite idiote avait sciemment gâchée en versant leur contenu dans l’évier. June était certainement aujourd’hui passée par cela plus de mille fois, mais elle ne s’y habituait pas, on ne s’y habituait pas, jamais, et aucun enfant n’aurait dû avoir à traverser cela, ne serait-ce qu’une seule fois. Les larmes venaient déjà, alors qu’elle se sentait secouée, humiliée, seule… Pendant dix bonnes minutes, elle fut comme cela, face à la seule famille qui lui restait, empestant l’addiction, la rage folle, irraisonnée, et contre laquelle elle ne pouvait absolument rien faire.

Et puis, quand elle osa enfin véritablement rouvrir ses yeux, après que sa mère fut repartie, en claquant la porte d’entrée, très certainement en direction de l’épicerie du coin pour acheter de quoi avoir sa dose d’ivresse avant d’aller se coucher, elle se remit à pleurer de plus belle, sanglotant là, dans l’entrée de sa maison, seule et fragile. Quand elle reprit finalement pleinement conscience de ses esprits et de son corps, elle sortit. Pas une seconde de plus elle ne pouvait rester entre ces murs où résonnaient encore la violence maternelle, enfourchant son vélo pour pédaler. Pédaler jusqu’à ne plus le pouvoir, pédaler jusqu’à ce que ses cheveux ne s’envolent sous l’effet du vent, pédaler jusqu’à être perdue, qu’on ne la retrouve jamais.

Finalement, elle ne se perdit pas. Ses yeux, encore rougis des larmes échappés, observaient l’extérieur, à travers la vitre sur laquelle on pouvait lire en toutes lettres un vaillant Benny’s Burger. Un endroit bien apprécié des habitants de Hawkins, qui ne semblait pourtant pas en foule aujourd’hui. Était-ce elle, cette petite rouquine qui transpirait la détresse qui les avait fuir, ou bien un autre événement plus attrayant qui retenaient leurs attentions ? Une fête foraine s’était-elle installée en ville ? Un discours du maire sur un quelconque sujet avait-il lieu en ce moment même ? Elle n’en savait rien, et, à vrai dire, se fichait bien de la réponse justifiant cette absence de personnes, elle était bien là, seule, tranquille, sans avoir à rigoler, à réparer une injustice, ou à grimper un arbre. Comment cela finirait-il ? Elle s’interrogeait, se morfondait en hypothèses, toutes les plus malheureuses les unes que les autres, venant finalement être extirpée de ses pensées, et de sa musique, par une voix finissant par percer la voix de Steve Perry, ordonnant de ne pas cesser d’y croire.

« - Oui, excusez-moi…

Souffla-t-elle doucement, en déplaçant son casque de ses oreilles jusqu’à son cou, avant d’arrêter son walkman. Elle tourna la tête vers le serveur, qui semblait impatient, tapant du pied, stylo prêt à noter sur son carnet. Une attitude à l’inverse de l’autre silhouette, que June n’observa cependant pas, derrière le comptoir et qui n’arrivait pas véritablement à la quitter des yeux depuis qu’elle avait pénétrée en quatrième vitesse dans le diner.

- Je vais juste vous prendre un coca et un burger premium, s’il vous plait. »

Commanda-t-elle d’une petite voix qui ne lui ressemblait pas, face à l’homme se contentant d’un simple hochement de tête, avant de se diriger vers les cuisines, sans même prendre la peine de noter ce que June venait de demander. Elle l’avait suivie distraitement du regard, avant de jeter un regard triste vers son walkman. C’était sa mère qui lui avait offerte, une preuve qu’elle pouvait être aimante, attentionnée… Ce qui, en réalité, ne rendait que plus dur pour June le cauchemar dans lequel elle vivait… et qu’elle infligeait à sa propre fille. Elle sentit à nouveau son regard devenir humide face à cette malheureuse contemplation

