I’ve been losing sleep. I’ve been keeping myself awake.
I’ve been wandering the streets for days and days and days…

ft.  @Aaron Mayers

FLASHBACK | JUIN 1984
-Jefferson, Madison, Monroe, Adams…
Assise sur le lit de sa chambre, ses fiches de révisions retournées, Crys révisait avant ses examens de fin d’année. P’tit Jean, son Terreneuve roupillait sur le tapis.
-Jackson… Buren…
Trou de mémoire. Elle ne savait plus qui avait été président ensuite. Elle savait juste qu’elle l’oubliait tout le temps.
-Jefferson, Madison, Monroe, Adams, Jackson. Buren… Buren…
Rien à faire, ça ne venait pas. Crys retourna ses fiches.
-Polk. Putain de Polk!Mais il a rien fait en plus ce Polk! Et je m’en fout des présidents en plus! Et quelle matière de merde!!!
Crys s’emportait de plus en plus, envoyant ses notes à travers sa chambre, éveillant son chien qui cru voir là une opportunité de jouer. Il se hissa sur ses pattes massives, pour ne trouver sa maîtresse que repliée sur ses genoux, le visage dans les mains. Elle avait un coup de fatigue. Le chien couina tristement et alla la toucher de sa truffe pour la réconforter.
-T’as raison P’tit Jean. C’est l’heure de la pause. lui répondit-elle en ébouriffant son épaisse fourure.

Crys descendit de son lit, planifiant déjà dans sa tête 10 minutes de café et 20 minutes de promenade et jeux avant de se remettre au travail. Elle ouvrit la porte de sa chambre et fit quelques pas dans le couloir avant de s’arrêter à deux pas des escaliers. Y avait-il une lampe en panne? Le couloir était plus sombre que d’habitude. Et c’était quoi toutes ces poussières dans l’air? Sa mère allait péter un cable!!!
Crys se retourna vers son chien… qui n’était plus là.
-P’tit Jean?
Inquiète, Crys retourna dans sa chambre, qui elle aussi, était différente. Tout était plus terne, plus froid… L’air avait quelque chose d’humide, de moite, de… malsain.
-Petit Jean? appela-t-elle, la peur commençant à naître dans sa voix.
Son esprit n’arrivait pas à comprendre ce qu’il lui arrivait. C’était une certitude inexplicable, elle n’avait aucun doute quant à ce qui était en train de lui arriver, mais le savait également impossible. Elle ne savait pas comment, mais tout en étant chez elle, Crys ressentait dans le creu de son ventre qu’elle n’était plus au même endroit.
-Maman? Papa?
Personne ne lui répondit. Elle était seule. Mais se sentait pourtant observée. Elle fit le tour de la maison. De la serre de sa mère débordaient des lianes noires aussi étranges que repoussantes. Crys commençait à paniquer. Une idée lui était venue en tête. Si elle ne savait pas comment elle était arrivée là, elle ne savait pas non plus comment rentrer.
-Ouhouh! Quelqu’un? N’importe qui! Est-ce que quelqu’un m’entends?
Ne sachant que faire, Crys s’aventura dans les rues de Cornwallis, terriblement familière, et tout aussi indéniablement méconnaissables.