Le son de la clochette venait une nouvelle fois de retentir dans son dos, indicatif sonore émit depuis la cuisine pour prévenir les serveurs que les commandes étaient prêtes à être servies. Coincée dans son uniforme bariolé, Angela glissa son chiffon de service à l'intérieur de son tablier, puis s'empara des deux assiettes chaudes pour aller les déposer devant les deux tourtereaux en train de se bécoter sur la banquette située en fond de salle. L'échange baveux auquel elle assista en arrivant devant eux, lui arracha une grimace de dégoût. Elle ne se souvenait pas avoir explorer à ce point les amygdales de son précédent petit copain. Il n'y en avait pas eu trente-six d'ailleurs, Shawn avait été le seul petit-ami qu'elle avait jamais eu. Plus vieux qu'elle d'une année. A présent, il était à l'université. Ils s'étaient quittés aussi facilement qu'ils s'étaient mis ensemble. Sans grande conviction, ni sentiment. Les quelques mois passés à se fréquenter avaient davantage ressemblé à un duo d'amis de toujours trainant ensemble. Beaucoup de sorties, des moments révisions et quelques séances de roulages de patins en salle de physique au déjeuner. Angela ne pouvait réellement affirmer si les sentiments qu'elle avait eu à son égard relevaient de l'amour. Il y avait eu une attirance physique, à n'en pas douter, mais guère plus. C'était sa maturité qui l'avait principalement séduite, se montrant bien plus responsable que la plupart des garçons du lycée de Hawkins. Sa mère n'avait pu s'empêcher de lui glisser à l'oreille après l'avoir rencontré, qu'il aurait fait un bon parti. Ce à quoi Angela avait répondu par un roulement d'yeux.

Yeux qui s'étaient posés sur la silhouette ayant pénétré quelques secondes plutôt à l'intérieur de l'édifice. Tête basse, walkman sur les oreilles, elle s'était glissée sans bruit jusqu'à l'une des tables longeant les vitres du diner. Chevelure rousse, tâches de rousseur, pupilles bleu-glacé. Cette fille qu'elle avait si souvent vu à la cafétéria. Lycéenne comme elle, mais jamais croisé en classe. La brune ne l'avait remarqué qu'au cours de l'année. Probablement parce que Shawn n'était plus là pour la distraire à l'heure du déjeuner. Elle ne savait pourquoi, un mystère entourait cette fille. Ses traits glissaient tellement bien sous la pointe de son crayon lorsqu'elle la dessinait. Elle avait le regard triste, mais le contour des lèvres rieur. Bien différente des pom-pom girls en jupette ou des chouettes à lunettes du club de science. Souvent seule, noyée dans la masse, alors qu'Angela ne voyait qu'elle. La clochette finit à nouveau pas retentir derrière elle et son collègue s'avança pour attraper l'assiette de frites et burger premium destinés à la table 7. Celle de la fille. « Je m'en charge ! » le coupa Angela, s'emparant de l'assiette qu'il tenait déjà en main. Elle lui arracha celle-ci sans ménagement. Un grand sourire pour faire passer la pilule, elle s'attrapa également le grand verre de soda préparé, auquel elle ajouta une touillette fluo ornée d'un petit palmier et habituellement réservée à embellir les cocktails ou les milkshakes. Son regard se tourna alors en direction de la rouquine perdue dans ses pensées. Son cœur se mit à battre à tout rompre. Du calme, Angy. « Un grand coca et un burger premium » annonça-t-elle en arrivant devant la table 7. Les mains presque tremblantes lorsqu'elle croisa le regard bleu de la fille, elle déposa sa commande sur la table blanche. Son walkman attira instantanément son œil. « T'écoutes quoi ? » demanda-t-elle en désignant l'objet du menton. La K7 qui tournait en boucle en ce moment à la maison, c'était Every Breath You Take du groupe The Police. Sa mère avait le béguin pour le chanteur principal. Angela aimait beaucoup la douceur de sa voix, même si elle ne raffolait pas des chansons d'amour. « Pardon, je... t'es pas obligée de répondre. Désolée... » qu'elle bafouilla en agitant les mains devant elle. De quoi elle se mêlait après tout ? La rouquine ne devait même pas savoir qu'elles fréquentaient le même lycée. Peu de chance qu'elle l'ait également remarqué. « Hum...je sais pas si mon collègue t'a dit. Si tu rajoutes un dollar, tu as le droit à une part de tarte. Il nous en reste plein, on doit les écouler avant la fin du service. Celle aux myrtilles, elle est plutôt pas mal » reprit Angela, les mains glissées à l'intérieur de son tablier pour dissimuler sa nervosité.

Il ne se passa qu’un bref moment entre sa commande et l’arrivée de celle-ci à la table de June. L’histoire de quelques minutes tout au plus, la même musique qu’à son entrée venant s’achever dans ses oreilles alors qu’Angela annonçait son plateau. Elle releva ses yeux clairs vers la jeune femme, avant de les baisser vers son verre. Pourquoi y avait-t-il une touillette dedans ? La question surgit dans son esprit comme une absurde preuve de l’étrangeté de ce monde, faisant naitre un sourire qu’elle ne sût refréner sur ses lèvres. Cela juste après l’interrogation de son interlocutrice, la faisant aussitôt sentir dans l’obligation de se justifier, de ne pas donner l’impression de se moquer de cette gentille serveuse. D’ailleurs, ne l’avait-elle pas déjà croisée quelque part ? Son visage lui donnait l’impression qu’elle l’avait vue auparavant, mais aucun souvenir ne daignait ressurgir à elle.

« - Oh ! Non, non, ne t’en fais pas ahah, c’est gentil de s’intéresser à tes clients je trouve même ! J’écoute Don’t stop believin, tu as déjà écouté ? J’aime beaucoup, ça redonne un peu d’énergie dans les coups de mou.

Demanda-t-elle en supposant la réponse positive, mais ne voulant pas commettre une nouvelle bourde, ne pas enfoncer cette inconnue dans l’embarras. Celle-ci semblait en plus être déjà suffisamment stressé, pour une raison inconnue à June Elle écouta ensuite le conseil donnée par cette-dernière en jouant lascivement avec la touillette de son verre, son regard dessus, s’interrogeant. Voulait-elle d’une tarte, était-ce raisonnable, financièrement et pour sa ligne ? Elle se perdit un court instant dans ces nouvelles pensées, bien que le terme plus correct à employer aurait certainement été celui de se réfugier. Mais la présence d’Angela finit rapidement par revenir à son esprit.

- Euh, oui ! Oui, pardon, je-je ne dois pas être dans mon assiette ce soir, je n’arrête pas de me perdre dans mes pensées ahah !

Répondit-elle en relevant le regard de son plateau, le plongeant dans celui de la jeune femme, non sans un petit sourire gênée. C’était désormais quasiment sûre, elle allait désormais être perçue comme la rousse lunatique pour les travailleurs présents ce soir-là dans ce diner dans lequel la moitié au moins de Hawkins se rendaient, une fois par semaine. Comme s’il lui fallait cela de plus dans cette journée infernale !

- Et donc oui, je veux bien celle aux myrtilles, je suis sûre qu’elle sera bonne si tu le dis !

Reprit-elle après avoir réalisée qu’elle n’avait même pas répondue à la proposition de l’employée quand à un possible dessert, peu cher de surcroit. Elle offrit un sourire plein de bonté à son interlocutrice, s’imaginant qu’elle était certainement fatiguée, et qu’elle ne rêvait plus que de rentrer dormir chez elle. Peut-être était-cela d’ailleurs, la raison de son comportement semblant anxieux ? En tout cas, la jeune rousse espérait que son comportement réussirait à mettre un peu de baume au cœur de cette charmante inconnue, à défaut de réussir à ressentir elle-même un peu de joie aujourd’hui. Elle extirpa son portefeuille de son pantalon, attrapant quelques billets pour les tendre à Angela.

- Je crois, et j’espère même, qu’il y a un peu plus que ce que je te dois ! Est-ce que tu peux le prendre en pourboire ? Je veux dire… J’ai l’impression que c’est toujours différent partout le système de pourboires. Ca pourrait te permettre de t’offrir une cassette d’un bon groupe, j’ai l’impression que t’a de bons goûts ! »

Plaisanta-t-elle tendrement, continuant à penser que faire un peu plaisir à son prochain lui permettrait éventuellement d’apaiser un minimum la souffrance qui s’était à nouveau plantée dans son cœur ce soir-là.

La rouquine fixait la touillette en plastique glissée à l'intérieur de son verre, comme on fixe un insecte au milieu d'une salade. Intrus perdu au milieu de cet océan sucré. Le visage d'Angela se contrit en voyant l'interrogation figer les traits de la fille. Heureusement pour elle, la rouquine esquissa rapidement un sourire amusé. La serveuse expira franchement et relâcha ses muscles. « Journey ! Bon choix » approuva Angela en hochant la tête. Ce n'était pas son groupe préféré, mais ce titre était diablement efficace et pêchu. Parfait pour hurler dans la voiture sur le trajet des vacances. « Le jukebox est cassé depuis deux semaines. C'était sympa de travailler avec la musique, mais deux abrutis de l'équipe des Tigers de Hawkins ont mis des coups de pied dedans et l'on dézingué » râla-t-elle en montrant l'appareil situé au bout du comptoir. Celui-ci avait l'ampli de cassé. Ses tuyaux fluo ne clignotaient plus. On aurait dit une insignifiante boîte de conserve.

« Parfait. Je t'apporte ça ! » s'exclama Angela dans un petit sautillement, avant de tourner les talons. De nouveau, elle s'appliqua à servir une part de tarte aux myrtilles en accompagnant celle-ci d'une généreuse cuillère de crème fouettée coiffée sur le dessus. Elle prit la plus grosse de toutes. Sachant que celles qui ne seraient pas commandées allaient fatalement terminer leur vie dans les ordures, autant en faire profiter aux clients gourmands. Elle apporta donc la part à la rouquine, puis la laissa manger tranquillement. La serveuse eut le temps de débarrasser et nettoyer tables et comptoir pendant qu'elle dégustait le dessert. Angela était hypnotisée par ses yeux bleus et se forçait à détourner le regard pour rester connecter à la réalité. La dernière bouchée avalée, elle revînt vers elle la poitrine toujours en feu. Une première étape était franchie, celle du premier contact. Un échange – laborieux – sans artifice. Le plus impersonnel qui soit. C'est ce qu'elle crut, jusqu'à ce que la rouquine décide de lui laisser un pourboire dans l'optique qu'elle s'achète une K7 à mettre dans son walkman.

« Merci » répondit-elle, gênée de prime abord. Elle compta rapidement la monnaie dans sa main pour se rendre compte qu'il y avait effectivement quelques dollars de plus. Foncièrement peu pour acheter une cassette audio, mais de quoi faire un petit complément pour un achat futur. Angela fût bouleversée de cette attention. De quoi affoler davantage les papillons dans son ventre. Elle débarrassa proprement l'assiette de la rouquine, puis alla ranger la monnaie dans la caisse enregistreuse. Elle garda les quelques billets supplémentaires en main, puis observant la fille de loin, elle eût soudain une idée. Ses jambes la portèrent sans qu'elle ait besoin de les commander. « Désolée... T'aurais envie d'aller l'acheter avec moi cette cassette ? Je termine mon service dans vingt minutes » proposa-t-elle, sans bafouiller à son grand étonnement. Elle savait qu'il y avait un magasin de musique pas loin fermant tard. Comme elle était encore mineur, elle ne pouvait pas travailler au-delà d'une certain heure le soir, ce qui faisait qu'elle ne faisait jamais les fermetures. Elle arrivait généralement dans le milieu de l'après-midi pour repartir quand la nuit tombait. « Je m'appelle Angela » reprit-elle en respirant à nouveau.

La jeune femme s’était absentée un moment, le temps de lui récupérer sa tarte nouvellement commandée, laissant à June le temps de jeter un coup d’œil depuis là où elle était assise au jukebox. Elle ne l’avait pas remarquée en arrivant, mais l’information délivrée par Angela à son propos lui donna encore plus d’intérêt que celui déjà plutôt puissant de pouvoir offrir plusieurs musiques aux clients. Il avait été abimé par ces crétins de sportifs, ces « débiles » comme avait dit son interlocutrice. Alors il ne leur suffisait pas de s’en prendre à elle et aux autres élèves qu’ils jugeaient trop étranges pour les laisser tranquille, il fallait maintenant qu’ils s’en prennent aux distributeurs d’arts. La haine qu’elle ressentait pour les figures étudiantes populaires n’en grandit qu’un peu plus avec cette nouvelle donnée en elle. L’objet était désormais bien morne, n’affichait aucune couleur, ressemblait à un objet de décor ramassé au hasard, et posé ici depuis plusieurs années sans qu’on ne se soit demandé à quoi il était bon. June se mit à espérer qu’il serait remplacé, et même que cela soit fait rapidement, pour égayer un peu plus cet endroit. Et puis son dessert arriva, elle paya, offrit un pourboire à sa serveuse, dans l’espoir qu’elle puisse, elle au-moins, pouvoir faire un peu vivre le beau don qu’était la musique, dans ses oreilles. Sur ce dernier échange, elle se releva de la banquette sur elle s’était s’installée et commença à récupérer ses affaires, prête à partir. Néanmoins, elle faisait inconsciemment exprès d’être plus lente que normalement, de prendre son temps, n’ayant aucune envie de regagner son foyer. Elle savait qu’elle pourrait tout à fait tomber sur sa mère, prête à lui piquer une nouvelle crise, tout comme l’inverse, ne pas la voir du tout et ignorer où elle se trouvait. L’un comme l’autre, ses idées lui procuraient une profonde anxiété, une envie d’y échapper encore un peu, de retarder le moment fatidique… une possibilité qui s’offrit finalement à elle dans la personne de sa serveuse, qui se rapprocha à nouveau d’elle au moment où elle allait pousser la porte du diner. Que lui voulait-elle, son supérieur lui avait-il rappelé une quelconque règle concernant les pourboires, avait-elle oubliée quelque chose ? C’étaient les principales causes du rapprochement d’Angela qu’elle estimait raisonnable, expliquant donc par la surprise ressentie lorsqu’elle lui exprima sa requête.

« - Oui !

La réponse surgit d’elle-même, sans un instant de réflexion, dès lors que la jeune femme eut finie de parler. Evidemment, il y avait cette envie d’échapper encore un peu plus à sa mère, mais si elle était honnête avec elle-même, June avouerait qu’il y avait quelque chose d’autre, quelque chose qu’elle n’arriverait même pas à s’expliquer. La présence de son interlocutrice lui plaisait, avec quelque chose de doux, de rassurant. Et pour June qui n’avait pas non plus énormément d’amies, l’idée de passer à côté d’une émotion provoquée par quelqu’un était impossible.

- Enfin, oui, oui, je veux dire, pourquoi pas ! Je n’ai rien à faire après !

Se reprit-elle finalement, en calmant l’excitation qui s’était lue sur son visage à sa première réponse. En plus de ne pas vouloir paraitre trop étrange, elle savait pertinemment ce qui lui arriverait si on la voyait trop excitée à l’idée du passer du temps avec une autre femme.

- Je vais m’installer ici le temps que tu finisses alors ! »

Conclu-t-elle en se déplaçant finalement sur la banquette la plus proche de la porte, un petit sourire gênée, chose rare chez la rouquine, de sa première réaction, laissant Angela s’en aller à la fin de son service, en remettant sur ses oreilles son casque.